Bouteflika ménage Sarkozy

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Abdelaziz Bouteflika n’a pas dérogé à la règle. Le président de la République a envoyé un message aux Algériens à l’occasion du 62eme anniversaire des évènements du 8 Mai-1945. Mais contrairement à l’année précédente, le chef de l’Etat, actualité politique française oblige, a ménagé le nouveau président français, Nicolas Sarkozy.

Tout en appellant les Algériens à un devoir de mémoire, le chef de l’Etat ne parle plus de repentance, mais bien plus loin, il rappelle que « nous ne devons pas voir le présent et l’avenir seulement avec les yeux d’un passé traumatisant. En deux générations d’indépendance, notre pays a pansé la plupart de ses blessures et pour l’essentiel, il est sorti de la nuit coloniale.  » Et pour répondre du tac au tac au nouveau chef de l’Etat français, sans le citer, Abdelaziz Bouteflika indique que  » notre peuple tente de nouer avec les autres peuples du monde, et notamment ceux de l’espace méditerranéen, des rapports de partenariat fondés sur le respect mutuel et les intérêts partagés.  » L’allusion aux déclarations de Nicolas Sarkozy sur la création d’une union méditerranéenne. Mais le Président reste prudent, puisque, dit-il :  » S’il est incontestable qu’aujourd’hui nous vivons davantage à l’heure des solidarités du futur, rendues incontournables par la proximité géographique qu’à celles des antagonismes engendrés par la domination coloniale, il n’en demeure pas moins que nos relations avec notre ancien colonisateur restent marquées par les séquelles de cette domination. « 

Pour le reste, le message du Président est consacré au souvenir du 8 Mai-1945, date symbolique de la répression contre le peuple algérien et il en rappelle quelques faits : « Pendant des semaines, rien ne sera épargné à une population désarmée, ni les bombardements par l’aviation et la marine de guerre, ni les exécutions sommaires, ni la chasses à l’homme, ni même les fours à chaux d’Héliopolis.  » Cette féroce campagne de terreur d’Etat fit des dizaines de milliers de victimes qu’aucune comptabilité macabre n’arrivera jamais à dénombrer avec exactitude, même si notre mémoire nationale a retenu le nombre symbolique de 45 000 morts. « , écrit le chef de l’Etat dans sa missive, avant de qualifier ce qui s’est passé de  » l’un des plus grands crimes d’Etat de l’époque contemporaine.”

Ali Boukhlef

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