La scolarité des étudiants à l’universitéMouloud Mammeri de Tizi-Ouzou est depuis des mois perturbée. La raison est que des enseignants de cette université affiliés au syndicat du CNES, en signe de grève, ont décidé de ne plus assurer leurs cours et TD jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Pire encore, les étudiants aujourd’hui redoutent que cette grève ne débouche sur une année universitaire blanche.
Cet état de fait a poussé les étudiants du département anglais de la Faculté des lettres et des langues de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, rejoints par leurs homologues du département de biologie moléculaire et cellulaire de la Faculté des sciences biologiques et des sciences agronomiques inquiets sur le sort de leur année scolaire jusque-là incertain, à procéder avant-hier, à la fermeture du rectorat de l’université afin d’exiger une écoute sérieuse aux problèmes de tous les étudiants de l’université en question. Hier, les mêmes étudiant ont bloqué l’accès principal du campus de hasnaoua aux véhicules «La grève des enseignants affiliés au syndicat du CNES a commencé le 11 février 2015, et depuis, notre scolarité est gravement perturbée», dira Tarik, un étudiant en master 2 anglais qui ajoute : «Nous avons tenu une réunion avec les responsables de l’université à cause de ce problème le 16 février 2015, ce jour-là les responsables nous ont rassuré quant au sort de nos études pour cette année. Mais aujourd’hui on est à la veille de la fin de l’année et la situation ne fait que s’aggraver davantage». Un constat partagé par les étudiants et étudiantes autour de Tarik qui craignent d’être victimes d’une année blanche si les différents responsables concernés ne tiennent pas à remédier en urgence à la situation. Chose qui a été exprimée sur la banderole déployée à l’entrée du rectorat et sur laquelle on pourrait lire : «Non à l’année blanche». Avant de procéder à cette dernière action, une réunion regroupant les étudiants du département d’anglais et le recteur de l’université a eu lieu le 26 avril 2015. «Le recteur s’est contenté de nous montrer des documents dont nous n’avons pas compris beaucoup de choses. Il semble qu’ils ont une relation avec les revendications des enseignants grévistes. Mais pourquoi ils nous mêlent dans tout cela nous? Qu’ils règlent leurs problèmes entre eux. On refuse de jouer l’hameçon, nos parents nous ont envoyés à l’université pour étudier et non pas pour autre chose», s’interrogent et fulminent les étudiants. Et d’ajouter : «Nous sommes en master 2, nous devons finir nos mémoires de recherche. Mais les enseignants qui nous encadrent sont en grève, on ne sait plus comment faire ni comment valider cette année». Les étudiants du département de biologie se sont présentés au devant du rectorat de l’université pour dresser un rapport au recteur dans lequel ils expliquent la situation délicate dans laquelle vit leur département. «On a des modules dans lesquels on a passé des examens mais les notes ne nous ont pas été remises. Chose qui a bloqué les délibérations des EMD du premier semestre, et donc du rattrapage. Si nous continuons comme cela, nous finirons inévitablement avec une année non validée, voire blanche », avons-nous lu dans le rapport rédigé par les étudiants et qui n’a pas été remis au recteur à cause de la fermeture du rectorat. D’autres étudiants sur les lieux, nous ont appris par ailleurs que la majorité des facultés et départements de l’université sont en train de vivre la même situation. Concernant la satisfaction des revendications des enseignants grévistes, des responsables à l’université qui voulaient garder l’anonymat, nous ont fait savoir que 220 logements sont en construction en faveur des enseignants de l’université à Tamda (à une vingtaine de km de Tizi-Ouzou). Chose qui a été niée par les enseignants qui ne voient aucune assurance que ses logements leur appartiennent en l’absence d’un protocole d’accord et d’un papier officiel signé par les responsables concernés. «Habiter loin de l’université c’est un véritable problème pour les enseignants. Face à cette situation, notre rendement sur les plans pédagogique et scientifique ne peut qu’être minime», nous dira un enseignant maître de conférence catégorie A, qui lui n’a pas recouru à la grève. Parmi les revendications des grévistes, on trouve aussi la révision du statut et la dignité de l’enseignant. Mais, la question qui préoccupe les étudiants est : Comment soulever des revendications d’ordre national à Tizi-Ouzou ?
Noureddine Tidjedam