La Dépêche de Kabylie : Présentez-vous au grand public algérien…
Rachid Agoudjil : Je suis médecin spécialiste en gastro-entérologie. Je suis inscrit au tableau national de l’Ordre des médecins à Paris, et titulaire des diplômes universitaires sur les politiques de la santé et celui de l’économie de la santé.
Je suis membre fondateur de l’Union syndicale des étudiants algériens de France, président d’honneur de l’association Solidarité et développement et de l’association Solidarité et coopération. Je suis également président de l’association Société civile-citoyenneté et du mouvement des Algériens en France.
Pourquoi avez-vous organisé un gala au Zénith de Paris ?
Nous avons organisé au Zénith de Paris un grand gala avec une prise de parole pour informer, faire participer et développer notre action en expliquant les objectifs de notre mouvement. L’accueil a été chaleureux et l’attention pour ce que nous faisons est très révélateur de l’attente de nos compatriotes.
Quels sont les objectifs de votre mouvement ?
Les Algériens de France vivent une période qui bouscule l’habituel, toute une génération manifeste sa présence par différents moyens et dans différents secteurs, c’est le propre d’une participation spontanée et naturelle.
Cependant, il existe encore certains espaces qui ne sont pas encore très démocratisés où la culture ancienne est toujours présente dans l’espace politique. La révolte légitime de la société civile qui aspire à une meilleure représentativité et à une justice sociale est là pour nous rappeler que le citoyen est un élément sur lequel l’autorité doit compter et sa participation à la gestion et aux décisions qui engagent l’avenir du pays n’est qu’un retour à une normalité dans le fonctionnement démocratique. En effet, la représentativité des Algériens de France dans l’exercice de la responsabilité n’est pas une pratique courante ni une culture spontanée, d’où la nécessité de s’organiser à travers un idéal commun et dont la finalité pour chacun est d’acquérir une légitimité par la responsabilité, l’engagement et la promotion des idées. L’émergence de la responsabilité renforce les libertés fondamentales, développe la réflexion et implique la société civile dans la gestion quotidienne.
Cette participation active dans la vie politique et de la cité revalorisera le citoyen de l’autre rive, et l’image qu’on nous montre sans cesse d’une frange égoïste soit à jamais bannie des esprits.
Vous voulez être présent aux élections législatives de mai 2007 ?
Eventuellement, si les circonstances s’y prêtent et nous organisons au mois d’avril 2007 un grand festival de la chanson kabyle les 7, 8 et 9 avril au grand chapiteau du Cabaret sauvage à Paris.
La journée du 8 avril sera consacrée à la politique avec, d’un côté le soutien que notre mouvement apporte à une candidate à l’élection présidentielle en France et qui sera présente avec beaucoup d’élus (il ne faut pas perdre de vue ce qui se passe en France, le lobbying ne néglige aucun espace, il fertilise toutes les parcelles et le temps devient le compagnon idéal) et l’autre partie de la soirée sera consacrée aux législatives en Algérie et nous inviterons les partenaires avec lesquels nous aurons conclu des accords.
En quoi consiste votre travail politique en France ?
Redorer le blason de l’Algérie et lui donner la place qu’elle mérite dans l’échiquier mondial. Créer les relais nécessaires pour faire profiter l’Algérie de la matière grise de ses enfants qui sont éparpillés un peu partout, donc inefficace pour leur pays. Créer les réseaux pour développer les thématiques et donc se doter d’une stratégie d’adaptation efficace. Créer les repères pour préserver et améliorer nos valeurs et permettre un enracinement intelligent et utile pour les générations futures.
Se doter d’une ligne politique qui permet d’un côté de consolider la pensée, de fructifier les espaces et de l’autre, convaincre les partenaires. C’est dans la lucidité et la conviction qu’on évolue sans être montré du doigt ni être stigmatisé. La passerelle entre les Algériens de France et leur pays se fera tout naturellement. L’Algérie se relèvera car nous serons dans une autre approche avec un autre état d’esprit, celui de vouloir construire son pays et de le porter haut et fort dans le reste du monde. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à une Algérie éternelle.
Quel sont dans votre programme politique les priorités pour relever l’Algérie?
Il y a plusieurs chantiers à travailler sérieusement.
1- La petite enfance, l’école, l’université et la recherche :
L’évolution de l’Algérien né aujourd’hui est déterminée par ce premier axe, si on veut une Algérie intelligente, on doit se donner les moyens et surtout savoir quel type de citoyens nous voulons pour l’Algérie.
