Les réquisitoires contestés par la défense

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Pour rappel, le représentant du ministère public a requis 20 ans de prison à l’encontre du directeur de la caisse principale Akli Youcef, des directeurs des agences KB, des frères Chachoua et de Djamel Guélimi. Il a requis 18 ans de prison à l’encontre Rehal, le notaire, qui a établi tous les actes, et 16 ans contre l’ancien directeur de l’agence BDL de Staouéli. 15 ans de prison ferme est la peine demandée par le PG contre l’inspecteur général adjoint d’El Khalifa Bank, les responsables du sponsoring et Ighil Meziane. M. Abdelli, n’a pas non plus été tendre avec Zerouk et Boukadoum Djamel, respectivement directeur général et directeur des finances de Khalifa Airways. Il demandera à leur encontre 12 ans. Pour six autres inculpés, dont l’adjoint du caissier principal, le garde du corps de Abdel Moumen Khalifa et l’un des directeurs de la comptabilité, il réclamera 10 ans de prison ferme. S’agissant des deux stewards, ainsi que le père Chachoua, le beau-frère de Abdelmoumen Khelifa et trois autres personnes, 7 ans de prison ferme ont été requis. Le commissaire divisionnaire, Foudad Adda s’est vu infligé la peine de 8 ans de prison et le seuil maximum de l’amende financière. N’en restant pas là, le PG a également demandé la saisie des biens immobiliers acquis par certains accusés. Une prise de corps immédiate à l’audience, de 5 ans de prison et 500 000 DA d’amende ont été demandés aux 7 autres inculpés. Continuant son sévère réquisitoire, le représentant du ministère public, devant les accusés, qui s’étaient d’ailleurs tassés sur eux-mêmes, a requis 4 ans à l’encontre des commissaires aux comptes, 500 000 DA d’amende et la privation totale de l’exercice professionnel. Quant aux autres, il demandera contre eux 4 ans de prison ferme, 5 000 DA d’amende et prise de corps immédiate pour corruption à l’encontre de 6 responsables d’entités publiques dont Ali Aoun et Kheiredine El-Oualid. Pour les cadres de Khalifa accusées d’abus de confiance, pour ne pas avoir remis, selon lui, leur véhicules de service et leur portables dans les délais impartis par le liquidateur, le PG a requis 18 mois de prison et 10000 DA d’amende. Le procureur a enfin requis entre 4 ans et 2 ans ainsi que de 20 000 à 5 000 DA d’amende pour le reste des inculpés.

Pour ce qui des plaidoiries d’hier, les robes noires ont commencé par les “ petits délits ”. Le premier à avoir ouvert le bal, est Me Mustapha Zeghimi, pour le compte de Boulfrad Bouabdelah, contre lequel le PG a requis 2 ans de prison ferme. L’accusé, directeur général d’une société de production de bière, située à Oran, est poursuivi pour délits de corruption, d’abus de pouvoir et d’avoir reçu des privilèges. Son entreprise a perdu 31 milliards, suite aux différents dépôts auprès de la banque Khalifa. Quant au parquet, il lui reproche d’avoir reçu des commissions. Dans sa plaidoirie, l’avocat chargé de cette affaire a, d’emblée, qualifié les peines prononcées de “ sévères ”.

Il a indiqué à Mme Brahimi, que son client était directeur général d’une entreprise nationale spécialisée dans la production de la bière. “ L’entreprise que gère mon client est à caractère lucratif, c’est-à-dire qu’elle cherche toujours les profits, mais comme elle est dans la catégorie des sociétés privatisables, elle ne pouvait par investir ”. L’argent généré par cette société, est, selon l’avocat Zeghimi, déposé dans des banques. Une opération que qualifie l’avocat de logique. “ Avant le dépôt de l’argent à Khalifa Banque, mon client a installé une commission indépendante au sein de la société pour étudier les propositions de toutes les banques ”. C’est ainsi, poursuit l’avocat, que ladite société a jeté son dévolu sur le plus offrant, en l’occurrence Khalifa Banque, avec 10,75% d’intérêt. En effet, cette société a fait son premier DAT (dépôt à terme), le 28 février 2000. Le 2e a été fait le 03 novembre 2001, avec un intérêt de 11%. Au total c’est 31 milliards de centimes qui ont été déposés à Khalifa Banque. Selon Me Zeghimi, son client est accusé d’avoir bénéficié de 1 % de l’argent généré par cette opération qui est de l’ordre de 310 millions de centimes. En plus, enchaîne-t-il, la banque Khalifa dit avoir donné une somme de 350 millions de centimes. Ce qui est pour lui illogique. “ Mon client est juriste de formation, et il connaît mieux que les autres la loi. C’est un gestionnaire exemplaire qui habite toujours en HLM ”, croit bon de préciser Me Zeghimi

Le juge instructeur a-t-il mal fait son travail ?

