Un hommage aux femmes kabyles

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Le jeune Omar Belkacemi réalise en ce moment son deuxième moyen métrage, en kabyle de 52 minutes, dont le premier coup de manivelle a été donné à la maison de la culture de Béjaïa. Intitulé “Dihia” du nom de l’héroïne berbère, l’histoire de ce film ne reproduit pas le parcours de cette reine, comme le laisse entendre son nom, mais relate le vécu d’une femme kabyle, paysanne, courageuse dans un village isolé où la vie est des plus dures. Pour réaliser cette histoire, le cinéaste s’est inspiré d’une biographie authentique, celle de sa mère, et n’a pas attendu les financements qu’il espérait de la part des autorités et des opérateurs économiques, tant attendus. Selon le devis estimatif qu’il a établi, les dépenses s’élevaient à 1,6 milliards de centimes. Cette somme qu’il n’a pas pu amasser ne l’a pas découragé pour se lancer corps et âme dans le tournage qui se fait à Seddouk. Pour rendre un meilleur hommage aux femmes kabyles, Omar Belkacemi avoue qu’il s’agit là d’une biographie romancée de sa propre mère, avec une fin différente de cette qu’a vécu sa génétrice. l’héroïne de la fiction, est une femme triste, accablée par tant de souffrance qui trime dans une miséreuse petite maison kabyle avec son unique fils Ameziane. Entre les difficultés du quotidien tant matériels que morales (le poids de la tradition et le regard des autres qui lui rappellent son statut de femme seule et déniée) et un lendemain inquiétant, engendré par un système scolaire dans lequel son fils ne se reconnaît pas. Dihia ne voit pas le bout du tunnel. Et pourtant avec l’arrivée impromptue de son frère Mohand, elle réalisera que l’horizon pourrait bien s’éclairer. Dans cette production, les personnages sont personnifiés par Diana dans le rôle de Dihia, Chems Eddine pour celui d’Ameziane et Omar Belkacemi pour le rôle de Mohand, le frère de Dihia qui revient lui apporter les nouvelles de son mari, longtemps absent.Les comédiens, tous trois sont originaires de Tizi Ouzou. Pour Omar Belkacemi, l’ancien comédien du TRB qu’il a quitté en 1997 pour d’autres cieux, c’est un rêve qui se réalise. Agé de 37 ans, il en est à son deuxième moyen métrage, après “Les berbères en Tunis” (court métrage écrit et réalisé en 2003). Actuellement, après avoir étudié le cinéma et la réalisation, le jeune cinéaste s’établit en Tunisie. Et en plus de ces deux productions personnelles qu’il réalisa, Omar participa également à la réalisation d’une quinzaine de films. Son souhait est de voir son film “Dihia se commercialiser en Algérie et ailleurs. A travers ce film, Omar entend rendre hommage à toutes ces femmes “qui par leur courage contribuent à maintenir l’Algérie debout”, nous dit-il. Cette nouvelle expérience lui a appris qu’il est difficile de faire du cinéma avec peu de moyens dans notre pays.

Fatiha Lahiani

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