Sarkozy propose l’“alliance” GDF/Sonatrach

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Le projet du candidat UMP à la présidentielle française d’adosser Gaz de France à Sonatrach, serait à bien des égards une ambition sarkozienne, d’abord avant d’être une option stratégique d’Etat qu’annonce Sarkozy, s’il était élu président, en mai prochain.

C’est que le représentant de la droite française, à l’égard des autorités politiques algériennes a tout l’air de susciter, du moins au niveau du discours, quelque embarras de par, plus que sa perception, son implication dans la démarche révisionniste relative à  » l’apport  » du colonialisme français à son ex-colonie. Une position qui paraît aux antipodes de celle de la candidate socialiste, Ségolène Royal, par la voix d’un Jack Lang, notamment.

Lors d’une conférence à Alger, qui a eu pour thème  » reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation  » en Algérie, L’ancien ministre de la Culture déclara :  » Il faut réformer les manuels scolaires français qui présentent une histoire idyllique du colonialisme  » et inviter à  » décoloniser les mentalités  » avant d’appeler clairement au  » un devoir de réparation historique « .

Une divergence de vues sur la question d’autant plus profonde quant à l’état des futures relations algéro-françaises post-élections présidentielles de mai, que l’Algérie en est à conditionner en tant que décision stratégique, toute avancée majeure dans les rapports bilatéraux par un acte publique de repentance de la France officielle à l’endroit de l’Algérie.

Or, Sarkozy, n’étant pas homme à se désavouer, ne pourrait non plus se payer le luxe de s’aliéner un partenaire aussi peu ordinaire que l’Algérie, tant du point de vue géopolitique qu’économique.

Le dilemme, si l’on s’en tient à sa proposition, développée par Patrick Devedjian dans les colonnes du journal Le Monde, trouverait sa solution à travers un échange bilatéral d’envergure, l’adossement de Gaz de France à Sonatrach, qui, outre les avantages commerciaux du pétrolier algérien, vaudrait à l’Algérie le savoir-faire français en matière de coopération dans le nucléaire civil, entre autres, Sarkozy, ayant d’ailleurs encouragé Alger à développer ce secteur bien avant sa proposition d’une alliance GDF/Sonatrach.

Démarche astucieuse s’il en est, dans la mesure où, cette dernière, outre qu’elle pourrait alléger l’hypothèque politique du révisionnisme historique qui pèse sur les relations bilatérales, permettrait à Sarkozy de se sortir de la controversée option de privatisation de la compagnie française, prélude et condition à sa fusion avec Suez, qui semble d’ailleurs pas particulièrement enthousiaste à s’y résoudre si l’on en croit M.Devedjian. Il a en effet déclaré au Monde que  » L’Etat français ne peut être pieds et poings liés à une décision des actionnaires de Suez, qui ne se sont toujours pas prononcé sur la fusion avec GDF « .

Par ailleurs, l’option se veut aussi un stratagème de torpiller quelque velléité que caresserait le géant russe de monopolisation de la commercialisation du gaz à travers son alliance avec l’Algérie, qui n’en finit pas d’inquiéter l’UE.  » Mettre en concurrence le gaz algérien avec le gaz russe « , selon Devedjian, comme autre objectif de l‘option d’alliance, paraît tout de même peu probable, tant le duo algéro-russe en matière de coopération énergétique, semble relever d’enjeux bien au-delà de l’offre sarkozienne.

Hakim.O.

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