El-Qaida et ses sous-traitants

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L’organisation El-Qaida du Maghreb islamique a revendiqué l’embuscade tendue à une patrouille de la gendarmerie à Takhoukhth et qui s’est soldée par la mort de 7 gendarmes. C’est la deuxième opération du genre en moins d’un mois dans cette wilaya. Les procédés changent, mais les visées restent les mêmes : faire un maximum de victimes et un tintamarre médiatique aux fins évidentes de se débarrasser du qualificatif de « résiduel » et satisfaire leurs maîtres de Kandahar.

Évidemment, le fait de cibler la gendarmerie dans la région, s’inscrit dans la logique d’acquérir la sympathie des Kabyles, où ce corps de sécurité est mal perçu, depuis notamment les évènements du Printemps noir.

Dans un autre registre, l’explosion d’un engin, au passage d’un bus transportant des fonctionnaires travaillant pour une société étrangère à Aïn-Defla, constitue indubitablement un message à vocations multiples. Si l’ex-GSPC n’a pas revendiqué l’attentat ayant occasionné la mort de trois Algériens d’un Russe et la blessure de six autres dont deux Ukrainiens -les victimes travaillaient tous pour le compte de la société russe Strow Trans Gaz -, son signal reste cependant éclatant : les différents groupuscules terroristes agissant sur le terrain ont désormais adopté la stratégie d’El-Qaida consistant à s’attaquer à toute présence étrangère, notamment occidentale. Des groupes comme le Groupe sunnite de prédication et de combat, allié fidèle du GSPC, qui activait dans l’Algérois constituent le fer de lance pour certaines opérations de l’organisation de Droukdel, à l’image de celles perpétrées contre le commissariat de Reghaia le 31 octobre dernier.

Rappelons que vers fin 2005, l’Organisation d’El-Qaida avait publié ce qu’elle appelle « un communiqué d’adhésion », faisant état de l’intégration du Groupe sunnite de prédication et de Combat. Cette organisation est dirigée actuellement par Madani Laslous, ex-dirigeant du FIS, prédicateur à Birkhadem et candidat à la députation pour constantine en 1991. Cet émir irréductible, allergique à toute démarche émanant des autorités, fut le principal instigateur de l’avortement des négociations, dirigées par son ex-émir Abdelkader Souane, dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce qui a poussé l’adhésion d’autres groupuscules terroristes à cette organisation. Il est à signaler que, si l’ex-GSPC n’a pas revendiqué l’attentat de Aïn-Defla, il n’est pas à écarter que l’organisation de Laslous l’ait perpétré. Le fait que ce groupe active depuis des années dans cette zone, la manière dont a été mené le forfait et la cible choisie, indiquent qu’il est fort probable que ce dernier ait reçu des recommandations de la part de Droukdel.

Cela dit, on peut penser que les deux organisations travaillent en coordination pour leurs actions. Cependant, il est à croire que Laslous en tant qu’ancien homme politique, garde toujours une certaine indépendance vis à vis de l’ex-GSPC, ce qui lui laisse une marge de liberté d’action et de décision.

Si l’ambassadeur russe à Alger a écarté la thèse d’un attentat terroriste contre les intérêts russes en Algérie, vu que le bus transportait aussi des citoyens algériens, il apparaît cependant clair, que les différentes factions terroristes sont en voie de se fondre dans la nébuleuse Al-Qaida et qu’il est fort probable que ces Algériens tués dans l’attentat, ne sont que des victimes colatérales. Cela s’explique peut-être par la nature même du forfait : El-Qaida chercherait vraisemblablement, l’élargissement de son action opérationnelle, mais aussi et surtout, concentrer ses cibles sur des objectifs ayant un cachet médiatique, comme l’attaque d’étrangers. Ce qui a poussé l’ex-GSPC à faire appel à la sous-traitance, en confiant ce rôle aux organisations limitrophes d’Alger.

Yassine Mohellebi

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