La dépêche de Kabylie : Quelle lecture faites-vous de la recrudescence subite des actes terroristes dans la wilaya de Tizi Ouzou ?
ll Le colonel Ben Azouz : Concernant l’attentat de Beni Yenni, il faut rappeler que pendant une longue période, il a été procédé au gel des activités de la brigade de la gendarmerie de cette localité. Ces derniers temps, cette dernière a repris du service sur le terrain, non seulement au chef-lieu communal mais aussi sur toute la surface périphérique. Le travail de renseignement, notamment sur les mouvements des groupes armés a été en quelque sorte freiné. Vous n’êtes pas sans savoir que nos services agissent souvent sur la base de renseignements pour lequel la population est d’un grand apport. Donc, tout ce travail n’a pas été possible à cause des raisons que vous connaissez. Ces dernières semaines, la gendarmerie a repris contact avec les citoyens qui lui fournissent des informations. Ce renouement constitue une vraie menace sur les groupes terroristes. Et vous comprendrez aisément que ces attentats peuvent avoir un lien direct avec cette réactivation de nos activités. Du temps où les gendarmes agissaient normalement, il n’ y avait jamais eu de terroristes dans la périphérie. C’est le gel de notre travail qui a rendu ces actes possibles. Je dois rappeler que les gendarmes ne travaillent pas seuls dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Ils collaborent avec les moudjahidine, les GLD et avec de simples citoyens qui fournissent souvent des informations très précieuses et utiles.
Avez-vous pris des mesures suite à ces attentats ?
ll Oui. Nos équipes viennent d’être renforcées dans le cadre d’un dispositif spécial sur l’ensemble du territoire de la wilaya où nous sommes présents. Nous venons de multiplier les points de contrôle. En plus du renforcement de l’effectif avec l’apport des autres régions du pays.
Des brigades qui avaient été fermées dans le cadre des événements de 2001 seront-elles rouvertes ?
ll Bien sûr. Toutes les localités où il y avait des brigades de gendarmerie seront dotées à nouveau. Notre mission consiste à sécuriser les citoyens. Nous sommes en train d’effectuer les dernières démarches pour relancer ces brigades et nous sommes dans la phase finale. Il y aura plus d’une dizaine de nouvelles brigades au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, d’ici peu, pour lutter contre le terrorisme et contre le banditisme qui menace aussi sérieusement la quiétude des citoyens.
Après ces derniers attentats, est-ce qu’on peut savoir où en est le moral de vos troupes ?
ll Malgré le dernier acte de Béni Yenni, nous sommes déterminés à continuer notre travail en toute sérénité. Nous ne sommes point découragés. Nous sommes convaincus de ce que nous faisons car c’est notre mission d’assurer la sécurité des citoyens.
La détérioration de la sécurité ne peut pas uniquement être imputée à la fermeture des brigades de gendarmerie. N’ y a-t-il pas d’autres raisons ?
ll Le gel des activités des brigades de gendarmerie a un effet qu’il ne faut pas sous-estimer. Il y a un constat que personne ne peut nier. Dans toutes les localités où il y avait des brigades, il y avait moins d’actes de terrorisme et de banditisme que maintenant. C’est un constat de terrain qui est facile à confirmer. Ce n’est pas seulement moi qui le dis.
Ceci est un paramètre important. Mais il y a aussi un autre point. Il s’agit d’une baisse de vigilance liée à l’accalmie ayant quand même duré assez longtemps. Le citoyen a perdu certains réflexes. Pour revenir à nos brigades, on peut effectivement sous-estimer l’apport d’une brigade à dix éléments mais quand on dispose d’une brigade dans une région, nos services tissent des relations avec des citoyens. Ces derniers temps, à cause de la baisse de vigilance, nous avons reçu des informations sur le passage de terroristes et sur leurs mouvement mais malheureusement après une semaine ou dix jours de retard. Une fois qu’il était trop tard pour pouvoir agir.
Avez-vous des chiffres sur le nombre de terroristes activant dans la wilaya et détenez-vous des noms ?
ll Nous avons des chiffres et des noms mais on ne peut pas les communiquer.
Leur nombre dépasserait-il cent ?
ll Non. Mais le nombre n’est pas aussi important que certains peuvent le penser. Un seul terroriste peut nuire.
Vous venez de rentrer d’un ratissage à Beni Yenni, pouvez-nous donner des informations à ce sujet ?
ll C’est une opération militaire. On ne peut rien dire.
Propos recueillis par Aomar Mohellebi