L’Algérie présenterait, au vu des réformes engagées, « le meilleur marché de la sous-région en termes de sécurité et de rentabilité de l’investissement ». C’est ce qu’a affirmé, jeudi dernier, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, à Alger lors d’une rencontre d’affaires algéro-espagnole. « Les entrepreneurs espagnols, parmi les plus dynamiques au monde, vont investir dans des pays aussi lointains que le Brésil ou la Chine, alors que l’Algérie toute proche présente de remarquables avantages en tant que pays potentiellement riche dans la sous-région », a ajouté le ministre devant un parterre d’hommes d’affaires représentant au moins 80 des plus grandes entreprises espagnoles et qui accompagne le roi d’Espagne, Juan Carlos 1er, dans sa visite en Algérie. Les opportunités d’affaires entre les deux pays « sont nombreuses », a encore affirmé le ministre en soutenant, dans cet esprit, que l’Algérie désire à la fois attirer les investissements délocalisés et même « passer de l’autre côté » (de la Méditerranée) pour y investir de l’argent algérien. Il dira que les deux capitales « se doivent de mettre en place de véritables passerelles entre les deux pays pour faciliter et développer les investissements et le commerce ». Les deux gouvernements sont « conscients de cette nécessité économique et la présence d’un nombre aussi important d’hommes d’affaires espagnols prouve amplement que nous avons un futur commun », a accentué le ministre.
De son côté, le ministre espagnol de l’Industrie, du Tourisme et du Commerce, M. Juan Carlos Mathieu, a mis en avant « la nécessité d’un rapprochement économique et social » entre l’Algérie et l’Espagne qui doivent, nécessairement établir « une alliance stratégique ». Selon lui, le volume des échanges commerciaux entre ces deux pays est passé de 1,5 milliard d’euros en 1990, à quelque 5,5 milliards d’euros en 2006. « Ce bond extraordinaire traduit à lui seul le formidable marché existant entre les deux pays, un marché par ailleurs loin d’être exploité d’une façon optimale », a estimé M. Mathieu. De plus, le même responsable n’a pas manqué d’ajouter que l’Espagne a connu un profond changement économique ces dernières années, et que l’Espagne des entreprises » est aujourd’hui très proche de l’Algérie et place ce pays parmi les pays prioritaires au même titre que le Japon, le Brésil et d’autres pays émergents. M. Mathieu estime que cette rencontre est aussi une occasion d’augmenter les échanges entre les deux pays, et que l’Espagne veut collaborer et s’intégrer davantage dans les grands projets de développement de l’Algérie”. Pour lui, les entreprises espagnoles présentes aujourd’hui à Alger sont « les meilleures ambassadrices des excellentes relations liant les deux pays ».
Le président de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), Brahim Bendjaber, a pour sa part mis en évidence la relative faiblesse des investissements espagnols en Algérie, estimés à 950 millions de dollars à fin 2006 répartis sur 12 projets, notamment le dessalement de l’eau de mer et la construction d’une centrale électrique hybride et, surtout, un projet d’ammoniac d’un montant de 750 millions de dollars. Le patron de la CACI estime que ces investissements ne reflétent pas les potentialités réelles qu’offre la coopération entre les deux pays, a-t-il dit, invitant les investisseurs espagnols à s’impliquer davantage dans « l’immense marché algérien ». Les échanges commerciaux bilatéraux sont estimés, quant à eux, à quelque 5,5 milliards de dollars dont plus de cinq milliards d’exportations algériennes contre 459 millions de dollars d’importations, d’après les données de M. Bendjaber. De son côté, le vice-président de la Confédération des entrepreneurs espagnols (CEOE), M. Carlos Perez de Bricio, a fait ressortir les possibilités pour les entreprises de son pays d’investir dans des créneaux prometteurs tels que l’industrie pharmaceutique, l’énergie, les ressources en eau et les transports.
Par ailleurs, cet opérateur s’est fait l’écho de la « satisfaction » des hommes d’affaires espagnols face aux résultats des réformes structurelles opérées sur l’économie algérienne et devant l’ampleur des projets d’investissement programmées par l’Algérie pour les prochaines années à plus de 100 milliards de dollars dans de gigantesques projets d’infrastructures. De l’avis du représentant du patronat espagnol, l’économie nationale offre aujourd’hui une « meilleure image » qu’a bien reflétée, selon lui, la rencontre sur la compétitivité méditerranéenne, tenue fin février à Valence (Espagne) où les PME-PMI algériennes auraient fait « bonne figure » La rencontre des chefs d’entreprises algériens et espagnols, dont le principal objectif était d’encourager « les investissements et la coopération » entre les deux Etats voisins, s’est déroulée en partie en présence du Roi d’Espagne et du chef du gouvernement algérien, M. Abdelaziz Belkhadem, ainsi que des ministres des deux pays. Quelque 80 entreprises espagnoles, parmi les plus importantes, étaient représentées au plus haut niveau à cette rencontre, dont Gas Natural, Repsol et Alimentos Naturales.
Kahina Oumeziani