Un grand musicien

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Rossini est un musicien italien. Né le 29 février 1792 à Pesaro (Marches), mort le 13 décembre 1868 à Passy (Paris). Son père, trompettiste, jouait dans les orchestres des théâtres où chantait sa femme, le soprano Aima Guidarini. C’est pourquoi l’enfant connut la vie vagabonde et instable des gens de théâtre et ne put bénéficier que d’une instruction hâtive et sommaire. Mais sa famille s’étant établie à Bologne (1801), Hossini reçut une solide éducation musicale (en Bologne) où il termina ses études de violoncelle et de piano, et pendant trois ans, il prit des leçons de contrepoint avec le célèbre Père Mattei (1807-1810). Entre-temps, il acquérait une large expérience des habitudes théâtrales, à titre d’accompagnateur au clavecin, les saisons lyriques où travaillaient ses parents. Comme exercice scolaire, au cours de cette période il composa la cantate intitulée La Plainte d’Harmonie sur la mort d’Orphée, en1808 et pour une famille de chanteurs, un opéra, Démétrius et Polybe, qui pour différentes raisons ne put être donné qu’en 1812, à Ruine. En revanche, le 3 novembre 1810, on avait déjà représenté à Venise son ouvrage comique et léger, La Lettre de change ou Promesse de mariage. L’année suivante, à Bologne, il donna L’Extravagante Equivoque. En 1812 ce compositeur de vingt ans s’affirmait solidement : succès de l’opéra-comique à Venise; médiocre réussite de l’opéra oratorio Cyrus à Babylon. L’occasion fait le larron, opéra-comique, à Venise. Six ouvrages représentés la même année, dont cinq composés au cours de cette même année, donnaient une idée des possibilités créatrices du nouveau génie musical apparu sur la scène lyrique italienne, où les voix des grands auteurs parlent de l’artiste. En 1813, à Venise, après l’échec du Signor Briaschino, qui est pourtant une farce des plus divertissantes, Rossini montra qu’il était aussi un maître de l' »opéra » en triomphant avec une œuvre très originale. Une réussite dont toute l’Italie eut bientôt connaissance. Le succès remporté par son Elisabetta (Naples, 1815) balaya d’un seul coup toutes les méfiances avec lesquelles on attendait son début. Pratiquement, avec cette oeuvre, non seulement il conquit le coeur des Napolitains, mais aussi celui du mezzo-soprano Isabelle Colbran, favorite et tyran de l’imprésario Barbaia. Profitant de la faculté qu’il avait de travailler aussi pour d’autres centres lyriques, Rossini s’intéressa aux théâtres romains : après l’accueil froid réservé à un médiocre a opera seria, Torvaldo et Dorlisk. En 1815, il composa en une vingtaine de jours, sur un livret de Cesare Le Barbier de Séville qui, sifflé le soir de la première (le 20 février1816), se releva triomphalement à la seconde. A Naples, en 1816, le compositeur donna un opéra-comique médiocre, La Gazette, et Othello ou Le More de Venise, qui permit à l’interprétation passionnée de la Colbran, de renouveler l’éclatant succès d’Elisabetta. En 1817, on porta à la scène Cendrillon, à Rome, et La Pie voleuse à Milan, tandis que Rossini réservait à Naples. A Rome encore, échec mérité de la hâtive Adélaïde de Bourgogne. Peut-être Rossini rassemblait-il déjà ses forces pour l’important ouvrage qu’il fit représenter l’année suivante à Naples, Moise, qu’on accueillit avec enthousiasme et qui fonda un genre d’opéra à grand déploiement choral, à sujet et cadre religieux, qui devait se prolonger en Italie jusqu’au Nabucco et aux Lombards de Verdi. A Naples également, le médiocre Ricriardo et Zoraide (1818) ne connut pas moins de succès, ainsi qu’Edouard et Caroline à Venise (1819). Continuellement ce chemin entre Venise et Naples, Rome et Milan, Rossini donna tantôt des ouvrages intéressants comme La Dame du lac (Naples, 1819), tantôt des ouvrages ternes comme Bianca et Faliero (Milan, 1819). Son Mahomet II, (Naples, 1820) fut une nouvelle tentative (le mélodrame) d’une conception grandiose analogue à celle du Moïse, tandis que la Mathilde de Shabran (Rome, 1821) semble continuer à exploiter la veine de romantisme psychologique apparue de manière inopinée chez Rossini dans La Dame du lac. Zelmira est la dernière oeuvre écrite par Rossini pour Naples (1821), et son succès se renouvela bientôt dans les principales cilles d’Italie et à Vienne (1823), où Rossini se rendit après avoir épousé Isabelle Colbran le 15 mars 1822 à Bologne. A Vienne aussi, Rossini conquit les habitants tant par son art que par son aimable jovialité d’homme du monde. Il fit une visite à Beethoven et fut douloureusement frappé – lui qui était habitué à une vie joyeuse et luxueuse – par la misère dans laquelle travaillait ce génie. De retour à Bologne, il reçut la consécration officielle de sa renommée européenne avec l’invitation qu’on lui adressa pour qu’il agrémentât de musique le Congrès des lutions, à Vérone (décembre 1822) : c’est ainsi que naquirent les quatre cantates : Le Vrai hommage, L’Heureux augure, La Sacrée alliance, Le Borde. L’art de Rossini s’associait