De Grenoble, Said Taleb
La France s’est couchée tard ce dimanche. Il y avait des larmes certes, mais tout le monde n’a pas pleuré pour les mêmes raisons. Il y avait des larmes de joie et celles de la déception et de l’échec. Les uns ont fait la fête jusqu’au matin, les autres se sont regroupés pour partager le même sentiment de tristesse devant cette défaite de leur candidate.
Avant l’annonce des résultats à vingt heures, beaucoup savaient déjà que le nom du futur locataire du palais de l’Elysée est Nicolas Sarkozy. 3, 2, 1… il est vingt heures : Nicolas Sarkozy est le sixième président de la Ve République française. A droite, c’est la fête, à gauche, c’est la déception. Ici, à Grenoble, comme nous l’avons écrit dans notre précédente édition, le parti socialiste l’a toujours emporté sur la droite.
C’est Ségolène Royal qui a eu la majorité des voix des grenoblois avec 58 % des suffrages exprimés. L’annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy a déçu de nombreux jeunes qui se sont regroupés aux environs de 21 hau centre-ville. Ces derniers ont essayé de gagner le siège de L’UMP (le parti que dirige Nicolas Sarkozy).
Mais un important cordon de police leur a barré le passage. Les affrontements entre les manifestants anti-Sarkozy et les forces de l’ordre, qui ont tiré des grenades lacrymogènes dans l’espoir de faire disperser la foule, ont duré plus d’une heure. Tard dans la soirée, nous avons appris qu’une dizaine de voitures ont été incendiées et un sinistre a été évité de justesse dans une école après l’intervention rapide des pompiers. Lundi matin. C’est le premier jour de la semaine, mais, on a l’impression que c’est le week-end. Beaucoup ont préféré faire le pont puisque ce mardi 8 mai est une journée fériée. Peu de monde dans les transports en commun. Pas de bousculades au centre-ville. Les journaux se sont vendus comme de petits pains ce matin. Pierre ne cache pas sa déception. Il a voté pour Ségolène Royal. « J’ai du mal à croire encore que nous allons encore passer cinq ans sous le règne de la droite », dit-il. Ce lundi matin, tous les journaux ont consacré leur Une à cette victoire de Sarkozy, même si chacun analyse selon sa ligne éditoriale. Le Figaro qui a consacré toute la Une à une photo de l’actuel successeur de Chirac a écrit » avec 52,7% des suffrages exprimés, Nicolas Sarkozy a remporté une victoire historique, plus haut score d’un candidat de droite face à la gauche depuis de Gaulle. Le taux de participation a atteint un niveau exceptionnel. « .
Dans son éditorial, ce journal proche de la droite écrit » quelle victoire, quel souffle ! L’élection magistrale de Nicolas Sarkozy est certainement de celles qui marqueront durablement l’histoire du pays.
D’abord pour la longue succession de records qu’elle vient de couronner : une campagne exceptionnelle active et disputée, une participation massive au premier et second tour, et par-dessus tout un score jamais atteint face à la gauche depuis le général de Gaulle « . L’Humanité a écrit en gros caractères sur sa Une : Le choc. Pour ce journal fondé par Jean Jaurès, un leader de gauche qui a été souvent cité durant cette campagne, même par Nicolas Sarkozy, » la droite dure entre à l’Elysée. Une catastrophe pour les salariés et les jeunes, un grave échec pour la gauche. » L’Humanité écrit que » les législatives doivent être un sursaut des forces progressistes « . D’ailleurs la citation du jour de ce quotidien n’a pas été choisie par pur hasard » le mot résister doit toujours se conjuguer au présent « . Dans son éditorial, l’Humanité écrit » le boulet avait sifflé très fort au soir du premier tour. Le second tour a emporté l’espoir de faire barrage à Nicolas Sarkozy. Avec plus de 53%, la victoire de la droite est sans appel. Une droite dure, ultralibérale, revancharde qui n’a pas hésité à revendiquer les thèmes de l’extrême droite, entre à l’Elysée….. C’est un choc, une bien mauvaise nouvelle, difficile à avaler. » Le quotidien de l’économie » Les Echos » titre : Sarkozy président : une large majorité pour réformer le pays en profondeur. De son côté, le quotidien Libération qui a consacré toute la Une à une photo du nouveau président, titre » Dur… » avant de préciser dans son éditorial : » il reviendra le temps des cerises mais d’abord l’émotion, la tristesse devant cette défaite. La déception est grande après tant de ferveur, tant de passion, tant d’espoir dans le renouveau….Les valeurs de la compétition l’emportent. Mais, les valeurs de solidarité et de justice demeurent. Sur ce socle, on peut construire. Le temps des cerises reviendra. Dans l’immédiat, c’est le temps des noyaux. Courage », conclu l’éditorialiste de » Libé « .
Ce journal a rappelé les nombreuses promesses de Nicolas Sarkozy durant sa compagne électorale. Des promesses que ce dernier a promis de tenir, lors de son discours prononcé devant des milliers de militants à la Place de la Concorde à Paris. Pour l’instant, Nicolas Sarkozy va se retirer, comme il l’a laissé entendre, pour faire une pause et se préparer à ses nouvelles responsabilités. Quant au parti socialiste, passés les moments de déception et de tristesse, l’heure est au bilan même si ça et là on parle de règlements de comptes….
S. T.