Beau temps et grands travaux

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Avec l’arrivée progressive de l’été et le retour du beau temps, les agriculteurs se préparent aux travaux des champs et affûtent leurs outils avec des gestes ancestraux, qui n’ont pas connu de grands changements mis à part la disparition des forgerons pour la réparation ou la fabrication des outils nécessaires aux paysans, tels que les pioches, binettes, faux et faucilles utilisés pour les travaux agricoles.

Les pioches et binettes servent au désherbage et au retournement de la terre autour des arbres, en particulier l’olivier, la vigne ou le figuier qui composent 90% de l’arboriculture en montagne.

Une fois l’entretien des arbres terminé, les agriculteurs s’attelleront tout de suite après au fauchage et au bottelage. Et si pour le bottelage, on fait appel à des moyens mécaniques modernes (botteleuses) pour le fauchage, par contre, on utilise aujourd’hui les mêmes outils utilisés par nos aieux : la faux et faucille, et cela en raison de la nature des terrains en montagne accidentés et inaccessibles aux faucheuses ou moissonneuses. Le fauchage manuel est l’opération la plus pénible de la saison. Les agriculteurs-éleveurs d’ovins doivent en parallèle procéder à la délicate opération de tonte qui consiste à débarrasser les ovins de leurs laines avant l’arrivée des grandes chaleurs, mais après s’être assurés qu’il n’y a pas de risque de retour brusque du froid. Mais avec le décalage des saisons on observe ces dernières années les prévisions bouleversées d’une météo capricieuse. Notons que faute d’innovation dans le domaine (tonte), du moins localement, l’outil utilisé est toujours le même : soit des ciseaux, ce qui prend énormément de temps pour ceux qui ont des troupeaux de plusieurs têtes ; les plus agiles et ceux “ayant la main” arrivent à tondre quatre à cinq bêtes maximum par jour. Dans des pays avancés tel que l’Australie les chercheurs ont crée des “tondeuses électriques” très efficaces car moins pénibles et sans risques pour la bête ; par contre avec les ciseaux utilisées chez nous, il suffirait d’un moment d’inattention et la malheureuse bête serait éventrée ou largement déchirée quand elle sursaute brusquement. On s’attaque au nettoyage des bergeries, enclos et étables en les débarrassant du fumier accumulé durant tout l’hiver ; ce fumier qui est un engrais très recherché car naturel ne contenant aucun produit chimique, est vendu aux jardiniers pour qu’il soit éparpillé dans les champs quelques jours seulement avant les labours.

Et la modeste vie de nos braves agriculteurs continue péniblement son bout de chemin et suit son cours des plus précaires dans l’anonymat et l’indifférence totale des officiels détenteurs de tous les moyens nécessaires pour l’amélioration des conditions de vie de ces montagnards qui composent 80% de la population de la Kabylie.

Même si des projets ambitieux ont été retenus et mis en exécution, le manque d’un suivi rigoureux sur le terrain a fait qu’aucun de ces projets destinés aux agriculteurs en montagne, n’a été mené à terme, malgré les quelques enveloppes colossales dégagées qui ne sont pas parvenues aux bénéficiaires.

Omar Soualah

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