Il doit y avoir une harmonie entre les constantes citoyennes et celles du progrès et de la science. L’école ne doit pas être un espace de contrainte mais celui où chacun avec sa différence apporte un plus à l’ensemble.
2- La santé, la solidarité et l’environnement :
On ne peut avancer, rester debout, avoir ses facultés pour s’épanouir dans le travail et dans la vie privée si la santé de chaque Algérien n’est pas prise au sérieux. On doit absolument améliorer la qualité des soins et cela ne se décrète pas, on ne se réveille pas un matin, étant aux responsabilités et décider de l’amélioration de la qualité des soins.
Il faut créer les conditions et pour cela, il faut une réforme du système de santé :
– Amélioration dans la formation du paramédical
– Responsabiliser les chefs d’établissement avec contrôle des établissements en mettant en place un système d’accréditation dans le cadre de la prévention au niveau des établissements scolaires, des établissements publics et privés.
– Amélioration des conditions de travail par la formation des comités d’hygiène
– Mettre en route la recherche scientifique, elle est le garant de la bonne évolution de la mentalité et des comportements au quotidien
– Tisser des partenariats pour entretenir la qualité de la pratique médicale
– Créer une culture de la santé par la vulgarisation de l’information médicale et scientifique
– Permettre aux citoyens d’acquérir le DMIG santé pour que le niveau d’hygiène et de propreté du quotidien prenne le même escalier que l’amélioration des conditions de l’exercice de la santé et donc de l’amélioration de la qualité des soins.
Et bien sûr, je ne peux énumérer tout le projet santé pour l’Algérie, ça nous prendra beaucoup trop de temps. L’environnement est un repère qui sépare l’égoïsme individuel de celui de l’intérêt et du bien-être de tout le monde. Se préoccuper de l’environnement, c’est franchir un palier dans l’expression de la pensée positive : se préoccuper de sa santé, de son hygiène, de son espace renforce les relations humaines.
La solidarité, c’est la culture du savoir-vivre pour l’intérêt général, elle doit être présente à tous les niveaux, à l’école, en économie, dans le système de santé, dans le travail et l’emploi…
3- la relance économique par l’investissement : on doit lancer les grands chantiers pour transformer le pays, créer l’envie et la fierté chez nos compatriotes. On doit revoir les systèmes qui régissent la fiscalité des PME, car elles sont un gisement pour l’emploi et on doit être plus à l’écoule d’une PME qui crée de l’emploi que pour celle qui ne le fait pas.
Sans oublier la culture, les institutions…
Quelle est la place de la laïcité ?
La foi est en soi, donc elle doit être en harmonie avec l’ère du vécu, l’équilibre pour le croyant respectant la laïcité se trouve entre les données divines et les données rationnelles, trouver cet équilibre, c’est trouver cet hybride entre le cœur et la raison. La croyance est personnelle, elle doit rester sacrée, loin de toute les manipulations qui ne font en réalité que la mettre dans le même panier de la surenchère. Ce qui nous éloigne de la spiritualité.
Pensez-vous que le moment est venu pour les anciens de laisser la place aux nouveaux comme vous ?
L’exercice du pouvoir doit faire réfléchir en post-gouvernement sur ce qui n’a pas été réalisé, sur les citoyens laissés pour compte, sur les lacunes, sur l’intelligence en jachère qui cherche sans aucun repère un itinéraire une identité pour son épanouissement.
On ne peut fertiliser un espace économique, politique et culturel, si les ingrédients ne viennent pas du champs social.
Que pensez-vous du rapprochement de certains partis politiques dit démocrates avec les islamo-conservateurs ?
L’exercice du pouvoir doit faire réfléchir sur la portée des alliances éphémères et les circonstances, car on ne peut jouer au porte-parole d’une certaine option politique et courir à tout va pour un objectif de pouvoir pour le pouvoir.
Quel est votre souhait ?
Mon seul souhait c’est de servir l’Algérie et mon peuple.
Quel est votre agenda ?
Je serai en Algérie dans quelques jours pour discuter avec des personnalités politiques et surtout me remettre dans nos réalités que je sais très dures.
Comment prendre contact avec vous si des politiques ou des citoyens veulent vous rencontrer ?
La seule façon c’est de m’envoyer un e-mail, mon équipe et moi-même ferons le nécessaire. Mon e-mail : aseld@vol??.fr.
Entretien réalisé par L. B.