Réveil de l’oued Sahel

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Il y a plusieurs décennies-depuis 1972 précisément-qu’on n’a pas enregistré un taux aussi élevé de la pluviométrie frôlant les 200 mm, et d’une seule traite. Des pluies torrentielles se sont étalées sur plusieurs jours, sans interruption, à tel point que les ruisseaux sont entrés en crues, même ceux asséchés depuis plus de 30 ans. Si le phénomène est tout à fait nouveau pour l’actuelle génération, les anciens par contre évoquent de leur temps des périodes de pluie qui duraient 15 à 20 jours avec la même densité actuelle. Ces personnes âgées expliquent ce changement de climat par le retour cyclique de la période “humide” qui revient selon eux tous les 36 ans, un fait confirmé par les spécialistes en la matière avec plus de précisions en arrêtant la date du retour de cette “période humide” à l’année 2004. Les personnes du 3e âge prédisent même d’abondantes chutes de neige dans les années à venir. L’événement le plus spectaculaire produit par cette pluie est le réveil subit de l’Oued Sahel, dénommé “Assif-Amokran”. Situé entre deux chaînes de montagnes avec au nord le massif du Djurdjura et au sud la colonne de Chréa prolongée par une partie des Bibans, l’Oued Sahel fait office de “collecteur naturel géant” des eaux venant des dizaines d’Oueds des deux côtés et qui viennent renflouer son cours d’eau, un gigantesque spectacle que seule dame-nature peut produire, aussi éblouissant qu’impressionnant : on a soudain l’impression que la nature se réveille et se remette à vivre. L’entrée en crue des ruisseaux, en particulier ceux se jetant dans l’Oued Sahel, aurait des retombées positives incalculables tant sur le volet écologique que sur celui de la santé animale, végétale et celles aussi des populations qui sont fixées des deux côtés, le long de cette importante rivière, sur plus de 100 km, sachant qu’elle traverse la moitié de la wilaya de Bouira, côté Est tout le territoire de la wilaya de Béjaïa, d’Ouest en Est, jusqu’à la mer, en longeant la vallée de la Soummam.

Le courant d’eau se charge d’abord de nettoyer le lit de l’oued de toutes les impuretés et autres foyers de microbes qui se sont accumulées durant des dizaines d’années à faible pluviométrie ; ensuite, c’est le remplissage des nappes phréatiques de toute la vallée du Sahel et celle de la Soummam. Enfin, le plus important encore ce sont les séquelles de la catastrophe écologique due à une extraction effrénée et anarchique de sable et tout venant de l’Oued durant des dizaines d’années : les retombées d’une exploitation tardivement règlementée seront balayés d’un seul coup par ces crues qui renouvelleront les couches de sable et combleront les trous géants creusés par des pelles mécaniques, en un mot se sont les éléments naturels qui se chargeront d’une… “Remise en l’état des lieux” et réduiront les effets d’une catastrophe provoquée par… l’homme. Espérons que d’autres éléments naturels se manifesteront pour nous éviter une autre catastrophe beaucoup plus menaçante et d’envergure planétaire dont l’origine est toujours l’homme qui par son inconscience, son entêtement et enfin son acharnement a fini par provoquer un trou dans la couche d’ozone.

O. S.

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