2 morts, un blessé et 900 millions subtilisés

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Deux morts et un blessé. Il s’agit là du bilan macabre d’un hold-up spectaculaire qu’a eu lieu hier, à 9 heures, contre l’agence postale de la commune d’Aït Mahmoud, dans la daïra de Béni Douala, à 20 km au Sud-est de Tizi Ouzou. Selon les témoignages recueillis sur place il s’agirait d’un groupe de quatre personnes, armées et encagoulées qui s’en sont pris à l’agence postale, sise au village Taguemount Azouz, che-lieu d’Aït Mahmoud. La somme de 9 millions de dinars a semble-t-il constitué le butin de cette opération.

Les assaillants, auraient minutieusement planifié leur coup, à en croire les témoins.  » Aux environs de 7h45, j’ai remarqué quatre individus qui rôdaient autour de la poste. Il faisait encore nuit, ce qui ne m’a pas permis de les identifier. Certes il y avait là des gens du village qui circulaient à cette heure ci, mais personne n’aurait imaginé que ces individus étaient étrangers et qu’ils planifiaient un coup pareil « , témoigne un citoyen.

Sur les lieux du drame, une mare de sang était toujours visible à l’entrée du bureau de poste. Il s’agit du sang du chef de l’agence postale qui a reçu une balle tirée, à bout portant le touchant au niveau de la nuque.  » Il était précisément 9h, quand trois individus armés et encagoulés ont fait irruption à l’intérieur de la poste. L’un d’entre eux est resté du côté réservé aux clients a qui, d’ailleurs, il intima l’ordre de se mettre à genoux. Puis, ses deux complices sautent au-dessus du comptoir, renversant le micro-ordinateur, puis se dirigèrent vers le bureau du chef de l’agence, auquel ils ont pointé leurs armes avant de réclamer les clefs du coffre. Celui-ci vida son chargeur en une fraction de seconde.

Il y aurait environs 9 millions de dinars que l’agence a reçu le matin même « , nous raconte un employé de la poste.

Lors de notre passage sur les lieux, nous avons croisé les inspecteurs de la direction postale venus établir leur constat. Ils étaient d’ailleurs les seuls  » officiels « , en sus des quatre militaires venus à bord d’un véhicule banalisé, qui se sont déplacés sur les lieux, suite à cette attaque meurtrière. Les villageois rencontrés sur place n’ont pas manqué, sous l’effet de la consternation, de déplorer cet état de fait.

Un autre témoin qui nous dit avoir assisté à toute la scène qui s’est déroulée à l’extérieur de la poste nous relate le déroulement de l’opération meurtrière. Une scène digne des films hollywoodiens.

 » Alors que je m’apprêtais à rejoindre le café d’en-bas -il nous montre de son doigt l’établissement situé à moins de 30 mètres du lieu du drame, et dont le propriétaire a été tué par une balle-, à mon arrivée à hauteur de la poste, je tombe nez-à-nez avec les assaillants, munis d’armes automatiques, dont deux d’entre eux tenaient deux sacs des services postaux. C’est là que j’ai compris qu’il s’agissait d’un hold-up. Puis j’ai vu le chef de l’agence sortir derrière eux, tenant son téléphone portable, vraisemblablement pour alerter les services de sécurité. Puis, j’ai vu le quatrième individu, qui montait la garde face à la mairie, se diriger vers lui, sortir son pistolet et lui tirer dessus, en pleine nuque. Le malheureux Dda Mohand s’est affaissé, sur le coup, par terre « . Ouachen Mohamed, le chef de l’agence, succomba à ses blessures aux environs de 12h50 au CHU de Tizi Ouzou, après qu’il eut subi une intervention chirurgicale. Il était âgé de 44 ans, laissant derrière lui quatre enfants en bas âge. Le témoin reprend son souffle avant de continuer son récit :  » A cet instant, un fourgon rempli de voyageurs fait son apparition sur les lieux. Les assaillants lui intimèrent l’ordre de s’arrêter brandissant leurs armes. Ces derniers se chargèrent de faire descendre les voyageurs avant que le chauffeur ne profite de ce moment d’inattention pour démarrer en trombe. Mal lui en pris, car, dans sa fuite, il reçut une rafale qui l’atteignit au bassin. Je l’ai vu s’affaisser au volant de son fourgon. Il était très courageux, car il a réussi quant même, à continuer sa fuite jusqu’au chef lieu de Béni Douala où il se dirigea vers la clinique.

De là, il sera transféré vers le CHU de Tizi Ouzou par ses amis qui l’ont suivi « . Pris de panique, les agresseurs continuaient de tirer des rafales, atteignant le malheureux Idir Belmiloud, 28 ans, en plein thorax, raconte aussi notre témoin.  » Il a succombé à ses blessures trois kilomètres plus loin du lieu de l’attaque, sur la route de Tizi Ouzou, alors que des citoyens tentaient de l’évacuer vers l’hôpital à bord d’une voiture utilitaire d’un villageois », nous dira un témoin de cet autre drame qui a touché ce jeune homme.

Taguemount Azouz sous le choc

Le village de Taguemount Azouz a vécu, malgré lui, au rythme des scénarios hollywoodiens. C’est une population effrayée, mais surtout inconsolable, autant que les parents du jeune Belmiloud Idir, la première victime, que nous avons rencontré au niveau du service des urgences du CHU de Tizi Ouzou.

Ce dernier était entouré par des dizaines de villageois venus s’enquérir de l’état de santé de leurs proches touchés lors du hold-up. C’était la panique. Le branle-bas de combat pour dénicher la moindre information concernant l’identité des victimes, mais surtout leur état de santé. Les parents de Chamek Mourad, le héros chauffeur du fourgon, étaient inconsolables malgré les assurances des médecins qui étaient chargés de l’opérer. Une source médicale nous a également rassuré sur son état, jugé hors du danger, après avoir subi une opération au bloc chirurgical.

Au village meurtri, les débuts de notre mission, n’ont pas été du tout faciles, faut-il le dire. A notre arrivée sur les lieux, nous fûmes accueillis par des regards hagards. Même après avoir décliné notre identité, les villageois ne changèrent guère d’attitude à notre égard. Certains d’entre eux nous ont intimé l’ordre de quitter les lieux. Après une brève insistance, nous réussirons à avoir les témoignages des gens qui ont assisté directement à la scène.

Leur révolte s’est portée surtout sur les services de sécurité qui  » n’ont pas daigné se déplacer, ne serait-ce que pour dresser un constat « , nous diront, unanimes, les personnes rencontrées sur place.

A en croire toujours nos témoins, les malfaiteurs ont pris la fuite, à pied, en direction du village Agouni Aggad, qui donne sur la forêt de Béni Douala, emportant avec eux le butin. Un autre témoin dit les avoir vu jeter les vestes de sport qu’ils portaient durant leur opération, tout en fuyant.

M.A.T. / Samia A.

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