L’idée-force qui nous anime est celle d’une Algérie résolument moderne arc-boutée sur les valeurs patriotiques, où sera réservé de droit un espace pour une opposition démocratique dotée d’une capacité de proposition et servant de contrepoids au pouvoir. » C’est dans cette logique que le président de l’Alliance nationale républicaine (ANR), Rédha Malek a revendiqué son appartenance au camp républicain, soulignant l’urgence de ménager un passage à l’expression libre des citoyens. Le 17 mai sera à cet égard, selon lui, un test, un banc d’essai crucial car le système actuel réduit l’institution (l’APN) à une façade, une chambre d’enregistrement. » L’heure d’un réveil républicain a sonné « , a-t-il assuré. La relance économique, le chômage, les réformes de l’éducation, de la justice… le traitement de tous ces thèmes sera fonction d’une vision claire de l’avenir et de la volonté politique qui la sous-entend, analyse le président de l’ANR dans une interview accordée au quotidien El-Watan En outre, c’est la nécessité de la transparence dans le choix des hommes, que ce soit au plan des candidatures ou à celui des nominations administratives aux hauts postes et la cessation de la sélection à rebours prônée par le pouvoir, et dans le sens d’une alternative patriotique et républicaine, que Rédha Malek situe l’alliance conclue entre son parti, l’ANR, l’UDR et le MDS. Deux formations qui représentent » un potentiel républicain à actualiser « , selon l’orateur. » Depuis juillet dernier, I’ANR, l’UDR et le MDS travaillent à une coordination républicaine « , a-t-il révélé, en ajoutant que les provocations terroristes du 11 avril n’ont fait que souligner l’urgence.
L’orateur paraît optimiste quant à la question du leadership et à la pérennisation de cette alliance car, pour lui, si les trois partis maintiennent une approche consensuelle sur la plupart des problèmes, il n’y aura aucune raison de succomber au virus du » zaïmisme » et dont il affirme, en réaction aux appels pour la création d’un rassemblement démocratique, qu’elle n’est qu’un segment de la mouvance démocratique car selon lui, il est certain qu’une convergence sera au rendez-vous, sous l’effet d’une dynamique dont cette alliance, constitue le premier pas.
Et c’est dans ce sens qu’il plaide pour l’union de toutes les forces de progrès, patriotes, républicains, démocrates, mouvements associatifs pour, a-t-il dit, » faire face aux dangers qui s’accumulent devant nous. » Il a critiqué le régime politique actuel, incarné par le président Bouteflika, qu’il accuse de manque de concertation, de concentration excessive des pouvoirs, qui vide les institutions de leur finalité d’esprit courtisan qui remplace le devoir de responsabilité, ainsi que de dénis de justice, d’abus bureaucratiques devenus quasi-courants, de régionalisme à courte vue, une certaine insécurité législative qui trouve sa source dans le chevauchement des lois et parfois leurs heurts. » L’Etat se fait, dans (notre) cas, analyse-t-il, l’otage d’une forme de populisme aggravé : le populisme islamo-conservateur, c’est-à-dire un mélange instable d’obscurantisme doucereux et de débris sans âme du parti unique ». Rédha Malek évoque trois raisons qui, dans le discours politique officiel, évacue la question de l’islamisme politique lorsqu’il évoque la lutte antiterroriste. D’abord, une crainte quasi-révérencielle vis-à-vis de tout ce qui touche à la religion. Ensuite, la volonté d’apparaître plus musulman que les intégristes, et donc de les concurrencer sur leur propre terrain. Enfin, le projet tactique consistant à isoler le terrorisme en récupérant I’intégrisme » modéré « . « S’attaquer en premier, au plan sécuritaire, et faire l’impasse sur le second et, le discours qui l’engendre constituent une politique de demi-mesures, de compromis qui arrange en définitive, l’intégrisme et en favorise l’entrisme « , a-t-il soutenu. D’après lui, cette récurrence, ces retours de flamme du terrorisme malgré les coups qui lui sont portés mais aussi l’affaiblissement de I’Etat et le piétinement de la modernité sont dûs à cette politique. » Une fois l’intégrisme dans la place, il sera difficile de l’en déloger « , a averti le président de l’ANR.
Yassine Mohellebi