Lorsque les genêts sont en fleurs

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C’est un écrivain de talent. Ces écrits captivants nous replongent dans la Kabylie profonde. Des textes qui nous rappellent Feraoun et Mammeri. Y a-t-il de plus beau que les bon souvenirs de l’enfance ?

Né à Bouzaréah, sur les hauteurs d’Alger, Idir Tas a passé son enfance sur les hauts lieux froids de l’Akfadou en Kabylie. C’est le petit village Ath Saâda qui lui offre les premiers plaisirs de sa vie. De cette période, il a gardé de savoureux souvenirs : veillées hivernales durant lesquelles on racontait des contes kabyles, promenades dans une nature généreuse, à la fois guide, magicienne, compagne de jeu et déesse tutélaire.

Il a vécu ensuite à Constantine, où il poursuivit ses études dans cette ville spectaculaire et enchanteresse. Ses rêveries ont glissé le long du Rhumel à Grenoble, en France où il a trouvé d’autres montagnes qui l’ont charmé comme celles de son enfance, ou presque. C’est là qu’il a commencé à écrire ses premiers textes. Docteur en physique, Idir Tas cède à la tentation de la plume et se retrouve, parfaitement, dans le monde fabuleux des mots. Il est auteur de plusieurs livres publiés dans le pays de Molière.

On peut citer entres autres : L’étoile des neiges et Les genêts sont en fleurs. «Tout au long de la nuit, la neige n’avait cessé de tomber. À son réveil, Akli s’était installé sur le rebord de sa fenêtre pour contempler la douceur des toits blanchis et les silhouettes atténuées des arbres de la forêt. Quelques flocons s’éparpillaient encore et frôlaient parfois ses joues. Comme il aimerait les retenir dans leur chute pour nouer autour de son cou un éternel collier! Dans la lumière étincelante du petit matin, il aperçut son père qui déblayait la neige et s’empressa de le rejoindre.- Tu veux un coup de main ? Lui demanda-t-il. – Non, merci. Tu peux te promener. Akli s’en alla un peu vexé. Mais très vite le crissement de la neige fraîche effaça son sentiment. Après le premier paquet de maisons, Rex le rejoignit. Il avançait sans difficulté. Il semblait même qu’à certains moments il volât d’un bord à l’autre du chemin. Quand il prenait trop d’avance, il revenait vers Akli, lui frôlait la main, puis repartait aussitôt soulevant parfois de la neige. Sa toison noire, parsemée de flocons, lui donnait l’air d’un très vieux chien. Un rouge-gorge, blessé par le froid, sautillait en bordure du chemin. Rex s’élança pour l’attraper. L’oiseau essaya vainement de s’envoler, battit l’air de son aile timide, puis retomba au sol, en sautillant de plus belle. Le chien lui coupa la route, se coucha devant lui en jappant comme pour le solliciter à s’amuser. Mais le rouge-gorge, ayant retrouvé un peu de chaleur dans ses ailes engourdies, se posa sur un olivier. Rex se redressa, aboya longuement et s’en alla malheureux d’avoir perdu un compagnon de jeu», écrit le scientifique reconverti à la littérature dans l’un de ses meilleurs livres.

Ces écrits et bien d’autres se vendent dans les librairies françaises. Chez nous il faut attendre, un jour, qui sait ?

Y. C.

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