Il est vraiment difficile de présenter cet artiste perfectionniste et qui touche à des domaines aussi variés que la musique, la photographie, le montage vidéo et le cinéma.
Qui se souvient du groupe Imnouda ?
Avec l’ouverture dite démocratique des années 80 en Algérie, l’auteur-compositeur Djamel Tareb forme avec le soliste Yazid Mankour et le flûtiste Zahir Abdeli le groupe de musique moderne kabyle “Imnouda”. Ils produisent alors leur œuvre unique imprimé de sincérité, de limpidité et de clairvoyance. L’album d’une excellente qualité artistique a eu beaucoup de succès. Avec la symbolique nécessaire au contexte de l’époque, le groupe Imnouda s’inscrit dans la chanson engagée et se produit dans beaucoup de salles du pays. Les textes poétiques d’Imnouda traduisent une page de l’histoire mouvementée de l’Algérie. Les thèmes des chansons sont liés à l’extrême gravité de la situation sociale, au combat identitaire et à la réhabilitation de la culture algérienne. Les « maux » sont dits par des tournures d’une beauté originale. Imnouda a dépeint la réalité cruelle du pays avec sobriété, le groupe devient un repère indissociable du combat démocratique. Avec le souffle lyrique d’une poésie engagée, les textes qui remontent le temps nous relate notre déracinement :
« Certains partis sont apparus dans notre pays
Et prétendent nous ramener la démocratie
Endoctrinent les gens
Au stade du 5-Juillet
Ils ont inscrit dans le ciel les paroles de Dieu
Ils montrent leur paradis
En se substituant au prophète ».
Par ses idées courageuses, le groupe Imnouda proteste contre le règne de l’injustice :
“Que Dieu nous épargne de l’Etat injuste et misérable
Que Dieu nous épargne des violations de la loi
Notre pays a poussé ses enfants à l’exil
Il ne reste que le berger et son fils
La populace constante soutient le régime
Ceux qui croient que la liberté s’arrache sans combat se leurrent. »
Un travail artistique ininterrompu
Imnuda n’existe plus, Djamel Tareb poursuit seul le chemin mais d’une autre manière. Possédant son propre studio audiovisuel. Il travaille sans cesse en touchant à tout : la photographie numirique, le montage vidéo, le cinéma… avec le génial guitariste Zaher Adjou. Djamel a produit un coffret de 5 CD en rassemblant les musiques classiques des grands maîtres de la chanson kabyle : El Hasnaoui, Zerrouki Allaoua, Hnifa…Des musiques devenues emblèmes de notre culture et qui sont étudiées dans des universités européennes (telles celles d’Ulster et d’Oxford). Djamel Tareb a composé des musiques de plusieurs documentaires et films cinématographiques. Il a travaillé principalement avec la réalisatrice Frédérique Devaux. Djamel travaille également pour beaucoup d’organismes et suit de près surtout les activités de l’association GEHIMAB (Groupe d’études sur l’histoire des mathématiques à Bougie médiévale). Il s’efforce d’immortaliser un brin de notre culture en lui donnant une dimension universelle.
Yasmine Chérifi
