“La loi du 22 février comporte plusieurs insuffisances”

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La lutte contre la corruption, un fléau qui prend des proportions alarmantes aussi bien dans les pays riches que dans ceux du Sud avec des répercussions désastreuses sur les économies nationales, a fait hier l’objet d’un débat sur le plateau de l’émission « En toute franchise » de la radio Chaîne III.

Djillali Hadjadj, porte-parole de l’Association algérienne de lutte contre la corruption, s’est longuement étalé sur la question de la corruption et a présenté une évaluation des instruments de lutte adoptés par notre pays ainsi qu’un état des lieux exhaustif de la situation. En dépit de la ratification par l’Algérie de pas moins de trois conventions internationales portant sur la lutte contre la corruption, y compris celle de l’ONU et l’adoption en février 2006 d’une loi pour la prévention et la lutte contre la corruption, le constat dressé par M.Hadjadj estamer.

Interrogé justement sur cette loi, l’invité de la Chaîne III répliquera que même si elle a le mérite d’exister, elle contient toutefois plusieurs insuffisances et s’inscrit, dans certaines de ces dispositions, en contradiction avec les accords internationaux qu’a paraphés l’Algérie.

Il s’agit notamment du droit à l’accès à l’information auquel le texte ne fait même pas allusion, de l’implication de la société civile, mise à mal par cette loi et essentiellement de la protection des dénonciateurs et des informateurs, qui se trouvent victimes d’intimidations, de licenciements et de harcèlement. Il estimera que le processus tourne le dos aux dispositions de lutte contre la corruption et que l’indépendance de l’Agence nationale créée en vertu de la loi du 20 février et placée sous tutelle du chef de l’Etat ne pourrait être garantie, et par là même, son efficacité sur le terrain ne pourrait atteindre son summum.

Il insistera également sur la nécessité pour les pouvoirs publics de s’ouvrir sur la société civile, maillon très important dans la prévention contre la corruption, d’élargir leur champ d’action, de cesser les blocages et intimidations et de relancer la Cour des comptes qui est gelée à présent, par manque de moyens et d’instruments pour agir.

En ce qui concerne le procès d’El Khalifa qui marque l’actualité nationale depuis le 8 janvier dernier, M.Hadjadj dira que cette affaire qui est révélatrice de l’étendue du désastre et de la situation catastrophique de la Banque d’Algérie et dont le procès est « loin d’être équitable », a tout de même le mérite de poser des questions et beaucoup d’enseignements peuvent en être tirés. Quant à l’extradition de Moumen Khalifa, réfugié en Grande-Bretagne, M.Hadjadj soulignera que des zones d’ombre entourent cette question, et aussi bien la GB qui n’a rien d’une référence en matière de d’autonomie de la justice que le gouvernement algérien avec les déclarations contradictoires de ses représentants, n’augurent de la bonne volonté de mener à bien ce processus d’extradition.

Il proposera à cet effet la coopération judiciaire entre l’Algérie, la France et la GB en se référant à la convention de l’ONU qui leur offrira le cadre idéal pour dénouer cette affaire de grande escroquerie.

H.Hayet

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