Show mystico-populiste de Hamas

Partager

Démesurément excité devant le pupitre qui attendait les rhétoriques de Bouguerrra Soltani à Errich, le chauffeur de salle du Hamas s’en donnait à cœur joie devant un public acquis au discours du chef du parti. Il ira même du côté des deux Printemps kabyles chercher « Ass-a, Azekka tamazight tella, tella « , slogan cher à la région, pour servir un  » Ass-a, azekka, Hamas, yella, yella ! « . Bouguerra apparaît.

L’excitation atteint son paroxysme jusqu’à la confondre avec une transe collective.

Après les  » ayat biyinat  » qui se passeront de qassamen, le deuxième de liste prend la parole en premier pour dire qu’il considère le pouvoir comme une ‘’ibada (un acte de foi)’’. On n’est pas loin du fameux ‘’touhasibouna âala aswatikoum” (Dieu vous interrogera à propos de vos voix).

C’est ce que suggérera, à peu de chose près, un membre du conseil national en disant carrément qu’une voix équivaut à une ‘’chahada’’ (profession de foi). Il soulignera aussi que les candidats de Bouira n’ont pas été parachutés d’en haut. Et toc pour le FLN de la coalition ! Le même responsable du Hamas et après avoir servi à la salle ‘’Bouira el moudjahida’’ et autres caresses allant dans le sens des poils de la barbe, invitera les candidats de la wilaya à le rejoindre. Et là, c’est le clou du show : les candidats prêteront en chœur serment devant Dieu et les militants du Hamas.

Jusque-là, la salle assistait à un spectacle, sorte de Star Ac. politico-religieux. Et arrive le tour de Bouguerra Soltani. Les youyous fusent de la rangée droite réservée exclusivement aux femmes. L’orateur axera son intervention sur le ‘’fasad’’, un concept générique qui veut dire dépravation. Du générique, il passe aux généralités, avant de s’étonner que l’on parle encore de  » projet de société « . Pour le chef du Hamas, la question a été réglée en 1936. Et il enverra tout le monde à  » chaâb el djazair mouslimoun…  » de Ibn Badis et aux résolutions du Premier Novembre.

Le cheikh, tête de client oblige, rappellera que Ibn Badis était amazigh. Il concèdera même, en parlant des constantes nationales, la dimension berbère de l’Algérie. Une dimension qui, même s’il ne le dit pas, il la voudrait folklorique. Il déterrera pour la circonstance la civilisation antique de l’Egypte pour dire que “eux, les Egyptiens se reconnaissent dans l’islam et l’arabité « . Pour le cheikh, le projet de société est un faux sujet. Ce qui importe, et c’est ce dont il ne parlera pas lors de son intervention, est le programme à même d’assurer le développement économique. La Kabylie sera aussi un sujet abordé. A ce propos, il réitèrera la formule non-sens : “la Kabylie est une partie intégrante de l’Algérie”.

Il aura même un mot pour le mouvement des aârchs qui l’aurait reçu et qui lui aurait assuré que le Mouvement citoyen tient à l’unité nationale et à l’Islam. Et le cheikh leur aurait répondu que dans ce cas il partage leur combat. Autrement dit, Bouguerra Soltani est, quelque part un délégué des ârchs, la question est de savoir s’il est délégué authentique.

T. O. A.

Partager