Beaucoup reste à faire

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La femme algérienne a toujours été une éternelle battante, qui a joué un rôle important dans les grandes mutations qu’a connu notre pays et à l’avant-garde de tous les combats, en répondant présente à chacun des rendez-vous historiques de l’Algérie pré et post-indépendance. La femme algérienne se bat sur le terrain et n’a que faire des journées d’études, colloques ou autres hommages occasionnels organisés sporadiquement ici et là pour rappeler le rôle de la femme dans l’épanouissement de toute société. Sa lutte pour s’affirmer se fait chaque jour et son entrée, souvent forcée, dans des domaines, longtemps considérés comme l’apanage de l’homme, illustre cette volonté d’aller inlassablement de l’avant.

Son entrée dans le milieu politique n’a pas été toujours du goût des conservateurs et autres traditionalistes qui désirent que tout stagne, voire pire encore, nous replonger dans les sombres nuits de l’obscurantisme médiéval.

Même si la “condition” féminine est loin d’être reluisante et que le combat de la femme reste un travail quotidien et continu, quelques acquis considérables ont pu être arrachés grâce à la détermination et l’opiniâtreté des femmes. D’ailleurs, si l’on se réfère à une étude réalisée sur les transformations de la structure familiale, on mesure l’ampleur des réalisations accomplies en matière de la promotion de la femme.

L’étude sus-citée a démontré que la participation de la femme dans le monde du travail est devenue plus active et de nouveaux besoins ont alors émergé pour faire augmenter le taux de main-d’œuvre féminine de 7,7% en 1977 à 18% en 2005. Par ailleurs, la politique mise sur pied en matière de promotion de la femme, notamment à travers l’investissement dans le domaine de l’enseignement et de la formation qui repose sur les principes de la gratuité et de l’obligation a eu des résultats positifs puisque le nombre global des femmes ayant bénéficié d’une formation est passé de 76.400 en 1995 à 191.141 en 2005.

Une autre étude réalisée dernièrement par le ministère sur l’insertion socio-économique de la femme algérienne, a fait savoir que 56% des femmes actives ont moins de 40 ans, et que le taux de femmes universitaires actives est plus élevé que celui des hommes. Ce qui a poussé les pouvoirs publics à élaborer un plan national visant à encourager l’insertion socio-économique de la femme qui a sensiblement émergé dans le monde des affaires et effectué une entrée, quoique encore timide, dans le milieu de la politique en occupant des postes de responsabilité dans les plus hautes fonctions de l’Etat et au niveau du parlement.

En ce sens, depuis 1999, au moins quatre femmes ont été désignées au poste d’ambassadeur, et une autre à la tête du Conseil d’Etat, ainsi que la première wali, suivie de deux femmes walis hors-cadre, une femme wali déléguée, 11 femmes chefs de Daïra et 3 secrétaires générales de wilaya. Ces expériences pionnières dans le monde arabe sont tout de même à saluer parce qu’elles ont le mérite d’ouvrir le champ à d’autres acquis.

Concernant l’activité politique, si la femme algérienne jouit de tous ses droits civiques et politiques, marquant ainsi sa présence dans toutes les élections nationales et locales, son implication politique demeure sans ancrage réel et l’ouverture démocratique n’a, malheureusement, pas apporté beaucoup de changements dans la situation de la femme algérienne, particulièrement sur ce plan.

Il est utile de souligner que les acteurs politiques devraient s’impliquer davantage afin de consacrer la volonté politique nationale de développement harmonieux et de promotion des idéaux d’égalité et de justice entre la femme et l’homme, et permettre une plus grande émergence des femmes lors de futures échéances électorales locales et nationales.

Car même si les femmes sont de plus en plus impliquées dans la vie économique et sociale de leurs communautés et de leur pays, beaucoup restait encore à faire pour qu’elles occupent la place qui leur revient au sein des institutions politiques et dans la gestion des affaires publiques, que ce soit au niveau local, national ou mondial.

Selon les chiffres, il est à relever qu’il n’y a que 16 pays au monde où les femmes représentent plus d’un quart des parlementaires dont 8 Etats arabes alors qu’en Algérie, la participation de la femme demeure en deçà des possibilités existantes et sa représentation en politique est qualifiée de  » très faible » lorsque celle -ci est à 6%, soit 25 femmes parlementaires sur les 495 députés quand elles ne sont que 4 au Conseil de la Nation sur les 145 siégeant.

