Ses responsabilités à la tête de la Bibliothèque nationale n’accaparent pas Amine Zaoui au point de l’empêcher de s’adonner à sa passion. Il vient d’éditer chez Barzakh un nouveau roman intitulé “Festin de mensonges”. Selon l’extrait figurant sur le catalogue de Barzakh, le nouveau livre d’Amine Zaoui a tout l’air d’être une autobiographie. Un livre de l’enfance, mais comme pour tout écrivain, l’autobiographie est un prétexte pour évoquer d’autres sujets en rapport avec le contexte de l’époque. C’est aussi une raison pour décrire les membres de sa famille. Amine Zaoui évoque ainsi la mère et la tante Louloua mais aussi le père, un authentique voyageur et un aventurier, qui lui inculquera l’amour des livres de poésie, des romans et de la géographie. C’est la tante Louloua qui éveilla en l’écrivain le sens du rêve, du corps, de la peau et de l’aventure. Le narrateur de “Festin de mensonges” raconte ses souvenirs d’écoliers, lui qui était le meilleur de sa classe, brillant en français et en mathématiques, il ne ratait jamais la première place, il n’aimait pas le dessin, ni les sciences de la vie, ni les longues vacances d’été qui commençaient au début du mois de juin et s’étiraient jusqu’au début du mois d’octobre. “J’avais toujours les meilleures notes en rédaction, que ce soit en français ou en arabe. J’étais né la tête dans les pages de livres et de romans, comme ne cessait de le répéter ma mère et mon oncle. Les élèves me surnommaient le poète de l’école, d’autres m’appelaient Socrate. Ils me jalousaient, me haïssaient, mais cela ne me dérangeait pas. J’étais poète et je rêvais de jouer du luth oriental, j’aimais les mots encore avec leur virginité, séduisant et neuf dans le gros dictionnaire en plusieurs tomes. J’adorais déflorer ces mots. J’adorais aussi la poésie espagnole ; je détestais le sang et le mot “race”, mot effrayant et diabolique”, écrit Amine Zaoui dans son dernier roman tout au long des 216 pages.
Qui est Amine Zaoui ?
Amine Zaoui, né le 25 novembre 1956 à Bab El Assa, Msirda (Tlemcen). Il effectue ses études primaires au Maroc (1956-1972) puis le lycée de Tlemcen suivi de l’université d’Oran d’où il sort diplômé. Il obtient son doctorat d’Etat à Damas et occupe le poste de directeur du Palais des arts et de la culture d’Oran tout en enseignant la littérature. Il devient célèbre grâce à une émission littéraire télévisé, “Aqwas”. En 1995, il bénéficie d’une bourse du Parlement international des écrivains et s’installe avec toute sa famille à Caen. Il y rédige deux récits : “Sommeil de Mimosa” qui raconte la vie sans issue de Mehdi, un croque-mort au poste convoité en ces temps de massacres et “Sonate des loups” le récit de Baker, un écrivain désespéré qui voit tomber un à un ses amis et décide de fuir les atrocités. Ces deux livres se déroulent à Oran, une ville que l’auteur aime plus que toute autre. En 1999, Amine Zaoui publie un autre ouvrage, “La Razzia”, suivi en 2001 de “Haras de femmes” qui se déroule près de la Mecque. Selon Achour Cheurfi, ce livre se présente comme un roman hallucinant d’une famille en pleine déliquescence, “métaphore d’un déchirement entre le passé aimé et la modernité dévastatrice que symbolise la femme, victime expiatoire”. Amine Zaoui est directeur de la Bibliothèque nationale depuis 2002.
Aomar Mohellebi
Biographie
– Wa ya-dji-ou el mawdjou imtidadan (Les vagues comme prolongement), nouvelles, Dauras-Alger, 1981
– Comment le Phénix a traversé la Méditerranée, nouvelles, Dauras 1983
– L’homme, nouvelles, Alger, 1984
– Le hennissement du corps, roman, Dauras, 1985
– Le septième ciel, roman, OPU, Alger, 1994
– Sommeil de Mimosa suivi de Sonate des loups, récits, éd. Le serpent à plume, 1997
– Razzia, roman, Le serpent à plume, 1999
– La Soumission, roman, 2001
– L’odeur de la femelle, Dauras, 2001
– Haras de femmes, roman, 2001