Les capacités nationales pour pratiquer l’angioplastie, une opération chirurgicale consistant à réparer ou à remodeler un vaisseau bouché à l’effet de le désobstruer, évitant ainsi l’infarctus du myocarde au malade est une technique ayant fait ses preuves ainsi qu’une alternative à la chirurgie classique dans le domaine de la cardiologie, sont réduites et insuffisante. C’est là le diagnostic prononcé hier par des praticiens présents aux 19ème entretiens cardiologiques de Aïn Naadja, à l’Ecole nationale de santé militaire.
Le professeur Rachid Bougherbal qui a mis à nu les lacunes que connaît notre pays en matière d’angioplastie qui, faut-il le souligner, nécessite des structures hautement équipées, a longuement plaidé pour la mise en place d’un plan national de structures spécialisées en cardiologie étalé dans la durée avec une meilleure répartition géographique. Tout en reconnaissant que l’Algérie est très loin du compte en ce qui concerne tous les types de lésions, complexes et à haut risque, le Pr Bougherbal a également tiré la sonnette d’alarme quant au nombre très insuffisant de cardiologues au niveau national et en particulier les angioplasticiens et les paramédicaux.
Dans sa tentative de trouver des solutions afin de pallier à cette situation jugée dramatique, le professeur proposera la création de DES (diplôme d’études spécialisées) en cardiologie interventionnelle ainsi qu’une formation de médecins hautement qualifiés et estimera que l’ouverture de salles équipées pour ce type de chirurgie de pointe sans qu’il n’y ait un personnel adéquat est tout simplement inutile.
Toujours sur sa lancée, l’orateur a par ailleurs, plaidé fermement pour la mise en place d’un réseau pour l’urgence, afin de privilégier le diagnostic précoce, car évaluera-t-il, un malade sur deux, subit une angioplastie après infarctus du myocarde.
En termes de chiffres qui demeurent très en deçà des attentes et des besoins de la population, les praticiens ont avancé qu’en 2006, plus de 2 200 coronarographies et 658 angioplasties ont été pratiquées dans le secteur public alors que le secteur privé a procédé, durant la même année, à 1 862 coronarographies et 1 011 angioplasties.
Abondant dans ce sens, le Pr Kheireddine Merad, du CHU Mustapha-Pacha, insistera de son côté, sur la nécessité de promouvoir l’angioplastie primaire (avant l’infarctus du myocarde), peu encouragée en Algérie, notamment en raison du nombre insuffisant de structures et cardiologues spécialisés, et lancera un appel à l’adresse des pouvoirs publics pour multiplier les salles de cathéters et garantir un approvisionnement régulier en consommables.
Il étayera ses propos par les pénuries de consommables de plusieurs mois (entre 6 et 8 mois) qui ont été signalées ces derniers temps dans plusieurs structures hospitalières et ajoutera qu’une moyenne annuelle de 800 coronarographies et 400 angioplasties est le seuil minimum pour satisfaire les besoins nationaux, tout en soulignant qu’il ne faut pas toutefois se précipiter vers l’angioplastie qui n’est pas toujours plus appropriée que le traitement médicamenteux.
H. Hayet
