Les audiences du procès de l’affaire Khalifa ont repris, hier, avec l’audition de Abdallâh Boulefrad, directeur général, gestionnaire de l’entreprise nationale de production de la bière à Oran, accusé de corruption, abus d’influence et perception d’avantages illicites. Boulefrad dira qu’il avait entendu que la banque Khalifa offrait des taux d’intérêt avantageux. Selon lui, sa société avait fait un dépôt de l’ordre de 310 millions de DA perdus ainsi que les 16 millions DA d’intérêt. La juge, Mme Fatiha Brahimi, l’interroge au sujet des commissions de 16 000 DA, 150 000 DA puis deux fois 10 000 DA découlant des dépôts des avoirs. L’accusé répond que c’était à la Gendarmerie nationale qu’il avait pris connaissance. Boulefrad dit qu’il en avait entrepris des démarches pour récupérer son argent, en vain. L’accusé dit avoir bénéficié d’une carte de gratuité en tant que DG de l’entreprise sur la base de sa fidélité. L’inculpé répond qu’il ne peut s’exprimer pour les autres. “Vous ne pouvez expliquer cela». Le tribunal cite à la barre, Hamid Thabet, chef de service marketing dans la société de bière d’Oran. La juge lui demande des explications concernant des écritures comptables de 100 000 DA qu’il aurait perçus. L’accusé : «je n‘avais rien reçu». Il affirme n’avoir rien touché comme avantages. Mohamed Abbés Tlemçani, directeur de l’Agence foncière locale de Aïn Temouchent, est cité devant la barre pour corruption, abus d’influence et perception d’avantages illicites. Il estime que Hakim Guers s’est présenté à l’agence pour proposer des taux d’intérêts substantiels et un projet de convention. Selon lui, le taux de placement était de 9.5%. L’inculpé indique qu’il n’a pu récupérer la somme de 11 milliards de centimes, y compris les intérêts. La juge l’interroge au sujet de la commission de 150 millions de centimes. L’accusé nie avoir reçu cette somme. Mme Brahimi appelle pour la seconde fois Hakim Guers, directeur de l’agence d’Oran. D’une voix exaspérée, elle lui demande comment expliquer que l’article 7 de la convention, stipule que le taux d’intérêt a été arrêté à 9% et que l’article 8 stipule que le taux d’intérêt ne peu- être modifié alors qu’un autre document faisait référence au taux de 11%. Acculé par les questions de la juge, Guers n’apporte pas de réponse. La juge revient à la charge avec la même hargne : «où sont passés les 2 % ?» Guers répond qu’il envoie les EES avec les fonds vers la caisse principale. Il ne cesse de dire qu’il n’avait signé qu’après l’accord de Baichi Fawzi. Appelé, Akli Youcef nié avoir reçu des EES avec les fonds, encore moins avoir reçu quoi que ce soit de Baichi. Khdaoudj Saliha Belhachemi, P.DG du Centre d’études de construction et d’urbanisme a comparu devant la cour pour corruption, abus d’influence et perception d’avantages illicites. L’inculpée révèle que le montant du placement était de 229 millions DA. Une somme qu’elle n’a pu récupéré. La magistrate lui demande d’expliquer les écritures comptables de 1.85 millions DA. L’accusée récuse avoir touché de telles commissions. Elle estime le montant des pertes du Centre d’études à 24 milliards de centimes y compris les intérêts.Invité à donner son avis technique, Foufa, expert judiciaire, a souligné que les 32 EES établies par l’agence d’Oran «justifient des décaissements en espèces» et ne peuvent être considérées de commissions avant d’indiquer toutefois que ces EES ont été établies pour «justifier un libellé fantaisiste». Hamid Bennameur, directeur de la Commission nationale des œuvres sociales des travailleurs de l’éducation nationale affirme qu’il effectué le placement de 500 millions DA pour un taux de 12% auprès de l’agence d’El Harrach. Il dit avoir reçu une carte de gratuité et une carte Mastercard. Mme Brahimi lui fait ramarquer qu’il ne pouvait prétendre à une telle carte puisque son compte n’était pas alimenté. Pour sa part, Mohamed Tchoulak, président de la Mutuelle générale des travailleurs de PTT avoue qu’une caisse rattachée à la Mutuelle a fait un dépôt de 8 milliards de centimes pour un taux de 12% sur une période de 10 ans. L’accusé dit que la Mutuelle avoir bénéficié d’une voiture Toyota Echo comme un «don» avant de se retracter pour dire que c’était une «mesure d’accompagnement».
Hocine Lamriben