Les chantiers de la culture

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Après avoir été pendant des décennies marginalisé, oublié et jeté aux orties par ceux-là mêmes qui sont en charge de sa promotion. Le secteur de la culture semble enfin regagner peu à peu les faveurs des pouvoirs publics. Ces derniers, en effet, à entendre les responsables locaux, commencent à délier les cordons de la bourse des crédits de rénovation et d’aménagement des édifices culturels.

C’est ainsi que le TRB qui est un bijou architectural conçu et réalisé en 1936, c’est-à-dire à l’époque où Béjaïa n’était qu’un gros village et qui n’a bénéficié depuis sa construction d’aucune opération de conservation digne d’être signalée vient d’obtenir, selon son directeur, M. Omar Fettmouche, du ministère de la Culture, des crédits conséquents et avec promesse de rallonge pour sa rénovation et l’acquisition des équipements.

Concernant le lancement des travaux, si ceux de la réfection de l’étanchéité sont en phase finale, les autres lots par contre, ceux qui constituent le gros de l’enveloppe, accusent un léger retard qui serait dû, selon le directeur du TRB, à l’intitulé inexact des crédits. Mais avec l’aval de la DPAT (Direction du plan et de l’aménagement du territoire), l’intitulé “Equipements du TRB” a été corrigé en “Rénovation et équipements du TRB”. Cette modification permettra le lancement effectif des travaux. Les avis d’appel d’offres sont lancés et le maître de l’œuvre, explique M. Omar Fettmouche, est en attentes de proposition des entrepreneurs. Les travaux de gros œuvres à réaliser concernent le mur de soutènement, la réfection du hall central et les toilettes. La grande salle sera entièrement refaite aussi bien en ce qui concerne la siégerie et la moquette que l’habillage des murs. L’éclairage et la sonorisation seront aussi remis à neuf. Le TRB sera également doté d’un studio d’enregistrement et d’une bibliothèque dont plusieurs rayons seront réservés aux livres écrits sur le théâtre.

L’autre chantier culturel qui sera incessamment lancé concerne la salle de la cinémathèque construire dans les années 40, cette belle salle qui se trouve sous la place du 1e- Novembre et qui a une vue imprenable sur le port, la rade et la chaîne des Babors, c’est la première fois que les responsables de la culture daignent enfin se pencher sur son sort.

Elle est dans un état de dégradation avancé. En plus du bruit de fond très désagréable qui dérange lors des projections de films et l’absence de distraction qui fait transpirer les spectateurs à grosses gouttes en été, la salle est aussi rendu infréquentable par les moisissures du plafond et des murs qui dégagent une odeur irrespirable.

“La salle a atteint ses limites en matière de fonctionnement”, indique

M. Hamlaoui, directeur de la cinémathèque, qui ajoute que la siègerie refaite en 1996 en skay, matière inflammable, ne répond plus aux normes de sécurité. Quant à l’équipement qui date des années 70, il prive les spectateurs de la bonne qualité du son et de l’image. Pourtant, continue M. Hamlaoui dans sa lancée, la salle a donné beaucoup de choses pour le cinéma, elle représente la culture cinématographique de la wilaya et elle porte l’empreinte de la majorité des réalisateurs algériens qui ont eu à y présenter leurs films.

La rénovation de la salle sollicitée à chaque événement cinématographique de la wilaya, arrive à point nommé, souligne encore le directeur, pour offrir aux jeunes un espace cinématographique à la hauteur de leur espérance.

La rénovation concernera le siège et l’habillage de la salle, la climatisation et la réfection des sanitaires ainsi que le renouvellement complet de l’équipement de projection. Le projet de rénovation englobe également l’aménagement d’un centre de documentation avec tous les équipements nécessaires.

Le troisième projet culturel qui a retenu l’attention des responsables du ministère de la Culture est, après avoir été à maintes reprises renvoyé aux calendes grecques, la transformation de l’ex-Palais de justice en annexe de l’Ecole supérieure des beaux-arts.

Ce chef-d’œuvre de l’architecture de l’époque coloniale, situé sur le front de mer qui est le meilleur endroit de la ville, après que le ministère de la Justice de la Défense nationale s’en sont successivement dessaisis, est resté longtemps en jachère. Et pendant ce temps, alors que les autorités locales en mesure d’apporter un plus à la culture se disputaient la succession de l’édifice pour en faire qui son siège, qui son annexe, les ronces et autres plantes folles envahissaient insidieusement le perron de l’ex-meilleur édifice de Béjaïa. Les toits sont littéralement défoncés, on aurait dit qu’une pluie de foudres ou d’obus du siècle dernier leur soit tombé dessus. Les fils électriques ont disparu, les canalisations ont été arrachées et tordues, bref en matière de saccage, les vandales n’auraient pas fait mieux.

C’est sur ces décombres que le ministère de la Culture projette de réaliser la future annexe de l’Ecole supérieure des beaux-arts. Pour le moment, précise le directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa, M. Benmessaoud, on est encore à solliciter le CTC (Contrôle technique des constructions) pour expertise des lieux et études des travaux de gros œuvres. Quant à l’équipement, il constituera un autre volet du projet.

Le directeur de la culture précise cependant que le projet d’annexe de l’école supérieure des beaux-arts prévoit trois niveaux : un sous-sol qui comprendra entre autres quatre ateliers : infographie, gravure, sculpture et maquette, un rez-de-chaussée qui abritera un hall d’exposition temporaire, une salle de cours, une salle d’exposition, deux ateliers de peinture, un amphithéâtre et une salle de documentation. A l’étage, il y aura deux salles de cours, cinq ateliers et une salle de réunion.

A signaler également que d’autres projets tels que l’aménagement et l’équipement de la Maison de la culture ainsi que la restauration de La Casbah sont à l’étude.

B. Mouhoub

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