Appel à une réaction salvatrice

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Les attentas suicide qui ont secoué de plein fouet le Palais du gouvernement, haut lieu du pouvoir algérien, et un commissariat de police à Bab Ezzouar, mercredi dernier, et qui ont fait jusque-là 33 victimes ont été largement commentés par la presse algérienne, une corporation souffre-douleur et rempart contre le terrorisme aveugle. Unanime, la presse privée, comme au milieu des années rouges, a condamné avec la plus grande fermeté les attaques du 11 avril dernier.  » Il est inconcevable, inadmissible et choquant de revivre le cauchemar des années 1990 « , écrit El Watan dans son éditorial du jeudi sous le titre  » Ne pas céder « . Son éditorialiste estime que les Algériens qui ont su résister face à la machine de guerre terroriste,  » craignent, par contre, le renoncement, la faiblesse, les compromissions de ceux chargés de sortir l’Algérie de la crise. » Soulignant qu’il est temps pour l’Etat algérien de déterminer une fois pour toutes, une politique claire d’éradication du terrorisme, l’éditorialiste soutient que  » la politique de la main tendue a ses limites.  » Pour sa part, le journaliste du quotidien Liberté sous le titre  » Ce n’est pas fini  » note que les  » attentats d’Alger, sanctuaire jusque-là sécurisé, contre le symbole du pouvoir politique algérien, sont destinés à maintenir les Algériens sous le joug de la peur et de la résignation « . Établissant un parallèle sur la faillite des services de sécurités algériens à prévoir ce genre d’attaques kamikazes avec les GI’s en Irak, l’éditorialiste pense que

 » plus les forces de sécurité s’approchent de l’éradication totale de cette vermine, et plus les terroristes se lanceront dans des actions désespérées « . Le quotidien L’Expression rappelle que  » la simultanéité de ces actes terroristes en Algérie et au Maroc, montre aussi combien la lutte contre ce fléau est loin d’être finie et beaucoup reste à faire pour restaurer la sécurité nord-africaine.” Le journal précise que les assurances répétées des officiels algériens ont eu pour conséquence d’entraîner un relâchement de la vigilance, relâchement qui a été dommageable pour la sécurité des personnes et des biens. De l’avis du commentateur,  » les dirigeants maghrébins ne peuvent plus se tourner le dos, car face au Maghreb du terrorisme, il est urgent de lui opposer un Maghreb uni « . Soutenant que la réconciliation nationale devait être complémentaire avec la lutte antiterroriste, le quotidien, le Soir d’Algérie affirme, de son coté, que celle-ci a montré ses limites. Son journaliste en veut pour preuve les derniers attentats qui ont secoué la capitale au même titre que d’autres actions terroristes qui ont lieu quotidiennement dans toutes les régions.  » Au plan psychologique, les terroristes voulaient atteindre le moral de la Nation. Mais les Algériens ont vécu le pire pour se laisser intimider par la folie meurtrière de ces sanguinaires « , écrit le commentateur du journal La Tribune, ajoutant que les offres de paix de l’Etat, rejetées par les terroristes, ont apportés des résultats tangibles. L’éditorialiste nuance ses propos, en estimant que même si le terrorisme a grandement reculé, celui-ci n’a pas été encore vaincu, d’où son appel à la vigilance.

Sous le titre  » Riposte républicaine et novembriste « , la Dépêche de Kabylie écrit que la lutte anti-terroriste ne peut se concevoir sur le seul terrain militaire et policier, affirmant l’urgence d’une prise de position  » des acteurs politiques et de la société civile sur l’islamisme politique et son caractère antinomique avec les valeurs démocratiques et patriotiques ». Affirmant que la permissivité, le compromis, voire même la compromission avec l’intégrisme, ont contribué à la baisse du niveau de garde, le commentateur du journal en appelle à la vigilance et à la mobilisation pour ne pas revivre  » le cauchemar.  »

 » La riposte aux terroristes et leurs soutiens, qu’ils soient embusquées ou affichées, doit être ferme, d’une fermeté républicaine et novembriste « , conclut son éditorialiste. Plus critique à l’option de la réconciliation nationale, Le jour d’Algérie souligne que les attentats de mercredi dernier auront, sans nul doute, pour conséquence d’infléchir la politique de paix prônées par les pouvoirs publics dans ses efforts de restaurer la paix et la stabilité dans notre pays. « Les deux explosions qui ont secoué Alger en fin de matinée apportent la preuve qu’il n’en n’est rien et qu’il y a intérêt a revoir la démarche dans son volet sécuritaire et même politique, à se remobiliser comme du temps ou le terrorisme ravageait le pays au quotidien, de cesser de ses flatter de l’avoir déjà terrassé… « , analyse son chroniqueur. De nombreux titres de la presse internationale, notamment française, ont consacrés, par ailleurs, de larges couvertures accompagnées d’analyses et de commentaires sur le caractère inédit du mode d’opération prôné par des attaques kamikazes. Des attaques qui signent, selon ces lectures, le retour d’un climat de peur et de hantise que les Algériens croyaient inhumés à jamais dans leurs mémoires.

Hocine Lamriben

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