Six morts et près de vingt blessés

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Une série d’attentats à la bombe a touché, hier à l’aube, plusieurs localités des wilayas de Tizi-Ouzou et de Boumerdès. Les auteurs de ces actes terroristes ont ciblé deux commissariats de police et quatre brigades de la Gendarmerie nationale.

On dénombre officiellement six morts et près d’une vingtaine de blessés parmi les services de sécurité, des civils ont été également touchés lors des déflagrations.

Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, se sont le commissariat de police de Mekla et le siège de la brigade mobile de la Police judiciaire (BMPJ) de Draâ Ben-Khedda qui ont été ciblés. La brigade de la gendarmerie de Boubhir, dans la commune d’Illoula a été épargnée. On évoque une panne qui aurait immobilisé la voiture bourrée d’explosifs à quelques mètres du siège de la gendarmerie.

La wilaya de Boumerdès a connu également une série de trois attentas ayant ciblé le commissariat de police du chef-lieu de wilaya et les sièges de la brigade de la Gendarmerie nationale de Si Mustapha, sur la RN 12, et celle de la commune de Souk El Had, située à 4 km sur les hauteurs de Si- Mustapha. Toutes ces attaques ont été perpétrées à la même heure, soit aux environs de 4h 30 du matin, provoquant une onde de choc extraordinaire. Les déflagrations ont été entendues à des centaines de kilomètres à la ronde, laissant certains citoyens penser à un tremblement de terre.

Des scènes apocalyptiques

Les lieux qui ont été le plus touchés sont incontestablement le siège de la Gendarmerie nationale de Si-Mustapha et le commissariat de Mekla. La force des explosions a provoqué des scènes apocalyptiques. Les deux bâtiments ont été littéralement pulvérisés. A Si-Mustapha, le siège de la gendarmerie a subi des dégâts très importants à tel point que la façade principale du siège constitué de deux étages a été complètement éventrée, les murs et mobiliers se trouvant à l’intérieur n’ont pas été épargnés par la force du souffle.

Le bâtiment ou ce qui en reste, offrait l’image d’un édifice en ruines. Aucun bilan n’a été livré sur cet attentat. Les services combinés, constitués de gendarmes, militaires et policiers, qui étaient présents en force sur les lieux, étaient sur des nerfs. Les représentants de la presse nationale ont été tenus à l’écart et parfois même malmenés par les gendarmes, visiblement choqués.

En face du siège ciblé, des maisons et magasins ont subi pratiquement le même sort. L’onde du choc a été telle que même les maisons et les sièges de la mairie de la ville ainsi que le siège de la poste, ont subi des dégâts considérables : des toitures arrachées et des murs soufflés. On dénombre quatre morts à Si-Mustapha. Selon les témoignages d’un jeune garçon exerçant dans le café qui fait face à la brigade de la gendarmerie, tout est arrivé si vite qu’il a eu du mal à se rendre compte qu’il s’agissait d’un attentat à la voiture piégée.

“Il était 4h 30 environ. Deux clients entrent à l’intérieur du café et prennent place à cette table, il nous montre de la table qui n’était plus à sa place en raison du souffle de l’explosion. Avant que je les serve, je suis sorti sur la terrasse, il n’y avait personne dehors, je n’ai vu ni voiture en stationnement ni aucun véhicule sur la voie. A peine retourné au comptoir, qu’une forte explosion a retenti de, je ne sais où, et la toiture du café s’est effondrée sur têtes” témoigne le jeune d’à peine 20 ans.

Celui-ci poursuit son récit à propos de la voiture, une Renault Express, entièrement calcinée. “Je ne peux pas être former la-dessus, ce que je sais, c’est cette voiture, qui prenait la direction d’Alger, a été éjectée de sa trajectoire, par la force du souffle. Au moment où nous nous apprêtions à fuir le café, moi et les deux clients, la voiture, au bord de laquelle se trouvaient quatre à cinq personnes, avait déjà pris feu. Tous ses occupants ont été carbonisés. Il nous a été impossible de voir s’il y avait parmi eux des femmes”.

Un autre riverain, dont la maison a été entièrement détruite par la forte déflagration dira que ses deux filles, qui dormaient dans la chambre faisant face à la brigade, l’ont échappé belle. “Nous étions plongés dans un sommeil profond quant un bruit assourdissant nous a fait bondir de nos lits. A cet instant nous avons pensé à un séisme. Une de mes filles a eu les pieds coincés sous les débris du mur de la façade qui s’est effondré”, dira-t-il encore sous le choc.

