Une trentaine de personnes, représentant les quelque 8 000 citoyens originaires de la wilaya de Bouira, dont les fusils de chasse ont été confisqués en 1993, se sont rendus hier matin à Alger, pour observer un sit-in devant le ministère de l’Intérieur. Un sit-in qui n’aura pas lieu car le bus et ses passagers ont été contraints de rebrousser chemin, sous escorte policière, tandis que cinq délégués étaient reçus par le directeur de cabinet du ministre. Pour rappel, depuis près de cinq années, les propriétaires de ces fusils n’ont eu de cesse d’interpeller les autorités civiles et militaires pour leur rendre leurs biens. Sur les 12 000 fusils confisqués à l’époque à travers la wilaya de Bouira, près de 4 000 ont été restitués à leurs propriétaires alors que les 8 000 autres attendent toujours.
Pour rétablir cette injustice flagrante, les protestataires se sont adressés à toutes les instances du pays. Du wali, au commandant de secteur, en passant par les ligues des droits de l’Homme, les doléances de ces citoyens n’ont toujours pas reçues d’échos favorables. Ces citoyens, dont l’âge varie entre 60 et 80 ans, et dont la plupart sont d’anciens moudjahiddine, ont même été jusqu’à solliciter l’intervention du président de la République. A souligner qu’au mois de mars 2006, quatre délégués septuagénaires avait été reçus au ministère de l’Intérieur, et le directeur de cabinet du ministre avait promis que les armes leur seraient restituées au plus tard au mois de juillet. Huit mois après l’expiration de ce délai, c’est une délégation déterminée qui s’est rendue à Alger pour exprimer son mécontentement. Une fois sur place, seulement cinq personnes ont été invités à prendre attache avec le directeur de cabinet. Ce dernier les recevra et leur promettra une fois de plus, de transmettre les doléances au ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. Pour les personnes concernées que nous avons contactées, il s’agit là d’une discrimination sans ambages: ‘’Cette politique de deux poids, deux mesures est perçue comme une insulte de plus envers nous. Nous avons combattu le colonialisme et nous nous retrouvons aujourd’hui victimes de l’injustice de nos dirigeants’’.
Hafidh B.