“Les dirigants algériens veulent récolter sans avoir semé”

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Aujourd’hui qu’il entraîne la sélection guinéenne, celle-là même qui retrouvera sur son chemin l’équipe nationale algérienne au mois de juin prochain pour le compte de la CAN, ce monsieur qui disait tout haut ce que toute l’équipe pensait tout bas a avoué qu’il aimerait bien refaire l’expérience algérienne, histoire de terminer une carrière au pays des Fennecs.  » Je ne garde que de bons souvenirs « , a –t-il tenu à préciser en prélude de la conférence de presse qu’il a tenue hier à la maison de la presse Tahar-Djaout à l’invitation du trihebdomadaire sportif Echibek. Prié de donner son point de vue sur le football algérien, le coach du onze guinéen a, dans une phrase, résumé le fond de sa pensée : “Les dirigeants algériens veulent récolter sans avoir semé”. Il a relevé l’absence d’une politique à même d’asseoir les véritables fondements pour la relance de la discipline. Car pour celui qui a eu à “subir” cet état de fait, il est inconcevable d’espérer monter une grande équipe nationale en comptant uniquement sur les joueurs évoluant à l’étranger. D’ailleurs, ce constat, dressé par d’autres techniciens émérites, lui a permis de croire que la Guinée est capable de battre les Verts, ici même, à Alger. Il y a tout ce qu’il faut en Algérie pour que le football puisse s’épanouir, hormis cette volonté d’être réalistes et de cesser de ne s’intéresser aux joueurs qu’une fois arrivés en seniors. Or, a-t-il tenu à préciser, c’est dès son jeune âge, qu’un footballeur acquiert les mécanismes et le mental du footballeur professionnel. Une fois arrivé en seniors, il ne reste que la forme physique à entretenir.

Loin d’être un scoop, Nouzaret a mis le doigt sur le problème de la balle ronde algérienne. Centres de formations, suivi et volonté délibérée de servir la discipline au lieu de s’en servir.

Mais pour cet homme qui dit ne point hésiter pour revenir au Mouloudia, force est de souligner qu’il a insisté pour ne point trouver la même ambiance qu’il avait laissée, notamment en ce qui concerne l’environnement immédiat du club qu’il qualifie d’irresponsables. Sinon, le public des Chnaouas qu’il regrette, et le long cheminement qu’il a connu avec le club lui ont laissé des souvenirs indélébiles. Il est évident que Nouzaret devait s’attendre à des questions relatives à la sélection de la Guinée principalement quant on sait que ce onze rencontrera les camarades de Ziani, en juin prochain, dans une rencontre décisive qui déterminera l’heureux qualifié à la prochaine coupe d’Afrique des Nations. A une question relative, justement, à l’état dans lequel se trouvaient les Guineéens à la veille de son arrivée et de son apport pour en faire une équipe tenace, l’ex-sélectionneur du Mouloudia dit n’avoir pas apporté grand-chose en se contentant de faire avec les joueurs en place. L’ossature qu’il a héritée n’a pas subi de changements, dit Nouzaret. Quant à l’équipe algérienne dont il loue les qualités de son coach Cavalli, le conférencier dit déceler chez les joueurs une volonté de réussir le challenge en se basant sur les matches et notamment sur le classement des Vert au tableau général. Une critique tout de même en ce qui concerne le système de compétition auquel il reproche de ne point trouver en finale les meilleures équipes africaines.

Abordant la question lancinante de son expérience avec le Mouloudia sans quoi, la conférence en aurait été insensée, Robert Nouzaret n’a pas ménagé les dirigeants qu’il avoue avoir mis devant leur responsabilité dans le but d’assister ses joueurs.  » Des choses se passaient dans la villa de Chéraga et qui allaient à contre-courant des interets du club « , a lancé Nouzaret en ajoutant qu’il était inadmissible qu’un club sponsorisé par la plus grande compagnie algérienne et disposant d’un public  » en or « , ne puisse pas engendrer des résultats. Raison pour laquelle il faudrait conclure qu’il y avait une volonté délibérée de nuire de la part de certains qui se disaient amoureux du club. La question des infrastructures n’a pas été soulevée par Nouzaret qui a avoué que lorsqu’il était à la barre technique du Mouloudia, les moyens ne manquaient pas.

Il fallait situer le hic au niveau des dirigeants et du président de l’époque qui s’emmêlaient les pinceaux pour raison d’incompétence, a –t-il lancé en ne prenant pas de gants comme à ses habitudes. Faisant le parallèle avec son expérience guinéenne, Robert Nouzaret a avoué qu’il a obtenu tout ce qu’il avait demandé aux responsables des sports de ce pays. Ayant connu les deux cas de figure, des joueurs africains et européens, le conférencier ne cessait de mentionner le caractère peu sérieux des joueurs africains lorsqu’ils sont regroupés dans leur pays d’origine, a-t-il noté pour conclure que le mental reste le plus gros problème des joueurs africains. Un constat qui n’a pas manqué d’être fait tout au long de la conférence et principalement chez les joueurs du Mouloudia qu’il dit, en revanche, déceler en eux d’excellentes potentialités. Et pour terminer, il ne pouvait éluder l’événement de l’Héxagone en avouant avoir donné sa voix au candidat Sarkozy.

Yanis Zafane

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