20 ans de prison pour “l’homme à la gâchette facile”

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Le ton neutre de l’accusé qui ne trahit aucune émotion, ses antécédents dans le crime, les précisions du témoin principal ajoutées à une attitude pour le moins froide, presque mécanique, restituent le cadre des débats de la première séance de la session criminelle du tribunal de Bgayet qui a pu enfin siéger au complet, jurés compris. H. H., ex-émigré n’en est pas à son premier assassinat puisqu’il a abattu en France un ressortissant pakistanais, qui aurait tenu à son encontre des propos xénophobes, et a blessé grièvement le compagnon du défunt. Obéissant à une logique absurde qui soutient que “qui a tué, tuera”, H. H., 63 ans, à l’époque des faits, armé d’un fusil de chasse et de 17 cartouches, excusez du peu, un arsenal impressionnant, se trouvait, dans l’après-midi du 25 octobre 2004 dans son champ à Aït Aïssa, pour, dit-il, arroser ses légumes.L’eau, ce bien précieux collectif passe par la parcelle d’un de ses lointains cousins H. A., 59 ans, de qui il aurait sollicité l’ouverture d’un accès pour faire bénéficier à son tour ses plants de cet apport, ô combien utile en été. La suite est floue, tant les versions sont contradictoires. Une chose est sûre : le ton est monté très vite. H. H. armé jusqu’aux dents a usé de son arme, atteignant H. A., le cousin au cou, à bout portant et blessant en se servant de la crosse de l’arme qu’il détient en toute illégalité comme d’une massue, le jeune H. F., 19 ans. Une histoire d’eau qui se termine dans un bain de sang.La partie civile s’est évertuée, tout au long de son intervention à enfoncer l’accusé, usant de rappels peu flatteurs en rapport avec le passé de l’accusé, lui dénuant toute circonstance atténuante en mettant en évidence la préméditation.L’avocat général a largement repris la thèse de la partie civile, établissant adroitement une connexion entre les faits têtus, implacables et la préméditation. Selon lui H. H. s’est rendu à son champ avec l’intention de tuer, sinon ajoute-t-il, “pourquoi avoir tiré à bout portant et pourquoi s’être muni d’un mini-arsenal pour irriguer un champ ?” Et de balayer du revers de la main la thèse de la légitime défense, avant de requérir à encontre de “l’homme à la gâchette facile” la réclusion criminelle à perpétuité.Quant au défenseur du mis en cause, ses propos n’avaient d’autres buts que d’exclure la préméditation et d’établir la légitime défense.Après délibérations, l’accusé a été condamné sur le plan pénal à 20 ans de prison et sur le plan civil à payer aux ayants-droit de la victime H. A., les sommes de 160 000 DA à la veuve, 100 000 DA à son enfant mineur, 40 000 DA à chacun des autres enfants, (ils sont 10) et enfin 10 000 DA de dommages et intérêts à H. F. blessé lors de la sanglante rixe d’octobre 2004. Verdict accueilli froidement par l’accusé qui n’a, fait notable, à aucun moment du procès, exprimé le moindre regret !Rappelons qu’il dispose d’un délai légal de 8 jours pour se pourvoir en cassation.

Mustapha R.

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