Dans le centre-ville de Si Mustapha, les gens avaient des mines tragiques. Ils étaient comme emportés par le choc et la psychose des attentaes à se rétablir les rideaux de leurs magasins, situés pourtant à des dizaines de mètres du lieu de l’attentat et qui ont subi d’importants dégât.

Mekla, ville sous le choc

Même scène apocalyptique à Mekla. Le commissariat de cette petite ville de la wilaya de Tizi-Ouzou, a été aussi ciblé par un attentat à la voiture piégée. Deux jeunes policiers y trouveront la mort. Leurs corps ont été entièrement déchiquetés par l’explosion. Ces deux agents étaient de garde. Ils avaient aperçu.

la voiture suspecte garée quelques secondes plutôt au mur d’enceinte du commissariat.Puis ils avaient tenté d’intervenir pour s’enquérir du véhicule qui a explosé avant même de l’attendre, témoigne un policier non sans peine, qui était également de garde cette matinée d’hier. Le moteur de la voiture a été éjecté à plusieurs dizaine de mètres, ce qui dénote de la forte explosion. Un policier s’y trouvant à l’intérieur a été légèrement blessé. Le siège a subi des dégâts très importants su tous les étages au nombre de quatre. Les murs ont été complètement éventrés. Les maisons et magasins se trouvant à la ronde ont également été endommagés: murs lézardés, toits et rideaux arrachés.

A Draâ Ben Khedda, les dégâts étaient moins importants que ceux enregistrés à Mekla ou à Si Mustapha. L’engin explosif a été disséminé sur le bas côté de la route nationale.Il aurait été déposé à même le sol, puisque aucune trace de pièce ou de carcasse de véhicule n’était visible. Les policiers étaient confinés dans un silence radio, donc impossible de dénicher la moindre informations sur le type de bombe utilisé par les terroristes.

Mais l’on a tenu, après insistance, à nous informer que l’explosion n’a provoqué que des dégâts matériels, visibles en sommes sur les façades donnant sur l’autoroute et quelques blessés légers.

La nervosité des policiers a atteint son paroxysme au moment où nous insistant pour nous informer sur d’autres détails de l’attentat. Quant aux éléments utilisés dans la fabrication de l’engin explosif, les débris éparpillés sur plusieurs dizaines de mètres à la ronde, retrouvés sur la chaussée, démontrent que les auteurs de cette bombe ont utilisé du plomb et des projectiles en fer, vraisemblablement pour faire le maximum de victimes.

Echec à Boubhir et bombe désamorcée à Tigzirt

Le bilan des attentats aurait été plus lourd si les deux engins de la mort destinés à Boubhir dans la commune d’Illoula et à Tigzirt dont on ignore la cible avaient fonctionnés

Ainsi, les commanditaires de ces attentats qui ont minutieusement préparé leur coup, en témoigne l’horaire unique durant lequel les explosions ont eu lieu, ont néanmoins raté deux cibles. Il s’agit de la brigade de la gendarmerie de Boubhir qui a ainsi échappé à un attentat en raison selon toute vraisemblance à une panne de moteur qui aurait affecté la voiture-bombe.

Selon des témoins, les auteurs de cet attentat manqué contre la brigade d’Illoula, ont dû abandonner leur véhicule à moins de cinq cent mètres de leur objectif pour des raisons non encore divulguées.

Constant la présence d’une voiture suspecte depuis l’aube, et probablement suite aux informations qui leur sont parvenues au sujet des autres attentats non manqués, les gendarmes appuyés par des éléments de l’ANP, ont tenté de s’approcher du véhicule et de désamorcer la bombe. Nos témoins racontent que les militaires n’avaient pas le temps pour s’approcher de la voiture avant que celle-ci n’explose aux environs de 10h.

Un citoyen qui se trouvait sur les lieux a été grièvement atteint au crâne par des débris. Il sera admis à l’hôpital d’Azazga qui l’avait transféré au CHU de Tizi Ouzou vu la gravité de ses blessures, nous a-t-on dit.

Pour ce qui est de l’attentat qui aurait ciblé la ville côtière de Tigzirt, des sources parlent d’une voiture bourrée d’explosifs qui a été abandonnée pour des raisons qu’on ignore encore, avant d’être désamorcée par les agents de déminage.

M.A.T.

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