Publiés au compte d’auteur, les poèmes de Karbach sont bien élaborés. C’est une nouvelle plume singulière qui vient d’enrichir la littérature algérienne.
Mouloud Kharbach est un jeune poète algérien né en 1972 sur les hauteurs de l’Akfadou en Kabylie. C’est aussi un réalisateur de talent. Il a signé plusieurs reportages et un nombre considérable d’émissions télévisées. Depuis son très jeune âge il se cherche à travers ses créations artistiques. Aujourd’hui, il a décidé de mettre au grand jour ses poèmes.
Comme l’édition algérienne tarde à se professionnaliser et à offrir la chance aux jeunes auteurs, Karbache s’est fait éditer par ses propres moyens. C’est ce que font plusieurs écrivains surtout ceux qui écrivent dans la langue de Si Mohand u M’hand. Imprimé en forma de poche Ecriture sous tempête est un petit bijou. “On dit souvent partir c’est mourir un peu, c’est vrai puisqu’on laisse derrière la Moitié de soi-même. Mais rester sans rien faire, sans pouvoir changer quelque chose, rester toujours dans les mêmes conditions c’est mourir pour de bon. Moi, je partirai un jour d’un automne froid
Ce jour là. Je suis sûr qu’il pleuvra sans relâche
Le ciel de mon pays, aura enfin pitié de moi
il regrettera d’avoir assisté à cette injustice de cauchemar
Qui s’est abattue sur mon innocente vie, pleine de rêves et d’espoirs
À ce moment, il pleurera sans cesse mon départ”, écrit le poète. Ces passages ne peuvent venir que d’une très forte inspiration. Ce jeune auteur a eu, sûrement, recours à l’écriture pour fuir l’amertume et l’absurdité de la vie. Comme l’immense écrivain argentin Ernesto Sabato, Mouloud écrit lorsqu’il n’a que ça devant lui. Un stylo pour dire les abysses de l’âme.
“Si ce n’est ce souvenir d’un passé poignant
Qui possède les pensées comme un vampire
J’aurai pu t’oublier même pour un instant
Afin que mon coeur puisse panser ses blessures
Je vis toujours sous l’emprise de ton charme
Je ne pourrais t’imaginer et garder mort calme
Sur le chemin d’un temps lointain
Mon âme s’incline en embrassant ta main
Et mes yeux dessinent ta robe blanche
Côte à côte nous marchons dans ce jardin
Des oiseaux, des fleurs y en a plein”, enchaîne le talentueux artiste. L’amour et ses chemins vertigineux est aussi mis en exergue dans ces textes poétiques très bien ficelés. C’est à partir des choses simples de la vie que Karbache nous parle du monde, probablement, son propre monde.
“Je sens monter en toi le parfum de tes cruches
Qui réveille en moi des plaisirs oubliés
Des plaisirs, aux couleurs de tes femmes,
Au sourire de mon enfance
Des plaisirs oubliés,
Chassés par l’orgueil du changement
Tu sais, ton histoire me ressemble !
Comme moi, tu es seule et tu souffres
Comme toi, abandonné par ceux que j’aime
Ton histoire est la mienne
Epouse ma peine et laisse mon âme étancher sa soif en buvant de tes souvenirs”. L’écriture de Karbach nous laisse décrypter les secrets de la beauté et laissent espérer malgré les incommensurables entraves. Tout au long de 72 pages de plaisir renouvelé, le lecteur ne peut pas fermer le livre avant de le parcourir entièrement. C’est un très beau livre qui vaut le détour.
Yasmine Chérifi
