Art et mythologie

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C’est l’une des plus vielles légendes connues par l’humanité. Elle continue d’inspirer les poètes, les écrivains et même les peintres. C’est un incommensurable labyrinthe de beauté et de magie.

Vénus dans la mythologie romaine représente la déesse de l’Amour et de la Beauté, assimilée à Aphrodite chez les Grecs. À l’origine divinité des Jardins et des Champs, Vénus voit sa figure se confondre avec celle d’Aphrodite aux environs du IIe siècle av. J.-C. Sa légende reprend alors les attributions et les épisodes de la déesse grecque. Comme son équivalente grecque, Vénus naît, nue, de l’écume des flots. Déesse d’une beauté absolue elle est l’épouse de Vulcain, le dieu forgeron boiteux. Les différents épisodes de sa légende lui attribuent de nombreux amants, divins comme mortels. Avec le dieu de la Guerre Mars, elle conçoit Cupidon, dieu de l’Amour ; avec Bacchus, dieu de la Vigne et du Vin, elle donne le jour à Priape, dieu de la Fertilité ; de ses amours avec le Troyen Anchise naît Énée, considéré comme le fondateur de la civilisation romaine. Vénus conçoit également une passion dévorante pour le mortel Adonis, connu pour son extraordinaire beauté, et qu’elle dispute à Proserpine, reine des enfers. Vénus, qui n’est à l’origine qu’une déesse mineure des Jardins, devient, après son assimilation à l’Aphrodite grecque, un personnage important du panthéon romain. Elle symbolise le printemps, saison des amours de la plupart des animaux, pendant laquelle la nature renaît. Des fêtes en son honneur ont lieu en particulier au mois d’avril. Le vendredi, en latin ; Veneris dies, est le « jour de Vénus ». Jules César, en plaçant sa famille — la gens Julia — dans la descendance directe de Iule, fils d’Enée, s’attribue un lien de parenté directe avec la déesse. L’édifice principal du Forum qu’il fait construire à Rome est d’ailleurs le temple de Vénus Génitrix — la déesse est, souvent, vénérée en sa qualité de mère d’Énée. Vénus est également adorée sous d’autres identités : Vénus Félix apporte la chance, Vénus (Victrix) ; la victoire, tandis que Vénus ; Verticordia, protège la chasteté féminine.

Dans l’art antique, citons tout particulièrement la célèbre Vénus de Milo (qui, datant de l’époque hellénistique, représenterait en fait la grecque Aphrodite). L’art romain compte également de nombreuses Vénus, adaptations ou copies d’une Aphrodite du sculpteur grec Praxitèle. Les néoclassiques ont eux aussi été inspirés par la figure de la déesse — avec par exemple la Vénus italique de Canova (1810, palais Pitti, Florence). À partir de la Renaissance, avec l’intérêt renouvelé pour les arts antiques, Vénus, symbole de la séduction, devient l’un des personnages mythologiques les plus représentés. Elle est souvent figurée nue, dans des toiles d’une grande sensualité. La Naissance de Vénus de Botticelli (vers 1485, galerie des Offices, Florence) est sans doute l’une des œuvres les plus célèbres la représentant. Le peintre fait également de la déesse le personnage central du Printemps, où elle est entourée par d’autres êtres mythologiques : Cupidon en angelot tenant son arc bandé, Flore, déesse des Fleurs et du Printemps, Zéphyr, le Vent d’Ouest, Chloris, les trois Grâces et Mercure, le messager des dieux. La plupart des grands maîtres se sont intéressés à la déesse de l’Amour et de la Beauté. Parmi les nombreuses œuvres dont elle est le seul sujet figurent notamment la Vénus d’Urbino de Titien (1538, galerie des Offices) — qui a aussi probablement achevé la Vénus endormie de Giorgione (vers 1508-1510, Gemäldegalerie, Dresde) — et la Vénus au miroir de Vélasquez (vers 1650, National Gallery of Art, Londres). Les différents épisodes de la légende de Vénus font également l’objet de nombreuses représentations. La déesse est ainsi mise en scène avec son fils Cupidon : Allégorie de Vénus de Bronzino (1540 – 1545, The National Gallery, Londres), Vénus et Cupidon de Cranach l’Ancien (vers 1540, Alte Pinakothek, Munich) ; avec son amant mortel Adonis : Vénus et Adonis de Véronèse (vers 1580, musée du Prado, Madrid) ou Vénus et Adonis d’Annibal Carrache (1588-1589, musée du Prado, Madrid) ; avec son époux Vulcain : Vénus demandant à Vulcain des armes pour Énée de François Boucher (1732, musée du Louvre) ; avec le héros Énée, à qui elle fournit les armes réalisées par le dieu forgeron : Vénus en chasseresse apparaît à Énée de Pierre de Cortone (1630-1635, musée du Louvre).

Y. C.

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