Durant sa plaidoirie, l’avocat de la défense, a jeté, hier, un pavé dans la mare, en remettant en cause le juge d’instruction, ainsi que la chambre d’accusation. En effet, Me Zeghimi a déclaré que le juge instructeur s’est contenté d’écouter seulement les accusés et de faire de simples confrontations, au lieu d’opérer des investigations. Il dira à titre d’exemple, que durant leurs auditions, Hakim Guers, directeur de l’agence Khalifa à Oran a reconnu Boulfrad Bouabdelah comme directeur de l’OPGI d’Oran et non directeur de cette société, et ce devant le du juge instructeur. “ Comment voulez-vous que mon client ait reçu cette commission de la part du directeur de l’agence d’Oran, d’autant qu’il ne le reconnaît même pas ? ”, a-t-il indiqué. “ Est-ce que l’instruction est seulement de faire défiler les accusés ? ”, s’est-il interrogé. Quant à la chambre d’accusation, qui est sensée jouer le rôle de filtre, elle a failli d’autant qu’il n’y a pas d’indices concordants et faute de preuves, a l’innocence duquel je crois je demande l’acquittement de mon client ”. Continuant son “ intervention ”, il a tenu a affirmer qu’un bon nombre de dossier ont été transférés à la Cour pour être tranchés. Me Zeghimi Mustafa a remis également en cause le travail de la Cour suprême en affirmant que le recours qu’il avait introduit n’a jamais vu de suite. “ Mme la présidente, la Cour suprême est censée contrôler la bonne application de la loi. Malheureusement ce n’est pas le cas, et c’est pour cela que mon client se retrouve devant vous”, clame-t-il. “ Il n’a rien reçu de la part de Khalifa Banque, d’autant qu’il n’y a pas d’indices concordants et défaut de preuves, et c’est pour cela je demande l’acquittement de mon client ”, conclut-il.

Les avocats demandent l’acquittement

Ce qui mérite d’être signalé est que plusieurs avocats ne se sont pas contentés de plaider la cause de leurs clients, mais ils ont saisi l’occasion pour dénoncer même l’arrêt de renvoi. Etabli en juillet de l’année écoulée, les robes noires ont affirmé que ce dernier contient des lacunes et des dysfonctionnements. Les avocats de Lahlou Toufik, de Hadadi Sid Ahmed, respectivement chauffeur à Khalifa Construction et cadre à Khalifa Airways ont sollicité l’acquittement. Me Dahman Hassan, qui a plaidé pour Lahlou Toufik a axé son discours sur l’élément moral. Pour lui, son client n’était pas de mauvaise foi en gardant le véhicule chez lui. Au contraire, dit-il, l’accusé avait même collaboré avec M Badsi, le liquidateur de Khalifa Banque, pour récupérer un bon nombre de voitures auprès de plusieurs cadres. Pour ce qui est de Hadadi Sid Ahmed, cadre à Antinéa Airlines, il est poursuivi pour abus de confiance. Le parquet lui reproche d’avoir gardé un téléphone et un PC portables. Selon son avocat, Hadadi a bénéficié d’une voiture et de deux objets acquis dans le cadre de son travail. Une chose tout à fait normale selon son avocat. Le jour de sa démission, en avril 2003, l’accusé a remis sa voiture au liquidateur. L’avocat a fait savoir à Mme la juge que le liquidateur de la Banque Khalifa, avait publié un communiqué dans le quotidien El Watan, en date de 31-01-2005, dans lequel il a invité à prendre attache auprès de lui pour la récupération des objets avant 28-02-05. Et à l’avocat de hausser le ton en déclarant : “ comment mon client peut-il faire l’objet de cette accusation d’autant qu’il a remis ces objets le mois décembre 2005 ?”. Et d’ajouter : “ je demande à ce que mon client soit acquitté car il n’a pas gardé ces objets ”.S’agissant du franco-Algérien, Jean Bernard Galin, accusé d’abus de confiance, en gardant pour lui un micro portable, acquis lorsqu’il a travaillé pour Antinéa Airlines, son avocate dira que la peine prononcée à son encontre, qui est 18 mois de prison ferme, est inacceptable. Quant à Kettou Bahia, son avocate a plaidé pour l’acquittement, d’autant que sa cliente n’avait même pas l’intention de “ voler ”, car l’objet en question contenait des documents importants relatifs à Antinéa Airlines. “ Mon client est parmi les premiers à avoir cet instrument et c’est pour cela je demande son acquittement ”, a-t-il plaidé.

Salah Benreguia

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