“La poudre de lait sera subventionnée par l’Etat”

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Invité jeudi passé au forum d’El Moudjahid, M. Mourad Medelci, ministre des Finances, a passé en revue un bon nombre de points relatifs à son secteur. Alternant entre un plaidoyer fort, arguments pragmatiques et mises au point ( l’affaire Khalifa), le plus grand argentier du pays, a démontré, une fois de plus, qu’il est d’abord un bon connaisseur des questions économiques et financières, et ce, devant un parterre de journalistes qui, faut-il le signaler, ne l’a pas du tout ménagé. « La poudre de lait ne sera cédée aux transformateurs à un prix subventionné qu’à la condition qu’elle soit destinée exclusivement à la fabrication du lait et non aux produits dérivés, et que le sachet de lait soit vendu au prix public de 25 DA  » c’est ce qu’a déclaré, jeudi passé le ministre des Finances lors de son passage au forum El Moudjahid.

Considéré comme plus grand transformateur de lait au niveau national, le groupe Giplait vient, selon les propos de Medelci, d’être chargé de l’importation de la poudre de lait et sa distribution aux transformateurs à un prix subventionné. » Le Gouvernement avait décidé, à cet effet, récemment, d’accorder une subvention de 10,6 milliards de dinars pour l’exercice 2007, en vue de compenser l’écart entre le prix à l’importation et le prix administré et pouvoir maintenir le prix public à 25 dinars le sachet d’un litre de lait pasteurisé « , a-t-il ajouté.

Cette subvention, renchérit-il, fera l’objet d’un montage financier entre Giplait et les transformateurs. Dans le même ordre d’idées, l’hôte d’El Moudjahid, a également précisé que le ministère du Commerce allait tenir une rencontre avec les transformateurs de lait pour la mise en œuvre de ce dispositif.

 » Cette opération exige la transparence entre l’Etat et les transformateurs privés « , a-t-il averti. N’en restant pas là, le plus grand argentier du pays a fait savoir qu’à l’instar des céréales, un office interprofessionnels du lait va être mis en place et, qui aura pour mission, de regrouper les opérateurs publics et privés du secteur afin de mieux réguler le marché de ce produit stratégique de base. Pour mémoire, notre pays, importe annuellement, afin de combler le déficit de sa production en lait frais, estimé à environ 1 milliard de litres par an, 600 millions de dollars de lait en poudre. Cette hausse vertigineuse, qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, est le fruit de la forte demande de la part de la Chine et de l’Inde sur les marchés mondiaux.

“L’ouverture du capital du BDL se fera en 2008”

S’exprimant sur le système bancaire, M. Medelci a relevé la prépondérance des banques publiques dans le paysage bancaire national.  » 90% du chiffre d’affaires du secteur bancaire provenant des banques publiques « , a-t-il dit. Dans ce sens, il a indiqué qu’un nombre important de banques étrangères de grande envergure ont introduit des demandes d’agrément auprès de la Banque d’Algérie et entreront en activité « dans les prochains mois ». Selon ses prévisions, avec la privatisation imminente du CPA et l’ouverture du capital de la Banque de développement local (BDL), prévue pour 2008, les banques publiques algériennes représenteront 60% du paysage bancaire algérien, à l’horizon 2010.

Au sujet du CPA, le ministre a indiqué que le processus de sa privatisation  » se déroule correctement  » et qu’il est  » en bonne voie « , mais sans donner d’échéance précise, sur l’aboutissement de l’opération. En effet, Medelci s’est contenté de dire qu’il interviendrait  » dans les prochains mois.  » A une question relative au marché foncier économique, l’animateur de la conférence a avancé que tous les décrets d’application de la loi sur le foncier  » seront signés la semaine prochaine « , et ce, avant leur publication au journal officiel.  » L’avant-projet de loi relatif à la réorganisation de l’Inspection générale des finances (IGF) sera examiné prochainement en Conseil de gouvernement  » a-t-il déclaré. Selon M. Medelci, le gouvernement va dégager les moyens financiers et matériels adéquats pour rendre plus efficace l’activité d’investigation et de contrôle des finances publiques par l’IGF. Ce projet de texte, selon le premier responsable des finances en Algérie, prévoit que les contrôles de l’IGF ne se limiteront plus au contrôle de gestion des dépenses des institutions à caractère administratif mais seront systématiquement étendues aux entreprises économiques publiques. “Le statut actuel ne permet à l’IGF d’entreprendre des contrôles dans des entreprises publiques qu’à la demande du gouvernement.”

Cependant, le projet de loi des finances complémentaires pour 2007, a été, lui aussi, évoqué le week-end dernier par le ministre, mais sans trop de détail. En effet, l’orateur s’est gardé de donner les détails sur le contenu de ce texte et s’est limité à dire que des ajustements budgétaires allaient y être apportées. Au chapitre de la réévaluation des actifs des entreprises prévue par la loi de finances 2007, l’ancien conseiller de Bouteflika a indiqué que les textes d’application étaient actuellement au niveau du Secrétariat général du gouvernement.

« Mon témoignage sur l’affaire Khalifa a été déformé…. »

La presse nationale présente à ce rendez-vous, a profité du passage de Medelci pour l’inviter à s’expliquer encore une fois, sur les propos qu’il a tenus lors de son audition par la justice en tant que témoin concernant le procès Khalifa Bank. Tout en soulignant qu’il n’avait  » aucun commentaire à faire à ce sujet qui relève exclusivement de la justice « , il a cependant déploré la  » déformation  » par certains quotidiens nationaux, ses propos. Selon lui, la partie de son témoignage qui aurait été mal interprétée par la presse concernait la réponse qu’il avait donnée au sujet de l’examen des rapports du vice-gouverneur de la Banque d’Algérie relatifs au transfert des fonds provenant des opérations de leasing opérées par la Bank Khalifa au profit de la l’ex-compagnie Khalifa Airways. Il a d’ailleurs ajouté que dans le sillage des questions-réponses entre lui et le procureur de la République,  » des propos circonstanciels  » qu’il avait tenus lors de son témoignage, ont été mal interprétés par des titres nationaux.

Salah Benreguia

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