Au-delà de la dénonciation des derniers actes terroristes d’Alger, le premier regroupement républicain, composé de l’ANR, l’UDR et de MDS, a tenu le pari d’organiser son premier meeting public. C’était hier à la Maison du peuple, siège de l’UGTA.
Rédha Malek, Amara Benyounès et Hocine Ali ont dit tout le mal qu’ils pensent du terrorisme intégriste. Devant une assistance venue de plusieurs régions du pays, les trois leaders républicains ont exprimé une vision différente de celles énoncées mardi à la Coupole d’Alger.
En donnant le ton d’une condamnation, d’abord idéologique, aux attentats du 11 avril, Rédha Malek, le président de l’ANR, est revenu au début des années 90, lorsqu’il était au premier plan de la lutte antiterroriste. Pour ne pas réciter sa fameuse phrase » la peur doit changer de camp « , le vieux militant a appelé « les forces vives de ce pays » à se fédérer pour » faire barrage à ceux qui veulent faire plier ce pays « .
Et pour mieux illustrer son idée, le chef de l’ANR a clamé que le rêve de ceux qui pensent faire de l’Algérie un pays en guerre n’aboutira pas. » L’Algérie n’est ni l’Afghanistan, ni l’Irak, ni la Somalie », dira-t-il, avant d’ajouter que » le peuple algérien, qui avait combattu le colonialisme, ne peut s’incliner devant le totalitarisme et les intégristes.
« En somme, Rédha Malek ne voit vraiment pas un Etat républicain sans républicains. »Un Etat républicain sans les républicains conduit vers l’échec « . Là le premier responsable de l’ANR ne s’est pas empêché de dénoncer une alliance entre le pouvoir et les islamistes qui n’a fait, selon lui, que » faire perdre du temps « . Et à Rédha Malek de conclure sur l’alliance qu’il vient de sceller avec ses compagnons du jour. » Si, avec ce qui s’est passé on ne se réveille pas, nous avons vraiment des raisons de désespérer « , conclut-il. Amara Benyounès, le secrétaire général de l’UDR, n’est pas, quant à lui, allé par quatre chemins pour dénoncer, au-delà des actes terroristes, l’intégrisme qui nourrit ce phénomène.
Et il n’y a pas de doute, selon lui, sur l’identité politique des terroristes : » Il s’agit d’un parti qui a décidé d’abattre ce pays « .
L’ex-parti politique, le FIS, n’est donc pas étranger aux attentats de mercredi. Benyounès, qui se réjouit que » maintenant, il y ait un consensus national autour de la dénonciation du terrorisme « , se demande comment Abdelaziz Belkhadem et Louisa Hanoune, tous les deux partisans du contrat de Rome, viennent dénoncer le terrorisme « Où étaient Belkhadem et Hanoune lors de l’attentat du boulevard Amirouche ? « , s’interroge-t-il avant de répondre : » Ils étaient à Saint E’gidio « . Le secrétaire général de l’UDR, qui se félicite de la première alliance entre des partis républicains et qui dit savoir qui tue, refuse de lier le terrorisme à la pauvreté. La raison est simple : le premier terroriste de l’humanité, Oussama Ben Laden, est un milliardaire. Mais pour revenir au passé, Benyounès rend hommage » aux généraux qui avaient arrêté le processus électoral « . » Il ne faut pas nous complexer sur ces questions-là. C’est l’Armée qui a sauvé la République « , dira-t-il avant d’ajouter que » les démocrates qui rêvent d’arriver à El Mouradia sur un char se trompent « . Autrement dit, il n’y a que les élections comme moyen d’arriver au pouvoir.
Et l’alliance entre les trois partis, » qui survivra quels que soient les résultats des élections législatives « , en est une preuve à ses yeux. Mais à la condition que les démocrates aillent voter, parce que » les islamistes, eux, votent « . Hocine Ali, le secrétaire général du MDS, le dernier à intervenir, abondera dans le même sens tout en insistant sur le droit des femmes et la fédération des républicains. En tout cas, et malgré les aléas du vendredi, les trois partis ont tenu promesse, en attendant la campagne électorale.
Ali Boukhlef