« Les prix du pétrole sont actuellement à 5 % en dessous de la moyenne par rapport à l’année 2006 et si le niveau se maintient, nous aurons moins 5 % sur nos recettes, que nous pourrons cependant compenser par les revenus de la taxe sur les superprofits « , c’est ce qu’a déclaré Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines, qui était hier l’invité du forum d’El Moudjahid. Appliquée depuis le mois d’août 2006 sur les compagnies pétrolières étrangères, cette taxe devrait, selon Khelil, rapporter cette année pas moins de 1 milliard de dollars à l’Algérie. Concernant par ailleurs la coopération algéro-espagnole dans le domaine énergétique, celle-ci a eu la part de lion dans les interventions de l’ex-secrétaire général de l’Opep. En effet, il a nié d’un revers de la main l’information selon laquelle le consortium espagnol Repsol-Gas Natural, qui est lié avec un contrat de réalisation du projet GNL de Gassi Touil, aurait décidé de se retirer du projet. » Nous n’avons rien reçu de la partie espagnole concernant un quelconque retrait », a dit le ministre. Mais le problème, enchaîne Khalil, est que le consortium enregistre du retard et veut donc disposer d’un peu plus de temps, ce que les Algériens refusent. Pour étayer ses propos, l’orateur dira que ledit contrat a été attribué sur la base d’un cahier de charges dont les conditions ne peuvent être renégociées, car cela serait injuste vis-à-vis des autres compagnies qui ont soumissionné sans succès pour le projet. » Chaque retard est préjudiciable pour l’Etat algérien parce qu’il entraîne des retards dans les payements fiscaux et aussi pour Sonatrach qui a déjà négocié la vente de GNL avec les Américains » a-t-il précisé. Dans le même chapitre, le conférencier a tenu à affirmer que les pourparlers avec la partie espagnole concernent d’une part la renégociation des prix du gaz commercialisé vers l’Espagne à travers le gazoduc Maghreb-Europe, qui est de l’ordre de 9 milliards de m3, et d’autre part la commercialisation directe du gaz algérien sur le marché espagnol par la Sonatrach. Une fois de plus, le premier responsable de l’énergie dans notre pays est revenu sur le sujet qui a fait couler beaucoup d’encre ses derniers jours, à savoir la limitation du volume du gaz exporté vers l’Espagne, à l’ordre de 1 milliard de m3 sur les 2,9 milliards. » La compagnie nationale ne sera pas en position dominante et ne représente pas une menace puisqu’elle ne détiendra que 5 % du marché espagnol et que 43 autres opérateurs sont présents sur ce marché avec des autorisation sans restriction ». Par contre, ajoute l’hôte d’El Moudjahid, l’Italie n’a imposé aucune restriction à Sonatrach. » Elle pourra exporter directement sur le marché italien 4 milliards de m3 de gaz dont 2 à travers le gazoduc Enrico Mattei et 2 à travers le futur gazoduc Galsi « , a-t-il expliqué. Ce marché permettra à Sonatrach d’avoir « des relations directes avec les petites et moyennes entreprises de distribution, et aux consommateurs locaux d’avoir des prix moins chers « . Sur un autre chapitre, la question du cartel du gaz a été aussi évoquée par le ministre. A cet effet, il a fait savoir que les parties concernées par ce dossier « vont étudier l’idée et peut-être créer une Opep du gaz dans le futur ». Et d’ajouter que » le marché du gaz revêt certains aspects et caractéristiques différents de ceux du pétrole qui est un marché liquide où il n’y a pas besoin de contrats à long terme. » En bon connaisseur des questions énergétiques, M. Khelil dira que le marché du gaz, est régi par des contrats à long terme et négociés sur une période de 10 à 15 ans. Excepté le GNL, note le ministre, qui est vendu en spot. » C’est un secteur où il y a seulement 3 marchés importants mais qui ne sont pas interconnectés, à savoir l’Asie, l’Amérique et l’Europe « , a expliqué M. Khelil. Selon ses dires, même les chefs d’Etat ont exprimé ce souhait. » Les présidents Bouteflika et Poutine, ainsi que l’émir du Qatar ont exprimé le souhait de ne pas écarter cette idée « . Mais pour éviter toute équivoque à ce sujet, l’invité de la conférence a tenu à préciser que « l’Algérie est un pays fiable en terme d’approvisionnement en gaz de l’Europe et elle a même fait des efforts pour augmenter ses capacités d’évacuation vers le continent ».
Salah Benreguia