»J’ai fait un rêve… »

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Depuis son explosion sur la scène européenne, Ahmed Hossam « Mido » s’est forgé une réputation de buteur redoutable, mais aussi d’homme passionné qui ne dédaigne pas la publicité. Son talent de footballeur et son physique avantageux ont rapidement fait de lui une star de premier plan en Egypte. A 24 ans, Mido a parcouru beaucoup de chemin depuis ses débuts au Zamalek. Après avoir rejoint Gand à tout juste 17 ans, il a connu une période faste à l’Ajax Amsterdam, au cours de laquelle il a inscrit un but tous les deux matches. Il fait ensuite un bref séjour en Espagne, au Celta Vigo, avant de s’engager en faveur de l’Olympique de Marseille. Lassé de vivre dans l’ombre de l’Ivoirien Didier Drogba, il quitte rapidement la cité phocéenne et signe à l’AS Rome. Son séjour en Italie ne sera pourtant pas de tout repos et, comme il l’admet lui-même volontiers, son passage à Rome est un échec. Cinq mois plus tard, en janvier 2005, il s’envole pour Londres : son club vient de le prêter pour dix-huit mois aux Spurs de Tottenham.

Le jeu anglais lui réussit plutôt bien, et Mido retrouve bientôt son efficacité.

Dans un entretien exclusif accordé à FIFA.com, Mido revient sur les temps forts et les moments difficiles qui ont émaillé son début de carrière, sans oublier de nous faire part de ses aspirations pour l’avenir.

Vous êtes passé professionnel en l’an 2000 et, depuis, vous avez joué pour sept clubs dans cinq pays différents. Ces changements trahissent-ils une certaine instabilité de votre part ?

Pas vraiment. Je suis arrivé en Europe à 17 ans et j’ai dû m’adapter à une culture et à une mentalité complètement différentes. Je devais non seulement progresser sur le terrain, mais également grandir dans ma tête. Quand j’étais plus jeune, j’étais toujours attiré par un nouveau défi. C’est sans doute la raison pour laquelle je désirais sans cesse découvrir de nouveaux championnats.

Vous avez disputé quelques-uns des plus grands championnats du monde (Italie, Espagne, France, Angleterre). Quel jugement portez-vous sur chacun d’entre eux ?

Techniquement, le championnat d’Italie est vraiment très relevé. Les joueurs italiens sont parmi les meilleurs au monde, même si je pense que le jeu manque parfois de tenue. Je garde de bons souvenirs de mon passage au Celta Vigo, mais je reste convaincu que la Premier League est supérieure à la Liga. Le fait de jouer dans des stades pleins chaque semaine fait une énorme différence. Je crois que le football anglais me convient mieux : le jeu est rapide, physique et porté vers l’offensive. En outre, on ne sait jamais qui va gagner. Les résultats sont toujours très incertains en Angleterre, car n’importe quelle équipe peut battre les favoris.

Vous vous plaisez en Angleterre ?

Oui, je suis très heureux. La vie ici me satisfait pleinement et je suis ravi du rapport que j’ai réussi à construire avec les supporters de Tottenham.

On dit pourtant que vous avez failli quitter le club au mois de janvier…

Oui, c’est vrai. Comme tout le monde, je veux jouer aussi souvent que possible. C’est la raison pour laquelle j’étais prêt à rejoindre Manchester City. Il ne me restait plus qu’à passer la visite médicale. Mais, une demi-heure à peine avant la fin du marché des transferts, j’ai changé d’avis. Martin Jol, mon entraîneur, est venu me voir et il m’a promis que j’allais jouer plus souvent. Il savait que je voulais absolument rester à Tottenham.

