La philosophie autrement

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C’est une créatrice qui a laissé une œuvre très originale. Ses écrits philosophiques continuent inspirer nombre de philosophes à travers le monde. Elle fait partie des grandes femmes qui ont marqué leur siècles.

Simone Weil est une philosophe française. Née à Paris le 3 février 1909, morte à Londres le 24 août 1913. Issue d’une famille de la riche bourgeoisie israélite, elle reçut une première éducation toute agnostique. Enfant d’une intelligence extrêmement précoce, elle fut une brillante élève du lycée Victor-Duruy. Après avoir fait son année de philosophie sous la direction de Le Senne, elle entra en « khâgne » au lycée Henri IV, où pendant trois années elle reçut l’enseignement d’Alain. Admise à l’Ecole normale supérieure en 1928, agrégée de philosophie en 1931, Simone Weil s’enthousiasmait déjà avec une égale passion pour la pensée grecque et pour le syndicalisme révolutionnaire. Pendant ses années d’étude, Simone Weil avait également acquis une connaissance approfondie de la pensée de Marx, et c’est un congrès de la CGT qui lui fourni le sujet de son premier article, publié en octobre 1931, dans Libres Propos, la petite revue de son maître Alain; mais, son naturel libertaire lui inspirant la plus grande méfiance pour l’étatisme soviétique, Simone frayait avec les trotskistes, les anarcho-syndicalistes, les militants de la Révolution prolétarienne, beaucoup plus qu’avec les communistes orthodoxes. Elle a regagné la France deux mois plus tard, mais ce bref contact avec la guerre lui a suffi pour constater avec effroi à quel point le goût du meurtre pour lui-même peut être facilement réveillé chez l’homme civilisé. Il lui semble d’autre part et son expérience rejoint ici celle de Malraux dans L’espoir et de Bernanos dans Les Grands cimetières sous la lune que l’opposition entre dictature et démocratie tend de plus en plus à s’effacer et que, dans tout les camps idéologiques, l’homme moderne est dirigé par la machine sociale. La femme philosophe sera bientôt mise en congé grâce à une indemnité. Elle profite pleinement de ses moments et consacre tout son temps à la création et au travail personnel. C’est à cette époque qu’elle commence de rédiger ses Cahiers, dont un de son  » choix  » est donné en 1950 sous le titre La Pesanteur et la Grâce, et qui furent ensuite publiés en trois volumes. Ces écrits sont d’une très grande importance. A Marseille, Simone Weil fréquenta le groupe des Cahiers dit  » Sud  » et sous le pseudonyme d’Emile, donna des articles de philosophie et de réflexions sur la condition ouvrière et sur nombre de sujets captivants qu’elle venait de mettre au grand jour pendant  » sa révolution religieuse  » et se poursuit bien après. Elle refuse pourtant le baptême et explique sur sa position religieuse dans les lettres recueillies dans Attente de Dieu (1950). Elle veut donner un autre sens au choses de la vie et refuse les idées qui lui apparaissent déprécier la création jusqu’à lui refuser toute consistance et toute vérité et à concevoir un univers régi par une implacable nécessité. Son lecteur se sent pris de vertige, entre une terre où le mal seul paraît et un Dieu hors d’atteinte. Mais faut-il interpréter Simone Weil en philosophe? Cette âme a été ravie par Dieu, consumée littéralement par une illumination reçue, tandis que son intelligence ne réussissait pas encore à équilibrer le sentiment du divin et les justes mesures humaines, dont elle avait pourtant le sens. Ce qui semble sûr malgré tout c’est que Simone Weil demeure une femme très singulière, même si ses idées ne cessent d’être la cible d’une incommensurable et rude critique.

Y. C.

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