»Je n’ai rien à partager avec Belkhadem »

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Incisif, convaincant. Amara Benyounès a, lors du meeting tenu avant-hier à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, rétabli certaines vérités politiques mais il a surtout insisté sur la nécessité de développer l’économie, seul secteur à même de garantir la stabilité politique et sociale de la Kabylie.

Partant d’un cadre national avant d’atterrir sur le terrain régional, Amara Benyounès a exposé, face à une assistance essentiellement jeune, les grandes lignes du programme électoral qui sera porté vers l’Assemblée nationale par les candidats du pôle républicain constitué par l’UDR, l’ANR et le MDS de Hocine Ali.

Développant un discours pragmatique, le secrétaire général de l’UDR n’a pas emprunté plusieurs chemins pour orienter ses propos sur les thèmes brûlants de l’actualité locale, nationale, mais aussi internationale.

L’Alliance présidentielle est qualifiée d’alliance de tous les présidents en rapport à leur obsession de se maintenir dans les sphères du pouvoir. Celle-ci, selon l’orateur, est censée présenter le bilan des dix années passées au pouvoir avant qu’elle ne se mette à leurrer par un programme qu’elle n’a pas osé appliquer.

Battant en brèche les récurrentes déclarations des trois leaders de l’Alliance sur l’issue du scrutin législatif, où l’un et l’autre se targuent d’un score à même de les situer en seuls vainqueurs. Saisissant l’occasion pour tirer à boulets rouges sur le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, avec lequel l’orateur déclare ne rien partager. Et de préciser qu’il préfère être élu par ses militants dans une cabine téléphonique que d’être désigné à minuit par un juge. Allusion faite à la désignation de Belkhadem à la tête du FLN après un putsch de redressement que le parti avait subi. Et d’enchaîner que personne ne peut lui interdire de faire de la politique, et que l’agrément lui a été délivré par l’officier de l’armée coloniale qui a tiré une balle dans la tête de son père un certain 16 mars 1961.

Il déclare sans ambages être un irréductible éradicateur au service de la République et que les derniers attentats perpétrés à Alger sont l’œuvre de terroristes islamistes affiliés à El Quaida. A ce propos, M. Benyounès n’a pas été du tout tendre à l’égard de la secrétaire générale du PT, qui a cherché à innocenter les auteurs de l’attentat en qualifiant l’acte criminel d’œuvre des Américains. Avant de s’interroger en guise de rappel « où étaient-ils lorsqu’une bombe a tué 43 Algériens et blessé plus de 200 autres au boulevard Amirouche en 1995 ? »

Sur un autre registre, Amara Benyounès lance le défi à ses amis d’hier de tenir un duel public dans un lieu à leur convenance et de faire leur déclaration de patrimoine depuis 1989 à 2007. « Ceux qui m’accusent d’avoir volé lorsque j’étais ministre n’ont qu’à m’affronter publiquement sur un plateau de télévision, ici même dans cette salle de la Maison de la culture ou au stade, et de dire au public qui a quoi.  » Alors qu’un dirigeant politique de la région qui prétend combattre la corruption bataille depuis des années pour accaparer le siège de la Protection civile situe au centre-ville de Tizi-Ouzou.

Comme il met en exergue le déchaînement de ces gens-là contre Lounis Aït Menguellet, Hocine Ait Ahmed, Ferhat Mehenni, Moh Chérif Hannachi avec une exception, le cas Matoub Lounès, empêchant sa mère, sa sœur et sa veuve de réclamer la vérité sur son assassinat. « Je suis convaincu que c’est le GIA qui a tué Matoub, mais cela n’empêche pas sa famille d’avoir le droit de réclamer une commission d’enquête comme cela fut pour l’assassinat de Boudiaf. Je ne comprends pas pourquoi soutenir la constitution d’une commission d’enquête pour l’un et combattre celle réclamée par l’autre. Nous n’avons pas à verser dans le deux poids deux mesures ».

L’ex-ministre est revenu ensuite sur l’impératif développement socioéconomique de la région de Kabylie, seule voie pouvant stopper l’érosion sociale avant de critiquer fermement les chiffres officiels avancés sur le taux de chômage. La réussite sous d’autres cieux n’est plus possible, son propos est étayé par la montée de la droite dans quasiment tous les pays européens, notamment en France avec l’élection de Nicolas Sarkozy dimanche dernier, nos jeunes n’ont plus l’espoir de pouvoir dénicher le visa et partir travailler ailleurs, d’où il est urgent et impératif de développer le secteur économique ici en Algérie et créer des emplois.

Comme pour rassurer les citoyens qui se reconnaissent dans le courant démocratique, M. Benyounès précisera que la naissance du pôle républicain n’est aucunement conjoncturelle. Elle ira au-delà des élections législatives, cette initiative a toutes les chances d’aboutir pour l’unique raison qu’elle a évacué la culture de leadership, qui a empoisonné par le passé toute tentative de regroupement des démocrates, reconnaissant au passage sa part de responsabilité, mais se refuse à s’entêter dans l’erreur.

Khaled Zahem

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