ainsi matériellement à cette réaction anti-napoléonienne dont il incarnait même quelques aspects profonds, principalement cette nostalgie de la belle époque. C’est Venise qui accueillit la dernière œuvre italienne de Rossini, comme elle avait d’ailleurs accueilli la première, Sémiramis (1823), nouvel essai dans le genre historique et imposant du Moïse. En octobre 1823, Rossini et sa femme partirent pour Londres, où ils arrivèrent en décembre après avoir passé un mois à Paris. Au cours du premier semestre de 1824, à Londres, eut lieu une sorte de festival Rossini : on représenta huit de ses ouvrages; Rossini et sa femme furent reçus par le roi George IV et assistèrent à un déploiement interminable de fêtes, de banquets, de concerts et de réceptions. Le compositeur ne trouva de temps que pour écrire une bonne cantate, La Plainte (les Muses à la mort de Lord Byron). Rentré de Londres en possession d’une jolie fortune, Rossini s’établit à Paris en qualité de directeur de la musique et de la scène au Théâtre italien. En 1825, il y fit représenter une petite œuvre de circonstance, Le Voyage à Reims, pour le couronnement de Charles X, puis il s’occupa de transformer pour la scène, et conformément aux habitudes de l’Opéra, quelques-unes de ses oeuvres les plus célèbres, en les traduisant en français : en 1827 son Moïse, enrichi de beaucoup de musique nouvelle, et l’année suivante, en utilisant de larges extraits de la fameuse musique à Reims, il donna sa première oeuvre française originale : Le Comte Orry. Cependant la grande épreuve qu’on attendait à cet impatience, étant donné sa position lourde de responsabilités, Rossini l’affronta l’année suivante : Guillaume Tell (Paris, 1829) fut une grande victoire, et surtout une grande surprise pour ceux (lui pensaient que Rossini était un artiste fini et principalement le représentant d’une époque dépassée. Avec Guillaume Tell, Rossini prend place dans ce tumultueux univers romantique qu’il avait semblé ignorer : des artistes nouveaux et modernes comme Berlioz, qui avaient toujours vu Rossini, le symbole de la réaction artistique, durent se rétracter. Toutefois, après cette victoire qui semblait lui ouvrir un nouvel avenir artistique, Rossini mit inopinément un terme à sa carrière théâtrale : pendant les trente-neuf années qui lui restaient à vivre, il se borna à jeter sur le papier quelques brèves pages humoristiques pour piano – les Soirées musicales (1835) et quelques autres que l’on commence à présent à publier, et à ciseler avec un calme et un soin de la vie agitée d’un compositeur d’opéras ne lui avait jamais permis deux chefs-d’œuvre de musique sacrée: le Stabat (paris, 1842) et la Petite Messe solennelle (Paria, 1864). On a essayé à maintes reprises d’expliquer ce grand silence : il est certain que l’état de santé de Rossini, qui souffrait d’angoisses nerveuses et d’autres désordres plus prosaïques dus à la vie désordonnée qu’il avait menée dans sa jeunesse, y est pour quelque chose, mais c’est surtout la très nette sensation que Rossini avait des changements survenus dans le monde tant politique qu’artistique et culturel qui dut jouer. Une intuition géniale lui avait permis d’écrire Guillaume Tell et de se placer ainsi en tête des nouvelles forces artistiques du romantisme, niais ce n’était pas là son inclination profonde, et il vécut tout le reste de son existence en désaccord avec le monde et son nouveau cours, manifestant ce désaccord par un comportement burlesque de réactionnaire, et accentuant malicieusement sa position « d’homme dépassé ». De 1829 à 1836 il demeura principalement à Paris. Contrarié par des ennuis financiers, les procès avec les imprésarios et les éditeurs, préoccupé de, se faire reconnaître par le nouveau gouvernement de la Monarchie de Juillet la pension que lui avaient accordée les Bourbons, il s’était, pendant ce temps, pratiquement séparé de la capricieuse Isabelle Colbran qui était alors à Bologne. Et en 1832, à l’occasion d’une grave maladie Pélissier entra dans son existence; c’était une femme mûre et plaisante, au passé quelque peu trouble, laquelle à partir de ce moment le soigna maternellement il l’épousa en 1816. Après la mort de la Colbran en 1838 il s’installa à Bologne où on le nomma conseiller honoraire au « Licco Musical ». Des désagréables malentendus avec des patriotes le contraignirent à partir précipitamment pour Florence, où il habita jusqu’en 1835, dans un très mauvais état de santé. Il retrouva bonne humeur, finesse et lucidité d’esprit dans la dernière période de son existence. Il trônait et débitait des mots d’esprit et des répliques sarcastiques, tout en s’intéressant curieusement aux nouvelles tendances de Part musical. Aujourd’hui, plusieurs siècles après sa mort, son pays natal, l’Italie lui rend un grand hommage en propageant ses travaux artistiques. Les pays qui se respectent gardent toujours dans leur mémoire les femmes et les hommes qui ont marqué leur temps.

Y. Ch

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