Les priorités du RCD

Partager

Le leader du RCD, le Dr Said Sadi était, samedi, l’invité du Forum de la télévision nationale.

Se disant satisfait du déroulement du dernier congrès, où il y a eu, selon lui, une forte participation de militants venus de toutes les contrées du pays et de France, l’orateur a mis en exergue les grandes lignes qu’a tracées sa formation pour la campagne électorale en prévision des prochaines élections du 17 mai. Le Dr Sadi a axé son intervention sur la lutte implacable contre la corruption dans tous les secteurs. « Le peuple a perdu confiance en les institutions du pays. La lutte contre la corruption devient un problème national et nous sommes disposés à travailler avec les partis politiques pour l’éradiquer définitivement », a-t-il déclaré, en soulignant l’exemple de la justice qui doit être profondément reformée. Le second thème qu’a abordé Sadi est celui relatif à la culture politique de l’Assemblée populaire nationale (APN) : « il faut créer une nouvelle culture politique à l’APN », en posant la problématique du rôle de la justice et de l’administration publique en général. Le chapitre historique et du mouvement national n’a pas été en reste, puisque M.Sadi a suggéré que la société doit connaître le mouvement national et l’histoire de son pays pour, a-t-il renchéri, une véritable construction d’un Etat social et démocratique.

A une question sur les orientations adoptées par le parti depuis sa création, où le journaliste a listé les positions contradictoires du RCD allant de la rupture avec les islamistes à la disponibilité affichée aujourd’hui à discuter avec eux, en passant par les boycotts d’échéances à la participation, et enfin de son plein soutien au président de la République avant de devenir son ennemi juré, le Dr Sadi a justifié ses positions par l’évolution de la scène politique nationale et les mutations profondes qu’a subies la société. « La politique c‘est un programme. Nous ne sommes pas contre un parti politique travaillant dans le cadre des lois de la République », a déclaré M. Sadi et d’ajouter qu’ « en 1999, le président Bouteflika avait tous les atouts nécessaires pour réussir une transition. S’il avait saisi l’occasion, on n’en serait pas là aujourd’hui avec ce lot de chômeurs, de violence et de délinquance », a-t-il déploré, revendiquant au passage un plan Marshall pour la jeunesse algérienne.

Revenant à la saignée que subit le RCD par la démission de très nombreux militants et de cadres, dont celle de M.Lounaouci, dernièrement, n’est pas des moindres, le leader du RCD renvoie la question, en se demandant s’il existe un parti politique dans le monde qui a, durant tout son parcours, gardé les mêmes militants et cadres, précisant que M. Lounaouci a peut-être préféré s’engager dans un autre combat que celui partisan. Il a justifié sa mainmise sur le parti depuis son avènement par le fait que présider un parti d’opposition n’est guère chose facile, et ne serait nullement un privilège.

Par ailleurs, le FFS en a eu aussi pour son grade, puisque le Dr Sadi lui a reproché de ne pas avoir présenté d’alternative : « quand vous dites non aux législatives en prenant part aux dernières élections locales, il faut quand même présenter une alternative (…) je pense que le risque de fraude est présent, mais je pense aussi que le boycott n’est pas une solution », en soutenant que c’est la population qui a sollicité la participation de son parti car, « cette dernière a longtemps souffert des conséquences du boycott ». Il se dit ne pas être contre la participation des délégués des archs aux prochaines élections du moment que la loi les y autorise.

Regrettant l’amalgame entre l’islam et l’islamisme, l’orateur dira que l’islam maghrébin est le plus paisible, en suggérant « un islam démocratique pour notre pays et la consécration du droit à l’égalité entre les deux sexes ».

Il avance dans le même ordre d’idée que l’Algérie possède les capacités d’être le premier pays démocratique arabe, et qu’il est temps de produire un changement, dans un cadre pacifique.

En outre, M.Sadi tout en se disant ne pas être contre l’amendement de la constitution, se demande si l’on doit en confectionner une pour chaque président, en préférant attendre de voir son contenu.

Il a réitéré sa position concernant le projet d’Alexo d’Amizour, en soutenant qu’une commission d’enquête du ministère de l’Environnement a clairement établi la non-dangerosité du site, prenant le contre-pied de la position de la population locale.

L’affaire Matoub Lounès a été aussi évoquée dans les débats, lorsqu’un journaliste s’est demandé comment le RCD avait revendiqué une commission d’enquête sur l’assassinat de Boudiaf alors qu’il n’a pas fait de même pour le Rebelle. Et à M.Sadi de répondre que le dossier de Matoub était entre les mains de la justice, tout en affirmant ne pas faire confiance à cette dernière.

Cependant, le point noir de cette rencontre fut les insultes proférées par le leader du RCD à l’encontre de certains journalistes et quotidiens, particulièrement lorsqu’on lui a demandé sa réaction sur les accusations ouvertes énoncées par quelques délégués des archs concernant l’assassinat de Hakim Allouache, frère du délégué Rachid Allouache à la veille des présidentielles de 2004. Pour rappel, Said Sadi a publiquement déclaré sur BRTV que Hakim Allouache, asphyxié dans son kiosque à Fréha par le neveu du Dr Sadi, avait en sa possession des posters de M. Bouteflika, président-candidat à l’époque. Ce que Said Sadi a tout bonnement nié avant-hier sur le plateau de l’ENTV. Ne retenant pas sa colère face à ses contradictions avec son passé récent, M. Said Sadi s’est lancé dans l’injure qui malheureusement nuit à l’image des autres courants démocratiques du pays. Mal lui en prit, il ne s’est pas servi de la devise qui dit qu’ »un homme intelligent doit toujours garder son calme ».

Yassine Mohellebi

Partager