Menace sur la source de Agouni n’Bouzid

Partager

La demande d’inscription de ce projet, formulée par l’APC, a été retenue et accordée par les services compétents de la wilaya de Bouira.

Est-ce l’unique solution pour alimenter un village au trois quarts abandonné par ses habitants et voué à une délocalisation obligatoire en raison des multiples contraintes et dangers qui le menace (le village) ? Au volet contrainte, c’est d’abord la situation juridique de son terrain qui est inclu à l’intérieur du périmètre relevant du PND (Parc national de Djurdjura), ensuite, c’est sa construction anarchique en grappe de raisins avec une unique voie centrale très étroite, ce qui exclut toute possibilité d’aménagement de voiries et surtout d’assainissement, chose qui contraint le reste des villageois à recourir à savoir l’aménagement de fosses septiques individuelles qui sont à l’origine de la pollution de toutes les sources situées en amont du village perché à plus de 1 500 m d’altitude.

Les habitants souffrant le martyre chaque hiver en raison du climat exceptionnel, rude qui y sévit se retrouvent bien souvent bloqués durant plusieurs jours après chaque tempête de neige en ces lieux.

Aucun de leurs enfants ne peut suivre son cursus scolaire normalement car interrompu à intervalles réguliers, d’où le taux de déperdition scolaire le plus élevé à l’échelle de la daïra de M’Chedallah. Sur le volet danger, d’énormes rochers surplombant ce village, peuvent se détacher à tout moment, les terres retenant ces pans entiers de la montagne sont souvent emportées par l’érosion, ce qui a achevé de dénuder la base de ces rochers que maintient un équilibre précaire, il suffirait d’une petite secousse tellurique de moyenne densité et l’irréparable se produirait.

Ce tour d’horizon, décrivant l’actuelle situation de ce village, est destiné à démontrer et souligner l’absurdité de ce projet d’AEP sur une distance de plus de quatre kilomètres à travers un terrain rocailleux et le plus accidenté de toute la région de M’chedallah.

Combien nécessiterait le financement de ce projet sur un tel terrain et sur une aussi longue distance ? Ensuite, une prospection à la périphérie de ce village et dans ses environs en aval (côté supérieur) permettrait de localiser une multitude de sources dont les débits individuels seront largement suffisants pour l’alimentation de ce village en eau potable, tel l’ainsar Guidaouen (source des singes) à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau en bordure de la RN 30 qui surplombe Imazdhourar. Il suffirait d’un château d’eau et le problème de l’eau potable du village serait définitivement réglé avec seulement le tiers de l’enveloppe initiale.

Cela permettra de préserver la source d’Agouni n’Bouzid (Tizi n’Koulal) à des fins touristiques, et surtout d’abreuvoir naturel sur plusieurs kilomètres au cheptel. En effet, son cours d’eau emprunte un ravin en pente douce où les troupeaux ovins se désaltèrent le long de ce cours, ensuite les lieux où a jailli cette source-miracle, un don du ciel qui a transformé ces hauteurs arides en un coin paradisiaque. Le paysage, le climat et le panorama de Tizi n’Kouilal qui n’est qu’un prolongement de Tikjda vers l’Est est en matière de beauté pour le nord du Maghreb ce qu’est le Tassili et le Hoggar pour le sud du même Maghreb.

Tizi n’Kouilal en l’amputant de cette source s’apparenterait à un… crime écologique, touristique. Et si on reconvertit l’argent destiné à ce projet de captage en projet d’aménagement de ce site ?

Ce coin deviendrait un véritable filon d’or pour le tourisme et l’économie avec l’inscription de la deuxième tranche du projet de modernisation de la RN 30 dont la première tranche est en voie d’achèvement !

Avec l’actuelle manne financière du pays, dont une partie est engagée pour l’aménagement et le développement du territoire, il est permis de voir grand au lieu de se focaliser sur du rafistolage et des projets qui ne sont réellement que des… menus travaux, loin de contribuer au développement de la Kabylie qui accuse un grand retard comparée aux régions limitrophes.

Omar Soualah

Partager