Réda Malek et Amara Benyounes, respectivement président de l’Alliance nationale républicaine(ANR) et secrétaire général de l’Union pour la démocratie et de la république (UDR), étaient, dimanche, les invités du Forum des chefs d’entreprise (FCE) au cours duquel ils ont développé de manière claire leurs visions et leurs projets économiques. Dans son allocution inaugurale, Réda Hamiani, le tout nouveau président du FCE, a émis le souhait de voir les futurs députés investir leurs énergies dans le sens de mettre un terme à l’économie informelle et la baisse de la fiscalité. Prenant la parole, Réda Malek a d’emblée lancé avec le sourire : « Votre programme est le nôtre ! « . De son point de vue, l’Etat ne peut pas réussir à lui seul son développement car, dit-il, il faut la mobilisation de la société incarnée par les opérateurs économiques qu’il qualifie de » soldats du développement « . Le président de l’ANR affirme l’obligation de » combattre » cette mentalité qui fait qu’on se » méfie du privé « . » Si on n’avance pas, c’est qu’il y a des freins « , constate-t-il. Plus critique à l’égard du gouvernement, l’intervenant déplore le fait qu’il n y ait pas une gouvernance digne de ce nom. » On ne peut pas proclamer l’économie de marché alors que l’Etat agit de manière plus au moins discrète « , clame-t-il, avant de soutenir mordicus que l’économie de marché subit des » injonctions » en faisant le parallèle avec le multipartisme, qu‘il dit encore inexistant. Au chapitre des écueils, il énumère l’économie informelle, la bureaucratie, le problème de la fiscalité, ainsi que le volet sécuritaire. Pour assurer le développement économique, M.Réda Malek insiste sur le fait qu’il faut réhabiliter la production, l’investissement direct national avec l’impératif que l’Etat joue son rôle. Et de conclure que » l’affaire Khalifa est douloureuse dans le sens où elle a causé beaucoup de mal à l’Etat « .
Même son de cloche chez le patron de l’UDR, avec quelques vérités de taille. Pour planter le décor, il affirme que tout projet économique s’insère dans un projet de société. Selon lui, l’Algérie fait face à deux défis, à savoir le passage d’une économie administrée vers une économie de marché dans laquelle » la règle, c’est la propriété privée tandis que l’exception est la propriété publique « . Le second défi consiste dans le passage d’une économie pétrolière vers une économie productive. A cet effet, il cite l’exemple de l’Algérie qui importe 23 milliards de dollars, au moment où elle exporte un milliard de dollars hors hydrocarbures. Audacieux dans sa vision, Amara Benyounes rappelle l’aspect extrêmement dangereux de l’économie informelle. » Elle est dominée par les islamistes et les intégristes. Nous savons tous que dans l’économie informelle est recyclé l’argent du terrorisme « , révèle-t-il, en prévenant contre la fait que » les décisions politiques sont prises par le pouvoir de l’argent » dans une mise en garde face à une probable intrusion des islamistes, détenteurs de l’argent, aux commandes du pouvoir. N’en restant pas là, l’ancien ministre de la Santé croit voir dans l’industrie touristique la seule alternative, voire la panacée pour doter l’Algérie d’une économie forte. Interrogé sur les investissements directs étrangers, l’orateur soutient qu’aucun pays au monde ne peut se suffire à lui-même. » Je ne comprends pas pourquoi des officiels algériens s’opposent de manière dogmatique à cela « , s’étonne-t-il. Il est allé jusqu’à pourfendre » les opposants à la privatisation dont des syndicalistes farouches, un certain nombre gestionnaires du secteur public et des dogmatiques à trouver parmi les trotskistes et les communistes « . Résumant sa pensée, le SG de l’UDR note que s’il n’y a pas de choc psychologique pour dire qu’il est temps de sortir de l’économie socialiste, le pays ne sortira pas de cette situation. Par ailleurs, la libéralisation du foncier, la réforme du secteur bancaire et le retour au week-end universel sont autant de thèmes avec lesquels le pôle républicain constitué de l’ANR, l’UDR et le MDS de Hocine Ali compte s’investir de plain-pied dans la course électorale.
Hocine Lamriben