Un bilan bien maigre

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La politique du logement dans la wilaya de Bejaïa semble doublement problématique. En ce sens qu’aux contraintes à caractère global que connaît le secteur de l’habitat, s’ajoutent celles spécifiques à la wilaya et dont les questions du foncier et du financement, ne sont pas des moindres. Des écueils qu’exacerbent par ailleurs l’inertie, voire, l’hostilité de la machine bureaucratique locale. Aussi, n’est-il peut-être pas fortuit que c’est à Bejaïa qu’une organisation patronale, la CAP, en l’occurrence, à travers ses promoteurs immobiliers affiliés à la FNBTPH, ont décidé de croiser le fer avec les autorités locales à propos du prix jugé excessif du terrain à bâtir. Ces promoteurs, intervenants dans la construction des logements sociaux participatifs (LSP), suspendant de ce fait, le lancement du programme de la seconde tranche, aggravent, à leur corps défendant évidemment, le cumul des retards de livraison qu’accusent les programmes, toutes formules et secteurs confondus, au niveau de la wilaya. Un retard, tel que pas un seul logement LSP, inscrit dans le programme quinquennal 2005-2009, n’a été livré à ce jour, hormis les tranches confiéss à l’EPLF. Et il faut croire que la situation est d’autant plus critique que outre l’EPLF, les deux acteurs les plus performants à l’échelle locale, les promoteurs privés du LSP et l’OPGI, ne sont que peu avancés pour rattraper les retards de livraison. Ainsi, l’organisme public OPGI, s’agissant du programme quinquennal 2005-2009, sur les 673 logements inscrits 503 logements ne sont que lancés ou en cours de réalisation, soit 54 à Amizour, lancés et 274 à El-Kseur, lancés également. Les 170 autres logements restants inscrits au bénéfice de Bejaïa sont à l’étude. Significatifs de l’état de la politique du logement dans la région : ces résultats avec ceux des opérateurs privés du LSP, dont la première tranche 2005-2006  » est à 85% achevée « , sont les meilleurs résultats enregistrés… Pour prendre la mesure de cet  » exploit « , il n’ ya qu’à établir la comparaison avec les résultats de la récente AADL, en voie d’essoufflement. Depuis sa création en 2000-2001 l’agence au niveau de Bejaïa n’a pu attribuer que 82 logements en 2005, sur les 500 inscrits à son programme dont 112 achevés à 50%, 59 à la cité Brandy à Bejaïa qui ont fait l’objet d’une nouvelle consultation et enfin 72 logements à Sidi Ahmed, à Bejaïa également qui viennent d’être confiés à une entreprise de construction. L’OPGI, quant à lui sur les 530 logements lancés en 2001 dans le cadre du LSP a pu attribuer en 2005 92 logements dont 32 à Seddouk, 60 à Ouzellaguene et en a réceptionné 95 inscrits au bénéfice de Tala Ouriane. Le reste, soit 343 logements sont promis pour livraison avant la fin de l’année 2007, soit avec 2 années de retards. Bien maigre bilan, comparé à ceux des opérateurs LSP et du promotionnel, par exemple, concernant leurs programmes 2005, respectivement, 271 et 929 logements livrés. Quelles sont les causes de ces retards ? Même si, à l’origine des lacunes de la politique du logement, les contraintes sont d’ordre global et national, la wilaya de Bejaïa ne se distingue pas moins par certaines difficultés spécifiques qui par conséquent, ne sont pas sans exacerber les handicaps du secteur de la construction. Entre autres des causes générant les retards les retards de livraison, celles générales au demeurant, inhérentes au système de financement, et et/ou des contraintes et lourdeurs, ainsi que les défaillances propres à certains promoteurs incapables de maîtriser les délais prévisionnels. Si l’on se rapporte à l’enquête, une première du genre, d’une universitaire autour de la politique du logement à Bejaïa (voir contribution de Melle Yamina Lasla), sur un échantillon de 46 promoteurs représentant les 80 exerçant dans la wilaya 39% d’entre eux expliquent les retards dans la livraison des programmes par l’insuffisance des ressources financières due notamment, aux retards dans le paiement des situations, mais pas seulement. La question du problème du financement soulève aussi la problématique du rôle des banques dans la politique du logement, jugé insuffisant. Hormis la banque-habitat, la CNEP, en l’occurrence, les banques manifestent peu d’engouement quant à investir dans ce créneau, estimé à  » haut risque « . Ainsi, la part du financement qui leur revient ne dépassent pas les 26,75% du financement global des promoteurs contre un apport financier de ces derniers de 40,48% et celui des bénéficiaires évalué à 31% du financement global. Les réticences des banques compliquant le financement des programmes engendrant celles des promoteurs eux-mêmes qui hésitent à recourir à ces organismes, attitude due, selon l’enquête citée aux contraintes bureaucratiques pour 61% des promoteurs questionnés et aux taux d’intérêt pratiqués pour 41% d’entre eux, contrainte qui constitue un surcroît de charge financière grevant le coût de revient des logements. Quant aux lourdeurs bureaucratiques affectant la célérité et la disponibilité du financement bancaires, elles sont illustrées par la lenteur de la procédure de l’instruction des dossiers de demande de prêt et le blocage de la procédure d’octroi du crédit dû à la longueur des délais d’obtention du permis de construire. Au chapitre des contraintes plus ou moins propres à la wilaya, et qui pénalisent la promotion du logement à Bejaïa, 47% des entrepreneurs évoquent les difficultés liées à la nature du sol alors que plus de 44% d’entre eux citent le peu, voire la non-qualification des compétences humaines dans le domaine de la construction dans la région, tient surtout au fait que la main-d’œuvre qualifiée native de Bejaïa préfère l’exil vers des horizons où le labeur est bien mieux rémunéré qu’en terre natale. Une Conséquence logique, en fait, des possibilités d’offres salariales des entreprises locales dont les nombreuses contraintes rencontrées se traduisent souvent, sinon systématiquement par des difficultés de trésorerie. Quant au problème de la disponibilité du foncier et de sa mobilisation est de loin le plus ressentit par les promoteurs, qui, à 80% le considèrent comme la contrainte no1. Plus généralement, 50% des retards sont dus aux procédures administratives et juridiques et pour plus de 22% au foncier, environ 19,5% à la rentabilité pour 28%. En plus de l’impact de toutes ces contraintes sur les délais de réalisation, celles-ci, affectent bien d’autres aspects des projets de construction dont la qualité de l’ouvrage pour près de 17%, de 28% la rentabilité des projets, outre que ces difficultés influent sur les prix de la construction pour 5,5%

H.O.

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