Les éleveurs respirent

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La nature change de visage et revêt son manteau vert d’apparat, c’est une métamorphose spectaculaire qui s’est produit grâce aux chutes de pluies répétitives de ce mois d’avril qui ont accéléré le rythme de croissance de l’herbe, une poussée fulgurante favorisée par le climat doux de cette période et l’absence du verglas. L’herbe monte à une vitesse palpable presque visible a l’œil nu, du jour au lendemain, on ne reconnaît plus un champ, un sentier qu’on emprunte le matin à travers champs n’est plus visible le soir, il disparaît sous l’herbe. Tous les témoins sont au…vert concernant la proche campagne de fenaison, ce qui éloigne définitivement le spectre de la pénurie de l’aliment du cheptel pour toute l’année à venir, pourvu que des orages ne viennent pas compromettre la campagne de fenaison qui débuterait dans un peu moins d’un mois, prient les agriculteurs – éleveurs dont le rendement de l’élevage dépend directement du taux de disponibilité du fourrage, foin et paille qui composent l’essentiel de la nourriture du bétail. Ce taux de disponibilité est en quelque sorte le “baromètre” des prix, abondant, le coût d’une bête s’élève, faible celui-ci chute au plus bas niveau, autrement dit, la pluie est le régulateur principal des marchés à bestiaux. Un phénomène qui s’explique par l’absence totale de l’Etat dans ce créneau de l’agriculture, un secteur traversé par plusieurs crises de pénurie aiguës de l’aliment de bétail et/ou les éleveurs se sont retrouvés livrés à eux-mêmes et contraints de débourser jusqu’à 1200 DA une botte de 25kg, et les agriculteurs se retrouvent dans une situation désastreuse, soit se ruiner pour sauver le cheptel, soit céder les bêtes au quart de leur prix au niveau des marchés à bestiaux où les maquignons imposent leur loi et déplument sans vergogne ni état d’âme les éleveurs. Il nous a été donné d’assister dans un passé récent au marché hebdomadaire de M’chedallah à ce genre de transaction où une brebis qui coûtait en temps ordinaire vingt mille dinars est cédée à cinq mille dinars par son propriétaire ou encore une chèvre laitière à deux mille cinq cents dinars, de quoi décourager le plus résistant des éleveurs dont la majorité ont fini par abandonner ce créneau à multiples risques.

Omar Soualah

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