Al Karadawi autorise l’excision des filles

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Dans l’un de ces journaux religieux en vogue avec l’approche de l’Apocalypse, on trouverait parmi les innombrables colonnes qui encombrent l’une des pages de ce canard, une photo de Al Karadawi, connu jusqu’alors pour sa modération et son ouverture au dialogue, avec une petite info occupant moins de place que la plus banale, mais dont le contenu ne va pas sans choquer et susciter indignation et ressentiment. Dans un livre publié récemment, cet éminent cheikh d’Al Azhar déclare que  » la religion n’a pas pris une position claire et précise sur l’excision des filles mais je crois qu’il serait préférable de l’autoriser..  » ! Clarifions d’abord ce qu’est l’excision des filles. En fait, c’est une pratique semi-religieuse et essentiellement traditionnelle, connue depuis des siècles dans quelques sociétés arabes et africaines. C’est une ablation de la partie externe prépondérante du clitoris et de son capuchon et des petites lèvres. A la différence de la circoncision, l’excision est une pratique qui n’a rien d’hygiénique contrairement à ce que ses défenseurs prétendent ; son seul but est d’ôter à la femme tout désir, toute envie et tout plaisir sexuels et, en contrepartie, de préserver et d’améliorer le plaisir de l’homme. Hormis les conditions déplorables dans lesquelles se fait ce rite barbare avec le risque de décès immédiat, on peut observer d’autres effets plus diaboliquement affligeants. Une femme excisée deviendrait un souvenir de femme tout simplement, une dévote malgré elle, une créature inférieure conçue pour répondre aux besoins et aux exigences du mâle dominant. L’Islam, malgré ses largesses en matière de cruauté vis-à-vis des pêcheurs, n’a jamais poussé la barbarie jusqu’à autoriser ce genre de crimes méprisables. Sa Majesté Al Karadawi, quant à lui, semble profiter du non-dit des textes sacrés pour conférer son propre jugement ! Comble de dérision, le très honorable imam fait mine d’ignorer les méfaits de cette pratique et expose, au contraire, ses vertus et sur le plan hygiénique et sur le plan moral !

Celui que l’on considérait jusqu’ici comme le phare de la modération religieuse au milieu de cette cohue de fanatiques et de pervers, semble adhérer au culte satanique de ces derniers. Non seulement, c’est une honte pour ce désormais ex-grand chef religieux de contribuer au charlatanisme de ces journaux maudits, mais c’est encore plus scandaleux de consacrer une partie de son livre, censé adoucir et faire aimer l’Islam, pour l’autorisation de cette pratique que nul esprit normalement constitué et humaniste ne pourrait admettre… L’excision est un crime dont les auteurs mériteraient la peine capitale puisque la victime est bel et bien morte d’une mort plus cruelle, plus injuste et plus ambiguë que tous les meurtres dont on entend parler tous les jours… Un livre pareil, même signé par Sa Majesté Intouchable, devrait être interdit par toutes les institutions soucieuses de préserver l’humanité contre cette nouvelle culture de terreur et d’obscurantisme.

En Algérie, le ministère de la Culture devrait interdire la vente de ce livre dans nos librairies, déjà infestées par moult écrits pestilentiels de ce genre…

Enfin, disons-le une bonne fois pour toutes : la religion est un code pénal, peut-être indispensable à la vie des humains mais nulle constitution aussi  » divine  » soit-elle, n’est à l’abri des contestations et du sens critique de l’Homme. Le combat entre démocrates et totalitaires devrait s’étendre au-delà de la politique jusqu’à atteindre les frontières rouges de la religion… Si l’Homme avait une raison de vivre, celle-ci se résumerait en la continuelle remise en question de toute chose établie, sacralisée ou adorée…

Sarah Haidar

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