Les incohérences de Ghlamallah

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M. Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses, a, lors d’une conférence de presse au CIP, lundi, tellement fait dans la nuance sur la question de la participation des imams aux prochaines législatives, qu’un confrère n’a pas hésité à poser l’affirmation en titre de  » Une « , en le lui attribuant, que nos prêcheurs sont autorisés à participer aux élections. Nos prêcheurs es qualité, s’entend.

Force est de reconnaître que la déduction n’est pas hâtive, c’est le moins que l’on puisse dire, si l’on s’en tient à la déclaration du ministre :  » Ceux qui décideront de se porter candidats aux élections doivent cesser leurs activités en tant qu’imams pendant la période de la campagne électorale « . Ainsi, il est à comprendre que grâce à cette restriction, l’imam postulant à un strapontin électoral n’en serait plus un, dès qu’il lui faudra le temps d’une campagne changer…de minbar ! Son auditoire, dont les milliers de fidèles au sein de sa circonscription, devront aussi, quand bien même, ils auraient bu ses paroles de prédicateur avant, oublier son profil professionnel et/ou… militant, pour ne voir que le candidat, mais dont on imagine sans peine le contenu autant que la tonalité du discours électoral, déformation professionnelle oblige. Mais qu’importe : le ministre du culte, n’y verrait pas de péril outre mesure, puisque l’imam, haranguant ses fidèles hors de sa mosquée n’en serait donc plus un…forcément !

Ce sont autant d’incohérences, à la limite cocasse, qui découlent fatalement d’une pusillanimité politique d’un gouvernement, qui se veut audacieuse pourtant. A savoir, la perspective de faire adopter un nouveau projet de loi dont on a pensé trop vite, qu’il instituerait franchement l’interdiction aux imams de s’engager en politique, et donc aux joutes électorales. Mais c’était sans compter sur les seules motivations tacticiennes, apparemment, qui ont motivé le projet de Bouabdallah Ghoulamallah. Il s’agit, sans nul doute, de contenir la mouvance radicale et hérétique des imams algériens, dont certains, par exemple, étaient allés le mois de Ramadhan dernier, jusqu’à défier l’horaire algérienne autorisant la rupture du jeûne, pour s’aligner sur celui de l’Arabie Saoudite.

Toutes proportions gardées, la tentative bancale de M. Ghllamllah à l’encontre de l’instrumentalisation des mosquées à des fins électorales, a quelque similitudes avec le légalisme du ministère de l’Intérieur, mettant un Djabballah dans l’impossibilité de prétendre à une participation partisane aux élections. Dans ce sens où la probabilité de son inégibilité en tant que MRN, salutaire au demeurant, n’interdit nullement, à un MSP d’envisager en toute impunité de porter sur ses listes des ex-terroristes.

En somme, c’est tout simplement la question de la sécularisation du politique qui se trouve au cœur du débat, si problématique, qu’on s’emmêle les pinceaux. Pire, les tentations électoralistes sont telles, que même les champions autoproclamés de la laïcité, dont l’un de leurs leaders s’en est allé jusqu’à mépriser la communauté chrétienne d’Algérie en la qualifiant de  » deux chats  » !

Hakim O.

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