Larbi Tighilt, l’amoureux de tamazight

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Universitaire formé en psychologie — c’était un crack dans ce domaine, nous informa ému son ami, Hamid Boulahrik, journaliste — Larbi Tighilt, n’a pu exploiter ce don, et ses connaissances bien que rudimentaires, en tant que conseiller d’orientation dans une institution éducative, car n’ayant pu décrocher un emploi où il aurait fait valoir pleinement ses capacités. Il se consacrera plutôt à sa grande passion, celle d’enseigner tamazight aux jeunes de son village natal M’liha sur les hauteurs des montagnes Chellata. Concernant toujours tamazight, il activera, selon l’écrit de son ami Mouloud Sellam, au comité, de soutien pour le peuple touareg.

Dans l’écrit de cet auteur, celui-ci est “qualifié de fonceur infatigable depuis les années 80, menant des luttes dans tous les sens. Mais il fréquentait ses aînés dans le domaine politique et culturel bien avant 80. Il était membre actif du MCB (Mouvement culturel berbère), lycéen au lycée Debbih-Chérif d’Akbou de 1980 à 81, puis à l’université de Constantine”. Ainsi, apprend-on que ce fondateur de l’association du village, Association Tanekra (Révolte) adorait les émissions culturelles de la chaîne 2, surtout celles animées par le grand poète Ben Mohamed.

Il était fan de grands chanteurs amazighs algériens. Des amis le décrivent comme étant un démocrate convaincu, berbériste dans le sang, très modeste cependant. Larbi Tighilt est né dans une Algérie fraîchement indépendante : le 21 janvier 1963. Il vivra une enfance modeste dans son village natal M’liha. Il sera scolarisé en 1969 à l’école mixte de cette bourgade. Déjà qu’il était armé d’intelligence et de volonté. Ce qui l’aidera à franchir et à escalader les paliers de l’éducation, narrait Mouloud Sellam dans son manuscrit. A l’université d’Alger, il écrira la nouvelle Ma maladie que ses amis de Temakra ont, par sagesse, publié sous forme de petite plaquette en 1993, nous informe-t-on. Le défunt a travaillé comme 1et adjoint, durant seize mois, à l’APC de Chellata. Ses amis nous diront qu’il fut, vers la fin de sa vie victime d’une grande dépression.

“L’amère réalité de se retrouver dans un environnement brusquement hostile et étranger, méconnaissable, un entourage incompréhensif, aurait déclenché cette dépression. Meurtri dans ses aspirations, bloqué dans ses espérances même sentimentales, il cédera au prix de sa vie”. Amers propos lus quelque part à travers l’exposition et repris par d’ex-amis du disparu. Il se donnera la mort tragiquement le 23 mars 1992 en allant à la rencontre d’un train. “Sa mort, plutôt son suicide, nous consternera car nous pensions qu’il était guéri”, nous explique un de ses cousins. D’autres le décrivent au paroxysme de la déprime. Quoi qu’il en soit, beaucoup de jeunes le vénèrent, faisant de lui un symbole et le pleurent encore en lui organisant des hommages.

Taos Yettou

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