Une ouverture ordinaire à Béjaïa…

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Un jour après les proviseurs, les directeurs de collège se sont retrouvés le jeudi 8 septembre au technicum d’Ihaddaden pour écouter le directeur de l’éducation et son staff de chefs de service prodiguer les derniers conseils avant le jour J de la rentrée scolaire. La présence était faible. De nombreux chefs d’établissemen n’étaient pas informés à temps pour prendre leurs dispositions, deux jours avant l’entrée des élèves en classe.“Il faut croire que le téléphone arabe fonctionne encore puisque la quasi-totalité des participants à cette réunion vitale n’avait pas reçu de convocation, pas même un télégramme par région ou un simple appel téléphonique, cette carence des services de la DE ayant été mise avec légèreté sur le dos des postes et télécommunications, institution qui disons-le n’est pas exempte de reproches, pouvant certainement prétendre à des records inégalables dans la lenteur d’acheminement du courrier. Pour des impératifs de calendrier le directeur de l’éducation a été obligé de programmer cette réunion un jeudi matin, ce qui n’est sans doute pas du goût de l’aristocratie bureaucratique qui sévit dans les services de l’académie habituée aux longs week-ends et à la grasse matinée. Les convocations n’ont en tout cas pas été reçues par les destinataires”, fulmine un directeur agacé par le peu de considération que lui témoigne sa tutelle.La sortie de l’école fondamentale par la poursuite de la réforme et ses conséquences sur les programmes, les nouvelles modalités de gestion du manuel scolaire adoptées après la suppression de la procédure de location, l’organisation de la formation des enseignants par le corps des inspecteurs durant l’année par la vulgarisation des nouvelles techniques d’apprentissage, l’examen de rattrapage de l’entrée en sixième et le lancement des campagnes de solidarité scolaire ont été les principaux points de l’ordre du jour épuisés après un débat et des intervenions qui trahissaient la précarité dans laquelle évoluent de nombreux établissements scolaires et appellent l’urgence de solutions durables.

C’est la dernière année de l’école fondamentale dans les collèges et la troisième année de la réforme, qui n’est rien d’autre qu’un retour au système scolaire des années 1970.

Renforcer l’arabe et le françaisLes classes de 9ème année fondamentale sont exclusivement composées de redoublants, voire de triplants. Selon notre source, le directeur de l’éducation a exhorté les directeurs pour donner la chance à tous les élèves de repasser encore une fois le BEF. Les élèves âgés de plus de 16 ans seraient concernés par une dérogation de redoublement.La troisième année moyenne sera donc officialisée à cette rentrée en même temps que la troisième année primaire, et l’élargissement du préscolaire à toutes les écoles ayant les dispositions pour l’accueillir, sa généralisation est fixée à 2008.Le cycle secondaire connaîtra sa première année de réforme par l’introduction d’une première année à deux troncs communs avec pour objectif à terme le retour à 6 filières au lieu des quinze actuelles. L’introduction de la langue maternelle, tamazight, en 4ème année moyenne fait aussi office de curiosité dans un paysage où elle peine à sortir de son rôle de faire-valoir que lui font jouer le manque de moyens et l’incompréhension manifeste des décideurs. Ce qui est réellement nouveau c’est la réhabilitation sans bruit de la langue française ! La circulaire ministérielle portant le n° 23 82 datée du 3 septembre 2005, que les directeurs recevront incessamment, stipule que la langue française sera renforcée par l’ajout de 2 heures aux trois années de la réforme, alors que la langue arabe bénéficiera d’une heure de plus en 1ère année moyenne. De nombreux postes budgétaires seront créés par cette nouvelle situation.