Pour s’enquérir concrètement de l’appréciation que font nos politiques de la situation actuelle de la femme en Algérie, la place qu’elle occupe au sein des partis politiques et le rôle qu’elle joue et jouera, notamment dans les prochaines échéances électorales, nous avons fait un tour chez les responsables des formations politiques. Voilà ce qu’ils en pensent :

Pour Miloud Chorfi, secrétaire national à l’information et à la communication au RND nous a affirmé que  » le parti a toujours accordé un intérêt particulier à la femme et consacré ses droits dans l’ensemble des décrets et statuts du RND en lui conférant des postes de responsabilité au sein du bureau national « . Il citera pour preuve, Mme Nouria Hafsi et Nouria Djâafar qui demeurent  » notre fierté  » et annoncera que  » des instructions sont données par la direction pour que dans chaque exécutif de wilaya, il y ait au moins une femme  » et ajoutera que l’expérience de l’efficacité de la femme dans l’exercice de la politique leur a été fournie par leur coordinatrice de Béchar.  » Une dame qui a assumé pleinement ses missions, tout en jouissant de l’estime de toute la population dans une société, de surcroît très conservatrice et conformiste ». M.Chorfi estimera que la

 » condition de la femme s’est grandement améliorée suite à l’avènement du multipartisme et de la démocratie  » mais regrettera  » le faible taux de femmes dans les dernières législatives qui ont permis le passage d’une seule élue à l’APN « . Une situation qu’il expliquera par le faible taux réalisé par le RND lors des dites échéances.

Toutefois, il restera optimisme quant aux prochaines élections du 17 mai qui, dira-t-il,  » les femmes qui occupent un pourcentage intéressant dans nos listes électorales, réaliseront des résultats à la portée de nos espérances  » et ne ratera pas l’occasion du 8 mars pour souhaiter une bonne fête à la femme algérienne et salué son courage de combattre le colonialisme puis le terrorisme et son rôle déterminant dans tous les défis qu’a relevé l’algérie.

De son côté, la chargé de communication au niveau de l’UDR nous dira à ce propos qu’  » à l’instar de la majorité des pays du tiers-monde et le monde arabo-musulman, la condition de la femme en Algérie est tout simplement inacceptable », et ajoutera  » je ne vois pas de raison pour que la femme participe à tous les défis et qu’elle soit exclue une fois les défis réussis, je dirai même que c’est immoral « .

Interrogé sur le code de la famille et les amendements apportés à ce document, notre interlocuteur répliquera que  » ces révisions ne sont tout de même pas négligeables même si elles demeurent insuffisantes  » et continuera plus loin  » …en fait, notre idéal est qu’il n’y ait pas de code de la famille du tout parce que je ne comprends pas pourquoi nous faisons une différence entre la femme et l’homme « .

Sur une note de réalisme, M.Boumendil recommandera la lucidité et développera qu’  » eu égard à tous les problèmes dont souffre la société algérienne, nous saluons chaque avancée et on œuvrera pour que la femme ait au moins la même place que l’homme « .

Il terminera en réitérant que cette vision s’insère dans les projets de l’UDR,  » au sein de notre formation, c’est comme ça qu’on voit les choses et pas autrement. C’est la conviction du parti et nous y travaillons à chaque fois que c’est possible « . Rendant un hommage à la femme, il conclura en ces termes  » pas de salut pour la république si la femme n’a pas toute la place qu’elle mérite « .

En ce qui concerne le plus vieux parti de l’opposition, le FFS, il a prévu dans ses statuts, adoptés lors du 3ème Congrès, un quota de femmes désigné par le président Hocine Aït Ahmed au Conseil national. Une décision qui n’a jamais vu le jour, sept ans après puisque aucune femme n’est désignée à ce poste.

Mis à part deux femmes qui s’occupent du mouvement associatif et de la condition féminine au secrétariat national, aucune femme à la tête des sections locales et des fédérations de wilaya, ni tête de liste lors des élections locales et nationales.

Actuellement, sur les sept élues locales du FFS, trois femmes sont dans la wilaya de Tizi Ouzou, une à l’APC de Hydra, une à l’APW d’Alger et deux élues à l’APW de Bejaia.

En ce qui concerne le MDS, dont les positions étaient toujours claires, à savoir l’abrogation du Code de la famille et la promotion de la femme, on a appris que deux femmes siègent au bureau national du parti alors que le conseil national se compose de 30% de femmes.

La conviction du parti est que  » seule la loi peut faire évoluer les choses, puisque la loi aide la société à avancer « , et tant que ce code est imposé aux Algériens dont les mentalités sont plus ouvertes que ce code, l’épanouissement de la femme ne sera pas pour demain.

En définitive, on conclura que bien que les conditions ne soient pas encore toutes réunies pour impliquer la femme dans la vie politique, les dirigeants des partis doivent œuvrer pour rassembler ces conditions, car l’exclusion de la femme du combat complique davantage leur tâche.

H.Hayet

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