L’islamisme redouble de férocité

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La Kabylie et plusieurs coins du Centre du pays continuent donc de subir l’acharnement des hordes islamistes. Du début du mois de février jusqu’à cette dernière incursion meurtrière ayant coûté la vie à sept (07) gendarmes au lieu-dit Takhoukht, près de Béni-Yenni – où une accalmie a régné durant plus de cinq ans – l’islamisme armé d’obédience salafiste a encore combiné ruse de guerre et attentats à l’explosif ou à l’arme automatique.

Le bilan sanglant s’élève en moins de trois semaines à plus d’une trentaine de morts et une cinquantaine de blessés. Et n’était la vigilance des services locaux de sécurité, les commandos de l’ex-GSPC auraient pu faire encore, l’avant-veille du week-end dernier, d’autres victimes dans différentes zones des wilayas de Boumerdès, Tizi-Ouzou et Bouira. Deux jours plus tard, cependant, des éléments de l’ANP se sont fait étriper sous les bombes sur l’axe Isser – Souk El Had. Et un peu plus loin, vers l’Ouest et le Sud-Ouest, précisément aux alentours de Béni Amrane et Lakhdaria, d’autres victimes seront dénombrées presque en même temps dans les rangs des forces de l’ANP. Au total, en moins de 48 heures, les frappes des terroristes ont fait encore 2 morts et 7 blessés.

N’attendant pas d’être applaudi pour ses exactions et ses résurgences – dont deux dernières ont été signalées au début de cette semaine devant la mosquée de Thenia et à la sortie est de la même ville – l’ex-GSPC réitère diaboliquement son refus à la politique de réconciliation nationale. Et c’est là un des messages de cette nébuleuse terroriste qu’on peut aisément décrypter, suite à chaque attentat. Le délai accordé aux groupes terroristes pour toute repentance a expiré le 31 août dernier. Quelques semaines avant cette date, des cantonnements de gendarmes et de policiers ont été simultanément ciblés à Réghaia-Plage et Benzerga (à l’est d’Alger). Juste après, en période de carême, différentes régions de Boumerdès et de Tizi-Ouzou auront été également le théâtre de la résurgence des hordes islamistes avec un bilan d’une trentaine de victimes. Scènes de cauchemar ensuite à Réghaia et Dergana, suite à deux attentats à la voiture piégée ayant visé, ici et là, les sièges de la Sûreté urbaine. Moins de deux semaines plus tard, une embuscade meurtrière coûtera la vie à 8 militaires en plus d’une dizaine de blessés dans les monts de Beggas relevant de Kadiria, au nord-ouest de Bouira.

“On attendait leur reddition et eux (les terroristes) multiplient les tueries”, s’inquiète la vox populi.

Et l’on s’irrite en observant que ces hordes de tueurs redoublent de férocité à chaque palinodie du pouvoir. “Dès qu’on tend la main à l’islamisme, celui-ci la mord”, relève-t-on incessamment. Et plus inquiétant encore, l’islamisme armé resurgit à chaque fois où l’on s’attèle à organiser des élections. Si l’opinion escompte, par le biais de tout scrutin, l’instauration d’un mieux-être social, elle se trouve malheureusement en face de cet ennemi de toute stabilité. On fait mine, cependant, d’ignorer que cet ennemi-là — s’appuyant sur une idéologie cohérente en apparence mais ravageuse — n’est point une création spontanée. Ces principales phalanges d’El Ansar et El Arkam — qui ont grossi leurs rangs par une cinquantaine de nouvelles recrues en moins de deux ans — en plus de Katibet El Farouk et des résidus d’El Nour, sévissent dans les zones de Kabylie. Principaux fiefs : les monts s’étendant de Si Mustapha à Mizrana en passant par Sidi Ali Bounab et le versant sud, de Djebel Bouzegza à Ahnif. Quand ont sait que la Kabylie est profondément attachée aux valeurs de modernité, de progrès avec leur corollaire, la concrétisation (tôt ou tard) du projet démocratique et républicain, on comprend pourquoi elle est constamment ciblée par la soldatesque locale de l’organisation terroriste transnationale d’El Quaïda. Et le lien avec cette recrudescence du terrorisme et les prochaines élections législatives ne peut être exclu. C’est un fait : les partis islamistes, quel que soit leur poids, et qui ont toujours réclamé d’une certaine manière la prorogation du délai accordée aux terroristes, se repositionnent, eux, pendant que les attentats se produisent, ici et là. Hier matin, une autre bombe a explosé sans faire de victimes devant le siège de la gendarmerie de Baghlia.

Salim Haddou

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