Le manuel scolaire disponible“42 millions de manuels scolaires ont été produits cette année pour le compte du ministère de l’Education nationale, selon la déclaration de l’ONPS, le Centre régional de distribution des documents pédagogiques (CRDDP) doit satisfaire votre demande en livres. Tous les livres sont disponibles à l’exception du livre de français de 3ème AM qui arrivera incessamment”, a déclaré M. Melaïs, directeur de l’éducation de Béjaïa. Le ministre a institué une commission qui suit journellement le déroulement de la distribution du livre, apprend-on de la même source. Il ne sera plus question de location mais seulement de vente du livre. Les livres neufs seront facturés par le CRDDP à l’établissement, alors que le livre d’occasion sera cédé en priorité aux élèves aux 2/3 de son prix initial, le montant de la vente sera versé à un compte centralisateur. La vente des manuels devra se dérouler la première semaine de la rentrée et la situation du livre dans chaque établissement devra être communiquée à la tutelle au plus tard le 13 septembre. Les stocks morts de livres relevant de l’école fondamentale seront récupérés et vendus par le centre de distribution à une fabrique de papier. Du côté du CRDDP, l’enlèvement du livre se poursuit, les programmes arrivent sous forme de CD et de livre-fiches, chaque établissement paiera 20 000 DA pour l’acquisition de ces documents.

34 centres pour le rattrapage de la 6e34 centres d’examen seulement seront ouverts pour l’examen de rattrapage de l’entrée en première année moyenne au lieu des 134 de la session de juin dernier. Pour garantir le maximum de probité et de sérieux, l’examen se déroulera en priorité dans des CEM. Avec des PEF comme surveillants. La correction se fera dans un seul centre, un lycée du chef-lieu de wilaya. Les heureux reçus seront orientés vers les collèges suivant le secteur géographique de leur école primaire. Ils seront de préférence ajoutés aux effectifs des divisions déjà formées dans l’organisation pédagogique de chaque collège pour éviter l’ouverture de nouvelles divisions, la création de nouveaux postes pédagogiques et la confection de nouveaux emplois du temps, travail qui constitue la hantise des conseillers d’éducation et des directeurs.Rappelons que cet examen de rattrapage se déroulera le mardi 20 septembre prochain. Le rapport des écoles primaires et les collèges est marqué au niveau pédagogique par une rupture dans les savoirs dispensés de sorte que les meilleurs élèves entrant au CEM avec 18/20 de moyenne se retrouvent avec des moyennes autour de 14. Un écart-type de 4 points est relevé pour toutes les classes d’élèves. Les pédagogues des collèges crient au scandale, évoquant parfois la légèreté docimologique de leurs collègues du primaire. Le recours à la centralisation et une meilleure organisation des centres d’examen pour limiter cet écart a déjà donné quelques fruits, au vu des résultats de la session de juin 2005.

La rentrée sur le terrainDe nombreuses recommandations routinières ont été rappelées. L’ouverture obligatoire des cantines et des internats le premier jour de la rentrée, la constitution des dossiers de bourse, le transfert de crédits, les reliquats financiers et l’éternel problème des logements d’astreinte occupés par des retraités ont constitué les préoccupations des chefs de service de la DE qui ont tenu le discours du “tout baigne dans l’huile”, malgré le bémol du directeur de l’éducation qui a déclaré tout de go “je ne peux pas dire que mes services sont parfaits” demandant aux directeurs de le saisir directement quand la défaillance des services de l’académie est flagrante.La réalité des établissements est une image moins idyllique. La précarité règne dans de nombreuses régions, notamment dans les zones rurales où le chef d’établissement est parfois obligé d’occuper trois fonctions, voire même celle de professeur. De nombreuses écoles sont sous-administrées, des CEM sont sans dirigeants, certains établissements attendent la nomination du personnel pédagogique, d’autres l’envoi du mobilier scolaire, les cantines ne peuvent ouvrir faute de personnel. Les travailleurs de l’administration et des corps communs en congé ne peuvent être remplacés. La DE n’ayant pas obtenu du ministère des postes budgétaires autres que ceux réservés à la pédagogie !Pour ajouter leur touche à cette palette automnale, certains parents refusent d’inscrire leur progéniture dans les nouveaux établissements arguant de l’insécurité qui régnerait dans ces quartiers fraîchement construits.Rien de changé donc par rapport à l’an dernier, les mêmes solutions sont proposées aux préoccupations récurrentes. Comme chaque année, il faudra une semaine au moins pour que la rentrée scolaire soit réellement accomplie.

Hassan S.

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