Dimanche dernier, le chef de la daïra d’Aïn El Hamma, accompagné du vice-président de l’APC chargé de la commission sociale, s’est rendu à la cité coloniale pour se rendre compte par lui-même des conditions de vie des demandeurs de logements y habitant.
Les Micheletois l’appellent, cet ensemble d’une vingtaine d’habitations dont la plupart tombent en ruine, “la Cité”. Elle se trouve à la périphérie, entre la ville et le village d’Aït Sidi Saïd. Construite en 1958, elle a servi durant la guerre de libération à loger des officiers français ainsi que beaucoup de harkis. A l’indépendance, les logements étaient non seulement habitables mais représentaient un luxe pour les bénéficiaires de l’époque. Au fil du temps, l’état des maisons s’est beaucoup dégradé et les premiers habitants sont pour la majorité allés vivre plus confortablement ailleurs. Ainsi, au fur et à mesure que les habitations se libéraient de nouveaux occupants, dans le besoin, arrivaient, préférant “ces ruines” à la rue. Parmi les anciens de 1962, on nous dit qu’il ne reste que quelques-uns comme Hcicène. En 2007, la plupart des maisons qui sont encore debout ne le doivent qu’aux sacrifices de leurs occupants qui ne cessent de les rafistoler, faute de mieux. Nous avons accompagné le chef de la daïra dans sa tournée et ce que nous avons découvert dans ce quartier, à l’abri des regards, dépasse l’entendement. Si certains résidants ont pu garder aux lieux un minimum d’habitabilité, d’autres en revanche, vivent dans des conditions d’insalubrité inimaginables. Les lézardes des murs ou les toits en tôle ne sont pas des exceptions puisque la plupart des maisons sont concernées. Par contre, ce que nous trouvons inadmissible, c’est l’état de certains logements où l’eau de pluie pénètre par le toit, les murs et le sol. Nous avons surpris une maîtresse de maison en train de s’escrimer à éponger ce qui peut l’être. Ni le soleil qu’il fait dehors, ni le radiateur à gaz dont on n’a allumé qu’une plaque par souci d’économie ne peuvent assécher cette cellule. Fait paradoxal : les nombreux enfants qui y vivent semblent heureux et en bonne santé, malgré tout. Dans la maison d’à côté, c’est une vingtaine de personnes issues de trois générations différentes qui s’entassent dans quatre pièces sans carrelage ni plafond et dont les portes réduites à quelques planches mal assemblées laissent passer le jour et ne protègent plus rien. Comme si cela ne suffisait pas, on fait passer le réseau d’égout de la ville en pleine cour. Les regards collecteurs d’eaux usées y sont visibles, tout comme cet amas de boue fraîchement remuée qu’on ne peut éviter pour aller d’une chambre à l’autre. Le premier responsable de la daïra en est revenu scandalisé de voir des gens aisés demander des logements alors que parallèlement des enfants vivent dans de pareilles conditions. Il eut ces paroles significatives à l’adresse d’une locataire : “Vous ne vivez pas, madame. -“Je suis ici pourtant depuis plus de quarante ans”, répondit-elle. Peu de gens savent que même à Aïn El Hammam de nombreux citoyens que nous côtoyons quotidiennement souffrent de ne pouvoir offrir à leurs enfants un toit qui leur permettra de s’épanouir comme tous ceux de leur âge. Nous apprenons qu’en prévision de l’attribution des logements neufs, deux cents demandes sur plus de mille sont sélectionnés au niveau de la commission de distribution qui aura la lourde responsabilité de dégager 64 bénéficiaires.
Nacer B.
