Khalifa Airways était débitrice de 400 millions DA

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Lakhdar Memi, commissaire aux comptes à la banque Khalifa a été auditionné, hier, comme témoin dans le cadre du procès de l’affaire Khalifa qui se tient depuis 33 jours au tribunal criminel près la cour de Blida. Il est poursuivi pour non-dénonciation et présentation d’informations mensongères. Son salaire annuel à la banque Khalifa était de 500 000 DA avant d’atteindre 750 000 DA. Interrogés sur les anomalies constatées dans le fonctionnement de cette banque, Memi révèle qu’il y avait des anomalies comptables à l’exemple des insuffisances au plan d’organisation et des erreurs comptables. Il estime qu’il y avait beaucoup de suspend et des comptes d’ordre non justifiés. La présidente intervient pour lui demander ce qu’il avait fait après la constatation de tant d’irrégularités. L’accusé révèle avoir envoyé une copie d’un rapport au P-DG de la banque Khalifa et une autre à la Banque d’Algérie signalant les anomalies dans le bilan de l’exercice 1999. Un rapport qui est resté, d’après lui, lettre morte. Mme Brahimi tente de connaître son rôle en tant que commissaire aux comptes et pourquoi avoir attendu une année et demi avant ce premier rapport. Le prévenu reste évasif. Il estime entre 2 ou 3 milliards DA la somme des comptes non justifiés. La juge évoque les opérations d’octroi de crédits. Le commissaire aux comptes estime le montant des crédits non justifiés à 160 milliards centimes. «C’était le P-DG qui décidait de l’octroi des crédits.» argue-t-il. Memi note, plus loin, qu’il avait signalé dans un autre rapport daté du 28 juin 2000 que des crédits avaient été accordés à des sociétés apparentées à la banque Khalifa. Il cite les filiales KRGpharma et Khalifa Airways. La présidente lui rafraîchit la mémoire avec l’article 388 du code commercial selon lequel, il devait saisir les autorités concernées après toutes ces anomalies. Memi tente de minimiser l’ampleur des dégâts en estimant les avoir inscrit au chapitre du non respect des règles prudentielles. L’inculpé affirme ne pas avoir été convoqué par l’assemblée du Conseil constitutif en avril 1998 alors que son nom figure sur le contrat. Mieux encore, Memi avoue que les changements statutaires étaient une infraction puisqu’il n’était pas présent. Le procureur veut savoir si la banque Khalifa respectait la procédure du code du commerce et la loi sur le crédit et le change. L’accusé réplique qu’elle respectait certaines conditions et piétinait d’autres. La représentante du ministère public lui demande de savoir s’il est possible qu’une banque puisse donner des crédits dépassant son capital social. «C’est un problème de risque. Le ratio de solvabilité est de 8 %. La banque Khalifa a dépassé 300 % au lieu de 20%», réplique-t-il. Hamid Skhara, commissaire aux comptes à la banque Khalifa, accusé pour les mêmes chefs d’inculpation que son collègue est appelé à la barre. Il avoue, de prime abord, que les choses sentaient le roussi. Toutefois, il révèle un fait très intrigant. Il dit que Khalifa Airways était débitrice de 400 millions DA auprès de la banque Khalifa alors qu’une commission de la Banque d’Algérie a arrêté un montant de 65 millions DA. La juge lui demande s’il avait convoqué l’assemblé générale comme le stipule un article de la procédure du code du commerce. «Pour nous ce n’était pas un délit de vouloir changer de montant», dit-il avant d’ajouter avoir saisi le P-DG, Moumen Khalifa et la Banque d’Algérie. Or sur le terrain, rien de cela n’était de vigueur. “Avant lui, O. Hamiani, responsable de l’Année de l’Algérie” à Khalifa groupe. Elle révèle avoir retiré une somme de 5 millions DA de l’agence de Chéraga comme honoraires de son travail annuel en espèces sur deux tranches, l’une de 1 million DA et la seconde de 4 millions DA sur la base d’un bout de papier que Khalifa lui avait remis. Une somme qu’elle a remboursé au liquidateur. Durant l’après-midi, Mme Brahimi annonce que le tribunal a terminé l’interrogatoire des accusés et des témoins et que celui-ci va dorénavant aborder un autre virage du procès, à savoir les plaidoiries. La juge fait savoir aux avocats de la défense qu’ils peuvent utiliser touts les moyens jugés nécessaires. A cet effet, elle les invitent verser les pièces, auparavant refusées par ses soins durant les interrogatoires, au tribunal et au parquet général.

A la demande de maître Boulefrad d’entendre le témoignage de Mohamed Raouraoua, Mme Brahimi annonce que le tribunal ne peut l’auditionné étant donné que celui-ci se trouve actuellement à Adis Abbeba, en Ethiopie. Elle s’est contente de lire son P-V d’audience.

Hocine Lamriben

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