Les marges captivantes de la vie

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Malika Mokeddem est une écrivaine algérienne. Née le 5 octobre 1949 à Kenadsa (Béchar) au sein d’une famille pauvre et nombreuse dont le père ainsi que le grand-père étaient nomades. Entrée à l’école en octobre 1954, elle arrive au collège, à Béchar, en 1962 avec l’Indépendance.

De la classe de cinquième jusqu’au baccalauréat, elle a été la seule fille dans sa classe. Elle fera, plus tard, des études de médecine à l’université d’Oran, des études qu’elle poursuivra à Paris. Elle se déplace à Montpellier et se spécialise en néphrologie.

Cette fille mince et brune, solitaire, savait déjà depuis l’adolescence qu’elle allait écrire. Etant de famille modeste, elle a eu besoin très tôt de travailler pour payer ses études. C’est son exil et son départ en France en 1977 qui ont servi de moteur à son écriture. Tout en exerçant la médecine dans un cabinet privé à Montpellier, elle écrit son premier roman Les hommes qui marchent. Ce texte qui illustre la révolte de l’adolescence — et de l’inconscience – sera vite suivi d’un second intitulé Le Siècle des Sauterelles, le récit d’une famille qui devient nomade après avoir résisté à la colonisation française.

Expropriée et forcée, la famille désespère. Malika Mokeddem, aînée de treize enfants, médecin, mariée à un Français, vit constamment à la jonction de deux mondes, celui des nomades transmis par les contes et les légendes et celui de la modernité qui lui a été donnée par l’école. Son troisième roman, L’interdite, est fortement autobiographique. Il relate l’histoire d’une femme médecin qui revient dans son Ksar natal pour retrouver les odeurs et les couleurs de son enfance. Yacine, son premier amour et enfin Vincent avec lequel elle réalise une histoire d’amour singulière. Des rêves et des dessins, dans la littérature du témoignage. Dans l’évolution de l’écriture de Mokeddem, on relève une certaine rupture de ton entre ses premiers écrits et ses textes les plus récents. Les premiers sont un peu plus profonds que ceux écrits récemment.

Cette femme est fortement imprégnée de culture orale, gagnée par l’actualité et la tragédie algérienne, les signes des textes qui relatent sa propre histoire et l’histoire de la femme dans l’histoire contemporaine de l’Algérie et des pamphlets, voire des règlements de compte qui répondent beaucoup plus à des priorités éditoriales françaises qu’à un réel besoin de s’exprimer. « Dans la plupart de mes romans, en dehors de La Lézarde, mes personnages partent. Généralement, ce sont des femmes de rupture. C’est rompre pour se réconcilier avec soi, d’abord. Ensuite pouvoir revenir vers les autres plus apaisé », estime la romancière.

Dans l’une de ses œuvres, elle change de décor et d’espace, elle passe du désert, lequel pour elle symbolise “l’enfermement”, à la mer qui est « sérénité » et nous raconte l’histoire d’une femme, Nora, naufragée et amnésique qui tente, comme le pays, de se reconstruire. Parmi les livres édités de cette talentueuse femme de lettres on peut citer : Les hommes qui marchent, roman, aus éditions Ramsay, 1991, réédition Grasset, 1997, Le Livre de poche, 1999 ; Le siècle des sauterelles, roman, aux éditions Ramsay.

Y. C.

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