Il faut dire que vous avez affaire à forte partie avec des joueurs de la trempe de Robbie Keane, Dimitar Berbatov et Jermain Defoe…

Cela prouve que nous avons une bonne équipe. De toute façon, cela ne me gêne pas de lutter avec les meilleurs pour être titulaire. Au fond, c’est une bonne chose pour tout le monde de pouvoir compter sur tous ces grands joueurs. De ce point de vue, j’ai eu de la chance ces dernières années : j’ai joué aux côtés de Didier Drogba à Marseille et de Zlatan Ibrahimovic à l’Ajax.

Vous aimez beaucoup Ibrahimovic, à ce que l’on dit…

En effet, Ce n’est pas seulement l’un des meilleurs attaquants du monde, c’est aussi et surtout un ami avec qui je discute souvent. Sa présence m’avait considérablement aidé quand je suis arrivé à l’Ajax. Son toucher de balle est extraordinaire et c’est un dribbleur exceptionnel. J’espère que ses problèmes avec la sélection suédoise vont s’arranger, car il a besoin de jouer pour son pays.

Vous avez connu le même genre de difficulté à une époque. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

J’ai commis une erreur. Malheureusement, c’était en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations et le monde entier avait les yeux braqués sur nous, alors l’incident a vite été monté en épingle. Aujourd’hui, je peux vous dire que je sais exactement où j’en suis par rapport à la sélection égyptienne. Je ne suis qu’un joueur parmi tant d’autres et Hassan Shehata est notre sélectionneur. Chacun est à sa place.

Pensez-vous que l’Egypte méritait de remporter la Coupe d’Afrique l’année dernière ?

Notre équipe est l’une des meilleures du continent, c’est incontestable. Nos joueurs possèdent un talent extraordinaire et notre palmarès reflète parfaitement notre position sur la scène africaine. Nous avons eu notre chance et nous avons su la saisir, c’est aussi simple que cela.

Dans ce cas, comment expliquer que l’Egypte attende une qualification pour la Coupe du Monde de la FIFA depuis 1990 ?

Il y a de nombreuses explications : la gestion autour de l’équipe nationale, qui n’a pas toujours été irréprochable, la compétition en Afrique, qui est souvent féroce, ou encore le fait que nous n’avions pas suffisamment de joueurs dans les grands championnats européens. C’est le point faible du football égyptien. Si nos clubs laissaient partir leurs meilleurs joueurs à l’étranger, nous progresserions beaucoup plus vite. J’espère qu’un jour, je participerai à la Coupe du Monde avec l’Egypte. C’est mon plus grand rêve.

Vous n’avez que 24 ans et vous comptez déjà 44 sélections. En outre, vous êtes considéré comme une star dans votre pays. Vous sentez-vous parfois dépassé par les événements ?

C’est une grande responsabilité, mais j’essaye de m’en montrer digne. J’ai commis des erreurs par le passé. C’est aussi comme cela que l’on grandit. Aujourd’hui, j’ai gagné en maturité et je peux vous dire que je suis satisfait de mon parcours.

En dépit des critiques qui s’abattent parfois sur vous, vous restez un joueur extrêmement populaire auprès des supporters. Comment expliquez-vous cela ?

Je suis fier de ce lien, car les gens savent que je veux avant tout jouer pour l’Egypte. Je veux aider mon équipe. Je remercie Dieu pour cette relation privilégiée qui s’est construite naturellement.

Votre ancien club, le Zamalek, connaît actuellement une passe difficile et peine à revenir au niveau de son grand rival, Al Ahly. Quel conseil donneriez-vous à vos anciens dirigeants ?

Je suis toujours de près les résultats du Zamalek. C’est le club de mes débuts. C’est également le club où j’espère finir ma carrière. Je ne crois pas que le problème vienne des joueurs. Malheureusement, il y a eu tellement de changements en coulisses, ces derniers temps, que cela a fini par avoir un effet négatif sur les résultats. Je crois qu’une certaine stabilité permettrait au club de retrouver le chemin de la victoire. Les joueurs du Zamalek sont fantastiques… ils sont même meilleurs que ceux d’Al Ahly !

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